Un film chorale qui traite en profondeur de la fratrie dans toutes ses facettes, de sa complexité, aux liens tendres ou plus distancés par les épreuves de la vie.
Gabrielle, Elsa et Mao sont frères et sœurs, mais ne se côtoient pas. Surtout pas.
La première est statue pour touristes, au grand dam de son fils ado. Elsa, elle, est en colère contre la terre entière et désespère de tomber enceinte. Mao, game designer de génie chroniquement dépressif, noie sa mélancolie dans l’alcool et la psychanalyse. Quant à leurs parents, Pierre et Claudine, séparés de longue date, ils n’ont jamais rien fait pour resserrer les liens de la famille.
Pourtant, au moment de l’enterrement du grand-père, ils vont devoir se réunir, et répondre, ensemble, à la question qui fâche : « Que faire de Mamie ? »
Avec Vanessa Paradis, Camille Cottin, Pierre Deladonchamps, Jean-Pierre Bacri, Chantal Lauby...
Entretien avec Cécilia Rouaud, réalisatrice
Après « Je me suis fait tout petit », votre premier long métrage, vous abordez à nouveau le thème de la famille.
La famille est un sujet qui m’intéresse beaucoup, j’ai eu envie de m’y plonger une nouvelle fois. J’ai le sentiment que nous sommes tous durablement marqués par notre histoire familiale ; elle est plus ou moins simple, plus ou moins compliquée, mais toujours étroitement liée à ce que nous sommes et aux choix que nous faisons. J’ai l’impression qu’on finit tous par y revenir, et qu’on ne s’en sort pratiquement jamais. J’avais envie de réaliser un film qui raconterait comment, potentiellement, on pourrait s’en sortir…
Cette fois, il n’est plus question de famille recomposée mais d’une famille en totale décomposition et depuis longtemps. Plus personne ne se comprend, plus personne ne réussit à se parler.
Ce sont des gens qui ne se côtoient pas et qui ne s’entendent pas, au sens de s’ « écouter ». Ils souffrent d’une fracture originelle qui les empêche d’être heureux. Mais ils s’aiment, il n’y aurait pas de film sinon.
Dans « Photo de famille », vous mettez quatre générations en scène – un enfant, de jeunes adultes, leurs parents et grands-parents, lesquels se montrent déterminants dans le dénouement de l’histoire.
Quel que soit l’âge qu’on a et les problématiques familiales que l’on n’a pas su résoudre, on reste tous, et jusqu’à la fin, le fils de sa mère ou le père de son enfant. Et je trouvais joli qu’aussi « mauvais père » que le personnage de Jean-Pierre Bacri ait pu être, il puisse se questionner sur la façon dont il s’est comporté en tant que fils.
C’est la deuxième fois que vous utilisez la comédie pour traiter un sujet grave. C’est votre marque de fabrique ?
C’est ma façon de communiquer dans la vie. Et ça correspond au cinéma que j’aime. Je suis totalement fan des premiers films de Woody Allen, qui est selon moi le summum du « rire avec tout ». J’adore les films de Pierre Salvadori, ceux de Noah Baumbach et Sam Mendes, tout ce cinéma américain indépendant qui sait si bien filmer l’entre deux – le malaise et le rire, la joie et le chagrin, le drôle et le tendre. Avec « Photo de famille », il s’agissait toujours d’être « sur la ligne ».
Réalisation
Cécilia Rouaud
Production
Firelight, Jerico
Genre
Comédie
Durée
99 minutes
Pays
France
Année
2018