Ce film documentaire était présenté, l'année dernière, en sélection officielle au 76e Festival de Cannes dans la section Cannes Classics.
Godard par Godard est un portrait tout en archives de Jean-Luc Godard. Il retrace le parcours unique et inouï, fait de brusques décrochages et de retours fracassants, d’un cinéaste qui ne se retourne jamais sur son passé, ne fait jamais deux fois le même film, et poursuit inlassablement ses recherches, dans une diversité d’inspiration proprement inépuisable. A travers les mots, le regard et l’œuvre de Godard, le film raconte une vie de cinéma ; celle d’un homme qui exigera toujours beaucoup de lui-même et de son art, jusqu’à se confondre avec lui.
Pour le monde entier, et même pour ceux qui n’ont pas vu un seul de ses films, Godard est synonyme de cinéma. Jean-Luc Godard est le cinéma. Il a même signé le générique de Bande à part ainsi : Jean Luc « Cinéma » Godard. Depuis sa mort, le grand public comme les plus fins connaisseurs de son œuvre gigantesque savent que c’est la fin d’une période, que s’achève avec lui une époque où le cinéma était encore au centre de la société, le divertissement préféré de tout le monde, à la fois industriel et personnel, commercial et expérimental, spectaculaire et capable de profondeur.
Ce cinéma-là, le plus ambitieux qui soit, sorti des studios hollywoodiens ou pratiqué en Europe par Renoir, Rossellini, Dreyer, Pagnol ou Cocteau, Godard l’a d’abord défendu en tant que jeune critique des Cahiers du cinéma, avant de vite passer à la pratique et de remporter son plus grand succès dès son premier long-métrage, À bout de souffle, en 1960. Coup d’essai/coup de maître et premier film aussi important dans l’histoire du cinéma que Citizen Kane vingt ans plus tôt.
A 30 ans tout juste, Jean-Luc Godard se retrouve libre d’enchaîner les films et de vivre en quatrième vitesse son rêve de cinéma sous tous ses aspects : fêté et détesté pour À bout de souffle, interdit et censuré avec Le Petit Soldat, envié et reconnu pour le couple bientôt légendaire qu’il forme avec son actrice, Anna Karina, jouissant d’une réputation de vedette, quasiment une rock star (un statut que fort peu de cinéastes partagent avec lui), et capable de réunir dans un même film (Le Mépris, 1963) la plus grande star mondiale (Brigitte Bardot) et un véritable dinosaure cinématographique (Fritz Lang), tout droit sorti de l’histoire, la grande, avec un grand « H ». De 1960 à 1967, tout a été très vite pour Jean-Luc Godard : 14 films et 5 courts-métrages en sept ans ! Qui dit mieux ?
Mais cette véritable frénésie de cinéma et cet apprentissage ardu de la notoriété va se conclure par la première des grandes ruptures godardiennes : Mai 68, un Festival de Cannes agité puis finalement interrompu, et le désir de révolution qui supplante finalement celui de continuer à enchaîner les films. Godard mettra un peu plus de dix ans à revenir vraiment, à la fin des années 70, avec Sauve qui peut (la vie), mais ce sera un come-back éclatant !
Fait de périodes bien déterminées et de franches ruptures, comme Picasso ou Bob Dylan, l’itinéraire artistique de Jean-Luc Godard ne peut pleinement se comprendre qu’avec le cinéma lui-même comme référent principal. Il reste la valeur suprême de celui qui se définit simplement comme “un bon serviteur du cinéma”. Qu’il soit simple spectateur, critique, cinéaste, militant ou historien, Jean-Luc Godard fait corps avec son art, comme aucun autre cinéaste avant ou après lui.
Il s’agit pour lui de pousser le cinéma dans ses retranchements et ses possibilités, d’exiger beaucoup de lui et de le magnifier en retour. Car lui seul, selon JLG, peut être à la fois spectacle et pensée.
Inédit - 60 min
Auteur
Frédéric Bonnaud
Réalisation
Florence Platarets
Production
Ex Nihilo
Muriel Meynard
Avec la participation de
France Télévisions
et du CNC
France Télévisions
Unité documentaire
Catherine Alvaresse
Antonio Grigolini
Julie Grivaux
Pôle histoire culture
Emmanuel Migeot
Clémence Coppey
À voir sur
francetv.preview