France 2 diffusera le 22 novembre à 21.10 le film Je suis né à 17 ans, réalisé par Julien Séri et adapté du livre du même nom coécrit par Thierry Beccaro et Jean-Philippe Zappa.
Nous avons pu nous entretenir avec Thierry Beccaro, qui interprète son propre rôle dans cette fiction adaptée de son histoire.
Vous avez déjà partagé votre histoire dans un livre, comment avez-vous appréhendé le fait que cette fois vous ne seriez pas le seul à avoir un “droit de regard” sur la manière dont elle allait être racontée ?
Je vais vous faire sourire sur un thème qui est assez sérieux, mais j’en ai fait voir de toutes les couleurs à mon producteur. Il m’appelait en ayant une seule peur : que je n’ai pas aimé le scénario [de François-Olivier Rousseau – ndlr]. J’ai mis une semaine à le lire car j’avais le trac ; je me demandais comment avait été traité le sujet. Très vite, j’ai été rassuré.
C’est aussi une vraie performance de la part du réalisateur, Julien Seri. Grâce à lui j’ai vu des morceaux de moi-même prendre vie à l’écran : le petit Thierry, le Thierry harcelé à l’école, le Thierry confronté à une scène terrible, et puis le Thierry adulte.
Il faut garder à l’esprit que même si ce film est inspiré de ma vie, j’interprète un rôle. J’ai pu jouer mes scènes, des scènes très dures, grâce à un travail de thérapie. Si vous demandez à des gens qui souffrent de parler de leur malheur face à une caméra, c’est difficile, il vaut mieux commencer par parler à un analyste. Autrement, je me serais effondré à chaque fois que je devais parler à ma famille fictive.
C’était un exercice très intéressant de pouvoir jouer dans “mon” biopic. Interpréter son propre rôle est tout de même assez rare et en même temps c’est un cadeau. Je dis merci France Télévisions. Comment aurais-je pu imaginer il y a des années que j’allais écrire un livre, faire un film et, dans quelque temps j’espère, jouer seul sur scène pour compléter ce triptyque inspiré de mon histoire ?
Dans une scène touchante, vous vous dites : “Il faudrait que ta voix soit un écho”. Pourquoi était-ce important de vous adresser à vous-même face à un miroir ?
C’est une scène de folie, de schizophrénie totale que je dois à notre réalisateur, Julien Seri. Elle n'était pas prévue. Il est venu me voir pour me dire qu’il manquait une scène. C’est un peu comme dans Psychose de Hitchcock, lorsque Anthony Perkins, “le gentil”, se parle dans le miroir. Cette scène est centrale car elle est universelle. On fait tous cela/On l’a tous vécu, quand on a raté quelque chose, quand on n’a pas osé déclarer sa flamme...
Dans le film, vous vous apprêtez à faire vos premiers pas au théâtre. Cette forme d’expression a-t-elle joué un rôle particulier dans votre renaissance ?
La première étape dans ma reconstruction a été mon arrivée à la Maison de la Radio. Cependant, ma vraie renaissance, celle qui m’a sauvé, a eu lieu au théâtre. En montant sur les planches, on change de peau, de costume, on devient quelqu’un d’autre : un jeune premier, un vieux dernier, un méchant, un salaud, un gentil.
Les scènes de théâtre que vous voyez dans le film représentent exactement mon expérience : je revois tous ces gens venus nous voir, mon nom à l’affiche et c’était merveilleux. C’était à la fois la découverte de soi et le début de la reconnaissance. La reconnaissance nous la recherchons tous et certains, comme moi, davantage. Dans le film, je montre qu’au théâtre je suis reconnu.
Comment allez-vous ? Se replonger dans votre histoire personnelle vous affecte-t-il encore aujourd’hui ?
Ça va bien, même si j’avais un peu le trac avant la conférence de presse. En voyant le nombre de journalistes, c’est le petit Thierry qui s’est dit “Ah la la. Ça fait du monde quand même.”
Ce doute est une réminiscence de ce passé compliqué. La démarche d’une conférence et la confrontation à des journalistes restent un peu difficiles car on traîne toujours une vieille peur, une vieille angoisse, un petit traumatisme qui nous poussent à penser “Pourvu qu’on m’aime et pourvu que ça se passe bien”.
Retrouvez le dossier de presse de Je suis né à 17 ans ici