La 5e édition du FIFAC (Festival international du Film documentaire Amazonie-Caraïbes) se tiendra du 10 au 14 octobre 2023 à Saint-Laurent-du-Maroni en Guyane. À cette occasion, les chaînes du Réseau La 1ère se mobilisent pour proposer une programmation de six documentaires en compétition lors de l'édition 2022.
Paroles de nègres - Lundi 09 octobre à 00h00
À Marie-Galante, petite île posée au large de la Guadeloupe, la canne façonne toujours le destin des hommes et le sucre se fabrique encore avec leur sueur et dans le fracas des machines. Vouant toutes leurs forces et leurs espoirs à la survie de leur vieille usine sucrière à bout de souffle, les travailleurs de Grand-Anse prêtent, le temps d’un film, leur voix aux paroles oubliées de leurs ancêtres esclaves venus témoigner au procès de leur maître en 1842. Ils redonnent vie et sens à cette mémoire qui fait partie d’eux et forge leur présent. Et bientôt, reconnectée à une identité collective, c’est leur propre voix qui s’élève : contre l’effacement et l’oubli, les vivants d’aujourd’hui rompent le silence des nègres.
Le film dresse une vision épique du travail des hommes de Grand-Anse pour mieux approcher leur humanité, leur identité.
78 min • Réalisation Sylvaine Dampierre • Production Athénaïse Production (France - Guadeloupe) • 2020
Del otro lado - Mardi 10 Octobre à 21h00
GRAND PRIX FIFAC 2022 / FRANCE TÉLÉVISIONS MEILLEUR DOCUMENTAIRE
Deux frères décident de partir à la recherche des membres des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) qui ont gardé leur mère en captivité pendant deux ans. Avant sa mort, elle a pardonné à ses ravisseurs, ce qui a amené les deux frères à se demander s’ils pouvaient aussi pardonner, s’ils pouvaient trouver et parler aux guérilleros qui la gardaient. À l’aide du journal qu’elle avait été autorisée à écrire lors de sa captivité, ils repèrent des lieux, déchiffrent des noms et entament un voyage à travers jungles et montagnes sur les traces de la douleur de leur mère, mais aussi le chemin du pardon.
116 min • Réalisation Iván Guarnizo • Production Gusano Films (Colombie) • 2021
Wani - Mercredi 11 octobre à 22h50
PRIX DU PUBLIC MEILLEUR DOCUMENTAIRE (LONG-MÉTRAGE) - FIFAC 2022
Wani Doudou est plombier sur le fleuve du Haut-Maroni en Guyane française. Depuis que son père, le chef coutumier de la communauté est décédé, il ressent un vide existentiel. Mais son père lui a transmis un précieux savoir : celui du tambour traditionnel, utilisé pour les levées de deuil. Malgré sa perdition, quand un villageois meurt, Wani, accompagné du tambour que son père lui a légué, s’engage activement dans la cérémonie du Puu Baaka, la levée de deuil. Parcourant le fleuve et la forêt sauvage, il ne cesse d’être habité par l’esprit de son défunt père.
52 min • Réalisation Nicolas Pradl et Kerth Agouinti • Production 5°Nord Productions, Y.N Productions et La Cuisine aux Images (France - Guyane) • 2022
Zo Reken - mercredi 11 octobre à 22.00
Zo reken (« os de requin ») est le surnom donné en Haïti au Toyota Land Cruiser, véhicule tout-terrain puissant, très prisé des organisations humanitaires internationales omniprésentes dans le pays depuis le séisme de 2010. Dix ans plus tard, dans un pays en ébullition et plus bloqué que jamais, un zo reken est détourné de son usage habituel pour devenir un espace mobile de rencontres et de discussions entre Haïtien.ne.s. Plus aucun.e travailleur.se humanitaire étranger.ère ne peut monter à bord. Le chauffeur mène la conversation avec ses passager.ère.s, tou. te.s citoyen.ne.s de Port-au-Prince, pendant qu’il tente de se frayer un chemin entre les barricades et les manifestations. On parle de l’état du pays, de néocolonialisme et d’aide humanitaire, et la colère monte : contre le président en place qui a perdu la confiance de la population, contre les promesses d’aide non tenues de la communauté internationale, et contre la violence que subissent les plus vulnérables. Zo reken est un road movie et une machine à faire parler.
76 min • Réalisation Emmanuel Licha • Production Les Films du 3 Mars (Canada - Toronto) • 2021
Au nom de nos ancêtres, esclaves et négociants - jeudi 12 octobre à 23.05
Aurélie Bambuck, fille de deux champions d'athlétisme originaires des Antilles, veut en savoir plus sur ses « branches taboues », celles mentionnant des ancêtres esclaves. En évoquant ses racines, ses parents ne sont jamais remontés jusqu’en Afrique. Ils lui parlaient des Indiens caraïbes, les premiers habitants de leurs îles, mais refaire la traversée de l’Atlantique dans l’autre sens était tabou. En interrogeant son père sur son premier voyage de sportif en Afrique, la jeune femme se rend compte qu’« être considéré comme descendant d’esclaves était une honte ». Lorsqu'il participe aux Jeux de l'amitié en 1963 à Dakar, au Sénégal, son père n’a pas eu conscience d’être sur la terre de ses ancêtres.
Axelle Balguerie partage le tabou et la honte vécue par ses parents alors que ses ancêtres n’étaient pas du côté des exploités, mais des exploitants : négociants, armateurs, négriers. Elle subit aujourd’hui cet héritage dans un monde qui demande des comptes. On lui reproche des crimes passés dont elle n’est pas responsable, on la pense riche héritière d’une fortune née de l’exploitation de l’homme par l’homme.
Loin du règlement de comptes, les deux femmes font face ensemble à leur passé commun et jettent les bases d’une mémoire plus apaisée. Entre Bordeaux et les Antilles, les deux descendantes vont donner une âme à une histoire tragique. Elles expliquent à leurs enfants et aux jeunes générations comment le passé peut rester présent sans compromettre leur avenir. Aidées dans leur quête par des généalogistes, des historiens, des chercheurs qui leur permettent de redonner une âme à des statistiques tragiques et de dessiner un tableau tout en nuances.
Présenté sous forme de dialogue entre deux représentantes d'une même histoire, ce documentaire permet d'apporter un éclairage sur ces vies cachées et/ou oubliées qui participent à l'histoire de la France. Quand le parcours de mémoire se transforme en chemin vers la réconciliation.
52 min • Réalisation Aurélie Bambuck • Production Enfant Sauvage et Day for Night, avec la participation de France Télévisions (France - Martinique) • 2022
Les passagers du pont - vendredi 13 octobre à 23.15
Le 6 septembre 2017, Saint-Martin est dévasté par l'ouragan Irma, un cyclone de force 5. L'île est détruite. Quatre ans après, la réalisatrice guadeloupéenne Mariette Monpierre est partie à la rencontre de deux hommes que tout oppose, venant de deux quartiers de la commune de Marigot séparés par un pont. D’un côté, les hôtels quatre étoiles, de l’autre une population modeste et principalement noire. Jérémy, ancien délinquant, et Patrice, propriétaire de l’un des plus beaux hôtels, vont tenter de reconstruire l’île. Un lien très fort se crée. Une solidarité spontanée et inattendue s’installe entre ces deux inconnus que rien au monde n’aurait amené à se rencontrer si ce n’était Irma. Ils décident de se battre et de travailler ensemble. Malgré leurs différences, ils se font une promesse, celle de s’aider pour s’en sortir.
Quel est le nouveau visage de ce Saint-Martin qui tente de renaître ? Et que veut dire être Saint-Martinois, avant et après Irma ? Autant de questions auxquelles le film cherche des réponses dans le Saint-Martin d’aujourd’hui.
52 min • Réalisation Mariette Monpierre • Production Riddim Production et 360° Productions FWI (France - Guadeloupe) • 2022