“À vingt-six ans, pour la première fois, j’étais plongée dans le mutisme complet, je refusais d’échanger avec les employés médicaux et avec ma famille. Le seul ami sourd avec qui j’avais une forte affinité réussit à entrer en contact avec moi. Je ne conversais qu’en langue des signes avec lui. (...) Je me voyais dans un univers maléfique où des « ombres noires m’envahissaient et me déchiraient la chair ». J’étais plongée dans une souffrance extrême et absolue. Je priais de toute mon âme et de toutes mes forces pour chasser ces ombres de moi et de mon esprit.” La nuit noire de mon âme, Nadège Hadrzynski
Nadège se présente comme une “ancienne schizophrène”. En réalité, la schizophrénie est une maladie dont on ne guérit pas totalement, et elle a conscience qu’elle devra prendre un traitement à vie. Elle est sourde, a rencontré la langue des signes tardivement, mais sa surdité semble tout à fait secondaire dans sa manière de percevoir le monde.
Ce qui détermine sa vie, c’est plutôt le sentiment de détachement de la réalité, la perte d’estime de soi, les hallucinations persistantes qui l’envahissaient, le mutisme complet, l’alternances entre phase dépressive, retour à une certaine stabilité, puis rechute… Une vie ponctuée d’hallucinations sensorielles, de sentiment de persécution, de paranoïa, de difficultés relationnelles, de désorganisation de la pensée…
Dans son livre “La nuit noire de mon âme”, elle couche ses tourments dans un français travaillé mais avec un phrasé particulier, certainement lié à sa surdité, Elle partage son expérience de l’internement, jusqu’à la médicalisation psychiatrique. Elle se livre sans fards, dans le but de sortir ses zones d’ombre d’elle-même, aller vers la rémission, et surtout, briser le tabou qui entoure la schizophrénie.
En effet, bien que la schizophrénie touche une personne sur cent, elle reste encore méconnue et stigmatisée en raison des stéréotypes qui l’entourent. Les idées reçues restent nombreuses, comme par exemple l’idée d’un dédoublement de la personnalité ou du caractère dangereux des personnes touchées, ce qui est faux. Les patients schizophrènes ne sont généralement dangereux que pour eux-mêmes.
En faisant son portrait, nous voulons entrer dans son univers, pour mieux comprendre cette maladie, et donner un message d’espoir à ceux qui en souffrent.
L'œil et la main
26 min
Journal d'une schizophrène
Réalisation
Julie Lojkine
Production
ZED
France Télévisions
Avec la participation du CNC
avec le soutien de l’AGEFIPH
Producteur délégué
Manuel Catteau
Producteurs exécutifs
Hélène Hugounenq, Laurent Valo
L’œil et la main est une collection documentaire qui ouvre un espace de rencontre entre sourds et entendants où s’échangent regards et points de vue sur le monde. C’est une émission bilingue français - langue des signes. À ce titre, elle s’adresse aux uns comme aux autres.
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