Climat : des résistants en Outre-mer

« L’heure de nous-mêmes a sonné », Aimé Césaire

Capter des vies ordinaires confrontées à des situations extraordinaires est ce qui m'anime depuis trente-cinq ans. Ce sont les quotidiens qui m'attirent, et la beauté de chaque existence – aussi banale qu'elle puisse sembler – qui entre au contact avec une problématique qui la dépasse.
Le dérèglement climatique est le grand défi de notre temps. La fin de l'Anthropocène est même annoncée par certains. Si l'Homme reconstruit toujours, quand bien même le traumatisme est immense, le combat actuel semble parfois vain.
Les habitants d’Outre-mer sont en première ligne du dérèglement climatique, qui métamorphose leurs conditions de vie. Dans ces territoires isolés et pris d'assaut par les métropolitains insouciants en vacances, les Ultramarins vivent déjà, concrètement, les catastrophes.
Ayant habité et commencé ma carrière à Saint-Pierre et Miquelon, puis en Guyane, l'avenir des Outre-mer me touche particulièrement. Ces populations, souvent délaissées par l’État, se battent aussi pour leur autonomie à travers la lutte contre le dérèglement climatique.
Si certains préfèrent détourner le regard, je pense qu'il est important de filmer frontalement comment ces territoires français subissent et affrontent les mutations. Par la force des choses, les habitants ont développé une plus grande acuité des enjeux climatiques, et les stratégies de résistance qu’ils ont élaborées offrent de véritables modèles d’adaptation. Montrer les mobilisations des habitants, des associations, des élus, des peuples autochtones est une manière, pour moi, de donner de la visibilité à un combat plus global.
En choisissant de parler de la France d'Outre-mer, je veux m'attarder sur des territoires en danger. Historiquement minorisés ; anciennement colonisés et pillés, ceux-ci font le bonheur des promoteurs immobiliers, au détriment des populations locales.
Malgré la lourdeur d'un tel sujet – le dérèglement climatique – et des autres problématiques qui en découlent, Climat : des résistants en outre-mer a l’ambition d’être un film engagé et surtout positif. J’ai ainsi choisi de me focaliser sur la résilience et les actions concrètes entreprises par ces Français du bout du monde.
Auprès de ces différentes communautés, je ferai donc le constat indéniable du dérèglement climatique. Puis, je parlerai d'une résilience locale, en suivant leurs façons de s'adapter aux transformations de territoire. Enfin, j'explorerai une dimension plus globale et politique de ce combat, en parlant d'une restructuration des modèles notamment économiques, des engagements citoyens et de la nécessité de réhabiliter les traditions qui structurent ces nouveaux combats.
Ainsi, j'explorerai les différentes étapes : traumatisme, résilience et résistance auprès de mes interlocuteurs qui affrontent le deuil d’une planète en bonne santé. Du déni, à la reconstruction, en passant par l'acceptation, la dépression, la colère... je finirai sur l'espoir de la restructuration collective, autour d'une jeunesse prometteuse qui assure la relève.