La France en Vrai

Un voyage. Un pèlerinage sur les traces de Missak et Mélinée Manouchian à travers la voix de leur petite-nièce Katia, qui dessine subtilement les parcours de deux êtres d’exception.

Deux survivants du génocide arménien, devenus des figures de premier plan de la Résistance intérieure française.

Pour que leurs itinéraires, leurs engagements militants et leur combat commun pour la liberté ne s’effacent jamais de notre mémoire collective.

Le propos de la réalisatrice

Je m’appelle Katia Guiragossian. Je suis la petite-nièce de Missak et Mélinée Manouchian. J’ai eu la chance et le privilège de grandir au sein d’une famille extraordinaire qui est à la fois un modèle de lutte et de résistance. Aujourd’hui, j’aimerais explorer la petite histoire familiale dans la grande Histoire, afin de partager le merveilleux héritage qui m’a été légué.

Comme beaucoup d’enfants, j’ai grandi en écoutant de nombreux récits familiaux. Seulement, mes histoires à moi étaient souvent liées à l’Histoire et incarnées par des proches. Des êtres "majuscules" qui m’ont donné en héritage le respect, le goût d’apprendre, le courage de suivre sa vérité propre et l’amour.

Leur amour indéfectible, leur parcours de nomades (une vie passée entre l’Arménie, la Grèce, le Liban et la France...), leur histoire, témoignent aujourd’hui avec force d’une partie de notre Histoire. Aussi trouble que complexe.

Petite, ma grand-mère Armène (la sœur de Mélinée donc) me racontait des histoires. Elle me narrait les actions de ceux qui avaient partagé son quotidien et pour lesquels elle s’était affairée avec une obsession : nourrir les braves. Elle m’expliquait comment Knar et Micha Aznavourian par exemple, les parents de Charles Aznavour, avaient caché Mélinée alors qu’elle était recherchée, elle me disait pourquoi tante Mélinée était à présent claustrophobe... Elle me livrait des anecdotes insolites et des souvenirs. Précieux.

Charismatique, d’une élégance folle, Tante Mélinée m’impressionnait beaucoup.

J’ai la chance d’avoir pu récupérer des archives familiales exceptionnelles et inédites : des lettres manuscrites originales, des photos jamais vues ou méconnues, des enregistrements sonores de ma grand-mère Armène... Autant de témoignages poignants du combat d’une vie pour la liberté. Envers et contre tout.

Détentrice de ces trésors, j’ai été conviée il y a quelques mois par Emmanuel Macron à l’Elysée (avec un petit comité composé de différentes personnalités) afin d’évoquer une possible panthéonisation de Missak. J’en éprouve une grande joie, et une immense fierté. Me rappelant non sans émotion de la mention "apatride" sur les papiers d’identité de ma grand-mère...

Dans le cadre de cet entretien, il est apparu que mon grand-oncle résonne particulièrement dans le cœur de nombreux Français, et pas seulement de citoyens d’origine arménienne, pour qui le héros de "l’affiche rouge" fut un modèle d’intégration de la première génération en France. Celle directement rescapée du Génocide de 1915, le premier crime de masse du 20e siècle.

Aujourd’hui encore, ce héros incarne l’engagement des étrangers dans le combat contre le nazisme et pour la liberté au sein de "l’armée des ombres", celle des résistants. Et chaque année, le 21 février, sa mémoire et celle de son groupe sont honorées dans de nombreuses villes de France. Un peu partout sur le territoire national.

Suite à cette rencontre, j’ai eu envie d’ouvrir à nouveau mes archives familiales, de m’y (re)plonger, de poursuivre mes recherches et de réaliser un documentaire qui donne à voir le parcours de Missak et Mélinée, mais aussi et surtout leur monde intime. Pour découvrir l’homme derrière le héros, cet "étranger mort pour la France".
 

France Télévisions consacre une programmation spéciale à l'entrée au Panthéon de Missak Manouchian
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