Communiqué de presse
En Polynésie aussi, des drames familiaux peinent à se laisser observer dans l’univers clos du foyer. Les chiffres des violences intrafamiliales interpellent. Rapporté à la même population, ce territoire d'Outre-mer compte deux fois plus de victimes que dans l’Hexagone. Sur fond de détresse sociale, d’addiction, c’est par le récit poignant des victimes, mais aussi lors d'auditions d’auteurs de violences que la réalisatrice Laurence Generet en déchiffre les contours. Quatre femmes polynésiennes engagées professionnellement dans la lutte contre ces violences conjugales et intrafamiliales nous ouvrent les portes de leur quotidien. À travers ces témoignages, découvrez des tragédies qui se cachent à l’ombre des regards afin de comprendre la complexité d’un fait sociétal encore trop souvent fréquent et tabou au fenua (« pays » en tahitien), comme ailleurs.
Derrière l'image paradisiaque de la Polynésie se cache une triste réalité : les violences intrafamiliales. Elles touchent toutes les classes sociales. En 2015, celles-ci ne représentaient déjà pas moins de 70 % de l’ensemble des violences aux personnes. C'est au sein même des familles que l'on court le plus de risques. Il existe un mutisme sur ce sujet. La honte et l'entourage empêchent les victimes de parler. Mais, par un élan de vie et de courage, certaines arrivent à fuir. Malheureusement, les blessures sont ancrées à vie chez ces jeunes femmes.
Engagées corps et âme dans la lutte contre ces violences, découvrez quatre professionnelles de la justice, de la police et du social sur le terrain. Elles font de l’accompagnement une réelle prise en charge des victimes avec une écoute et un soutien nécessaires.
Wendy Otomimi, juriste à l’association Te rama Ora, Wendy Lichao-Maoni, travailleuse sociale à l’association Emauta, pour redonner l’espoir, et Vaitukuaki Allain, psychologue clinicienne à l’association Te rama Ora, aident ces victimes qui vivent un quotidien rempli de peur et de violences souvent répétées. Dans le livre de ces brutalités, des chapitres s’écrivent encore chaque jour. La force des témoignages de Vaiana, Lisa, Lina ou encore Noémie, la puissance des scènes racontées, deviennent les moteurs de ces jeunes femmes engagées dans ce combat.
Pour mieux comprendre comment et pourquoi la famille forme parfois un espace de tensions exacerbées, aussi bien par la détresse sociale (alcool, drogues, précarité économique...) que l’absence totale de verbalisation ou le manque d’intimité dans l’univers clos du foyer, la caméra de la réalisatrice suit également Karine Vincent, major à la Brigade de la famille de la Police nationale de Papeete. Elle auditionne et prend en charge les auteurs de violences sur le district de Papeete et Pirae. Et, sous son regard acéré, leur parole passe rapidement du déni aux aveux.
À Tahiti, il existe aussi un foyer catholique, le Bon Samaritain, qui est le seul centre d'accueil d'urgence du territoire en capacité de prendre en charge des victimes, mais aussi des auteurs de violences conjugales. Une convention a été établie entre le parquet et l'association Emauta, pour redonner l’espoir pour mettre en place un dispositif judiciaire d'éloignement de l'auteur du domicile familial, pour éviter la case prison. Ces moyens mis en place sont naissants.
Si la violence touche majoritairement les 30-40 ans, la jeunesse n'est malheureusement pas épargnée. Des actions sont menées régulièrement pour endiguer ce fléau dans des maisons associatives. Des foyers accueillent également des jeunes filles mineures ou majeures avec leurs bébés, en situation d'errance, pour éviter la rue. Des jeunes mères pour qui le quotidien n'est pas toujours évident.
Ce film révèle une réalité sociétale qui s’incarne dans des histoires intimes et personnelles. Un documentaire important pour porter un débat public sur des maux dont nous tardons à trouver le remède.
Documentaire
52 min
Réalisation et écriture
Laurence Generet
Production
13Prods
Avec la participation de
France Télévisions
2023
« Longtemps appris, les mots ont-ils dit la peur, la terreur ?
J'ai peur qu'ils demeurent trop faibles, sans aucun poids face à tant de violence. »
Titaua Peu, extrait de son livre Mutismes (Éditions Au Vent des îles)