Communiqué de presse
Bryan et Kamil à Nanterre, Romain à Marseille, Anetha à Bordeaux et Lyon. Trois histoires intimes de la musique électro dans les hangars. Trois plongées au cœur des nuits underground.
Des coulisses au dancefloor, WAREHOUSE perce les secrets de trois soirées techno dans des usines désaffectées à Nanterre, Lyon et Marseille. Dans ces hangars gigantesques, la France moche devient le temps d’une nuit la France qui danse. La musique électronique transforme ces fleurons déchus de l'industrie en théâtres de la fête, de la culture et de la liberté.
Trois soirées en une seule, dans un site industriel à l’abandon transformé en temple de la fête. Bryan et Kamil organisent une soirée dans un hangar de Nanterre. La DJ superstar Anetha fait danser la foule dans l’ancienne usine Fagor de Lyon. Romain, mélomane et inconditionnel de techno, se rend à une soirée dans une ancienne manufacture de tabac à Marseille. Warehouse est la construction d’une magie et d’une utopie : celle de la culture techno et du mouvement warehouse qui, le temps d’une nuit, fait d’une France des friches la France qui danse.
NOTES D’INTENTION
Sylvain Di Cristo
Nous sommes attachés à cette musique parce qu’elle a la particularité de révolutionner à la fois nos villes et nos nuits. Notre intention a été de mettre en lumière ce courant artistique plein et entier, avec ses œuvres, ses esthétiques, ses rituels, ses icônes et ses valeurs. Le mouvement warehouse n’est pas une simple mode. Il dispose de sa propre chronologie, avec ses after, ses before, ces moments festifs qui précèdent et qui succèdent à la fête. La techno dilate le temps. Elle imprime sa marque, pose son empreinte sur notre époque, la société et l’environnement dans lequel elle se pratique.
Jouée en public devant des milliers de personnes, la techno prend des airs de thérapie collective, de grand-messe. Elle allège le poids de l’existence, offre une soupape, un délestage nerveux. La techno a presque le même âge que nous, une trentaine d’années environ. C’est la dernière révolution musicale. Longtemps incomprise, rejetée loin des villes, la techno a tout de l’enfant ingérable. Un sale gosse qui explore le futur de la musique, qui pousse pour exister et se faire une place. Bruyant, il exaspère. Alors on le relègue loin. Là-bas, tout là-bas, au loin, là où il ne dérange personne. Sur des sites dont personne ne veut, entre les rocades, les déchèteries ou les entrepôts. En accueillant des soirées techno, ces lieux favorisent le lâcher prise. Ils sont des espaces de liberté pure, bien plus grande que celle permise par les clubs des grandes villes. Les soirées warehouse sont le dernier phénomène majeur de la musique électronique.
Après la fermeture d’une usine, la techno est aussi la première brique de gentrification. Souvent de manière illégale au début. Puis, en toute légalité. Après quelques soirées warehouse, l’usine devient un endroit populaire, une friche culturelle réhabilitée et la matrice d’une mécanique de la gentrification : le quartier dans son ensemble est transformé, modernisé. Des commerces s’implantent. Les loyers augmentent et ce qui était la marge est avalé, phagocyté. La techno se retourne contre elle-même ? Elle favorise l’émergence d’un quartier qui ne tolérerait plus qu’elle soit jouée sauvagement.
Ce film a une portée introspective. En auscultant cette musique par la géographie et l’urbanisme, en posant notre caméra dans ces entrepôts et ces friches, ces lieux que nous désignons comme des “angles morts”, nous posons la question de notre propre situation sur l’échiquier urbain : ces “marges”, ces “friches abandonnées”, sont des terrains de jeu, alors que pour des milliers (des millions ?) de Français, elles ont été des cimetières professionnels. Des lieux synonymes de licenciements, d’amertume, de déclassement. Des lieux à oublier, à raser ou à moderniser. Avec ce film, nous appelons à la préservation de ces espaces qui sont pour nous bien plus que des friches, mais de nouvelles opportunités.
NOTE DE RÉALISATION
par Pierre-Philippe Berson et Lenny Grosman
Les friches industrielles ne sont pas un simple décor. Elles deviennent des personnages à part entière. La caméra s’attarde sur des parties du bâtiment comme on fixe le visage d’un acteur en gros plan : les murs lézardés sont comme des rides, la toiture abimée devient une chevelure clairsemée. Ils rappellent l’histoire de ces lieux et de leur activité passée. Peu à peu, ces crissements laissent place à des rythmes techno. Cette musique apparaît alors telle qu’elle est: l’héritière mélodique de la révolution industrielle.
Au fil du récit, la magie opère : ces lieux enfilent leur tenue de soirée. La scénographie, les lumières, le son... : toute l’installation nécessaire à une soirée est patiemment filmée comme la séance de maquillage d’une actrice avant de monter sur scène. La caméra fixe cette magie du avant/après. Le décor apparaît comme un protagoniste, qui, comme tout personnage qui se respecte, évolue au cours du film. Le film se regarde comme une ode à la nuit. Seuls quelques plans de jour sont distillés çà et là au début du film. Ils sont désincarnés, déshumanisés. En plan très large, ils montrent des grues, des hangars, des camions. Jamais d’humain. Ou alors, très peu, indéfinissables, minuscules, comme écrasés par ce paysage industriel inadapté pour le genre humain.
Le lancement de la musique marque le début d’une ascension finale vers un climax musical et sensoriel. Auparavant, la musique s’est invitée par petites touches. A mesure que la soirée s’approche, elle devient plus puissante, plus prégnante et finit par exploser comme une apothéose. Se lit sur les visages une palette de sentiments positifs, allant de la plénitude à la satisfaction, de la fierté à la joie ou au plaisir.
La warehouse est une déflagration pour ces sites ensommeillés depuis des années. Les processus d’organisation, d’installation, d’obtention des autorisations ont certes été longs et parsemés d’embuche, il n’en reste pas moins que la techno s’empare violemment de ces bâtisses assoupies. La bascule a lieu entre chien et loup, lors de ce moment où l’obscurité tombe et redistribue les cartes du jeu social. Ce point charnière est filmé par un drone. La fête peut débuter.
Les bios
Pierre-Philippe Berson
Ancien assistant-réalisateur de Loïc Prigent sur des films documentaires portant sur la mode, Pierre-Philippe, 37 ans, a écrit et réalisé, ou coréalisé, pour France Télévisions les films documentaires unitaires de 40 minutes et 52 minutes, Médine Normandie et Papyfoot, ainsi que les séries Le Masque et la Brume et Icônes Bleues. Pour Arte, il a coréalisé une série de 4 fois 15 minutes intitulée Frankenstream, sur les ravages environnementaux du streaming.
Lenny Grosman
Réalisateur français passé par l’ESRA et New York. A 25 ans, il est surtout connu pour son travail sur des vidéoclips avec des chanteurs de rap comme Romeo Elvis et Le Motel. Lenny a réalisé également des documentaires comme Icônes Bleues ou Papyfoot, sur France 3 Île-de-France. En mai 2022, sort sur France TV Slash sa dernière série documentaire intitulée BXXL. Son dernier documentaire, La Vida Reggaeton, toujours pour France TV Slash raconte comment un mouvement musical de niche, le reggaeton, est passé d’un mouvement misogyne à un mouvement féministe puis non genré.
Sylvain Di Cristo
Originaire de Nice mais Parisien depuis ces dix dernières années, Sylvain Di Cristo, 33 ans, a fait des études d’ingénierie son avant de devenir rédacteur en chef des deux plus grands magazines de musique électronique français, Trax et Tsugi (So Press). Journaliste musical spécialisé en électro, fervent pratiquant du clubbing sous toutes ses formes et fin DJ, Sylvain compte parmi les témoins et acteurs privilégiés de l’explosion de la culture électronique de cette dernière décennie en France.
Warehouse
40 min
Auteur
Sylvain Di Cristo
Réalisation
Pierre-Philippe Berson Lenny Grosman
Production
Brieux Férot pour
So In Love
Avec le soutien du Centre du Cinéma et de l’Image animée (CNC)
Avec la participation de
France Télévisions
Unité documentaires
Antonio Grigolini
Julie Grivaux
Matthieu Brière
Marie Emmanuelle Wamanisa