Le monde en face

Nous, jeunesse(s) d'Iran

Voyage interdit au sein de la génération Z iranienne
Disponible sur france.tv

Après le remarquable documentaire Afghanes, qui a créé l’événement sur nos écrans et marqué profondément les esprits, Solène Chalvon-Fioriti revient dans Le monde en face, sur France 5 et sur france.tv, avec le film Nous, jeunesse(s) d’Iran. Une immersion inédite au sein de la société iranienne, quel que soit son camp – moderne, religieux, opposant politique ou pro-régime –, pour recueillir la parole d’une génération en pleine mutation. Une génération éclairée et déterminée, qui prend ses distances face à la gérontocratie des mollahs.

 

Synopsis

Son nom a fait le tour du monde : Jina Mahsa Amini, 22 ans, décédée le 16 septembre 2022 à la suite d’une arrestation violente par la police religieuse de Téhéran. Son visage gracile et maquillé, symbole des libertés brimées, provoque l’étincelle Femme Vie Liberté… une révolte massive, portée par la jeunesse – principalement des étudiants issus de la petite classe moyenne, réprimée dans la violence à l’automne 2022. Face aux arrestations, aux tortures et exécutions du régime islamique, le mouvement s’est essoufflé. Mais derrière l’élan brisé se niche une autre révolution, silencieuse : la mutation culturelle irrépressible de la génération Z d’Iran. Un jeunesse massive, très urbaine (près de 80 % de la population habite en ville), très instruite – et une jeunesse en souffrance, privée des libertés individuelles fondamentales : s'aimer, se rencontrer, s'habiller sans contrainte, danser, chanter.

À travers six récits portés par des témoins de moins 25 ans, le film Nous, jeunesse(s) d'Iran traverse de manière inédite la société iranienne d'aujourd'hui. Un pays biberonné à Internet et aux réseaux sociaux, où un Iranien sur dix a moins de 35 ans. Un peuple dont le niveau académique est le plus élevé du Moyen-Orient, mais où un jeune sur quatre est au chômage. Face à l'usure du régime des mollahs, les six récits, six différents visages de la jeunesse iranienne, offrent un éclairage exceptionnel sur les transformations en cours au sein de la république islamique d'Iran.

Contre la culture de la tristesse et du martyre imposée par les mollahs, contre l’instrumentalisation de la cause palestinienne, Sarah, la principale narratrice, met en lumière ce que les sociologues appellent « l’envie de joie de vivre » des jeunes Iraniens. Une génération politisée, moderne, connectée, écolo et féministe… à l’instar de la jeunesse mondiale.

Au moyen de l’intelligence artificielle (une première pour un documentaire français), qui permet d’anonymiser les visages tout en conservant leurs expressions, dont celui de Sarah, le film révèle ces bouleversements. Dans la sphère intime et dans l'espace public, chez les religieux comme chez les laïques.
 

À propos de l'utilisation de l'intelligence artificielle

Le film a pour but de révéler ces bouleversements, et cet Iran interdit que Téhéran cherche par tous les moyens à dissimuler. Par le truchement de l’intelligence artificielle, le film Nous, jeunesse(s) d’Iran parvient à réhumaniser cette parole sans faire courir de risques aux témoins. La technique traverse le film à la fois dans la sphère intime et dans l'espace public, chez les religieux comme chez les laïques. Elle ne s’applique qu’aux visages des témoins.

Aujourd’hui encore, filmer en Iran peut envoyer en prison. À l’automne 2022, des milliers de cadreurs et de citoyens lambda, tout juste armés d’un smartphone, y passeront des mois. Dans les centres de détention, des logiciels de reconnaissance faciale, utilisés également pour traquer les femmes non voilées dans la rue, sont exploités pour « ficher » les visages contestataires et terroriser les prisonniers : en cas de récidive, de couverture d’événement anti-régime, le logiciel les reconnaîtra, et la peine encourue sera plus lourde encore. En parallèle, l’État iranien exclut les tournages de documentaires étrangers : à deux reprises, la réalisatrice Solène Chalvon-Fioriti se verra refuser sa demande de visa presse.

Mais être filmé en Iran vaut un traitement plus cruel encore. À la même période, des dizaines de familles iraniennes qui témoignaient d’un enfant assassiné ou disparu sont harcelées par le régime. Pendant des mois, ses agents procèdent à des séquestrations, à des rapts de cadavres et à des agressions lors des enterrements. Objectif : museler la parole, déshumaniser la souffrance, rendre invisible toute forme de parole contestataire, même celle émanant de son propre clan, lorsque celle-ci interroge, comme dans ce film, le niveau de répression.

Ainsi, filmer des visages aux destinées bouleversées par la déflagration Femme, Vie, Liberté n’était pas une option. Pas même des visages floutés : au moyen de ces mêmes logiciels de reconnaissance faciale, les « flous légers » se détectent de plus en plus facilement. Et flouter lourdement contrevenait au projet initial de la réalisatrice : rendre un visage, des expressions humaines, qui activent l’empathie pour l’autre. C’est ainsi qu’ont été décidés près de dix visages « anonymisés », après des mois de procédés techniques ultra-sécurisés.

Le recours à l’IA pour « envisager » nos témoins se fait néanmoins dans un contrat de visionnage clair avec le téléspectateur. Celui-ci est constamment averti des visages transformés par une signalétique rigoureuse. D'autre part, elle est utilisée exclusivement pour modifier un visage et rien d’autre. Elle ne change ni les expressions profondes de nos témoins et n’intervient jamais sur le cadre ou le décor. C’est dans cet esprit et dans ce cadre bien précis que nous avons travaillé, bien conscients des enjeux et des questions déontologiques que suppose cette démarche. Une première pour un documentaire français.

iran

Solène Chalvon-Fioriti
Biographie et filmographie 

Familière des zones de conflit, Solène Chalvon-Fioriti est réalisatrice de documentaires. La grand reporter a été correspondante en Afghanistan et au Pakistan pendant douze ans. Elle a travaillé pour Arte, France 24, France 2, Al Jazeera et M6 (25’, 52’, 70’), principalement sur la guerre et les bandes armées, et écrit pour Libération et des revues littéraires.

Son travail a été régulièrement finaliste du prix Albert-Londres, comme son documentaire Vivre en pays taliban coréalisé avec Margaux Benn (2021), son récit littéraire La femme qui s’est éveillée (2022), une enquête sur la contraception en Afghanistan, ou encore son documentaire Afghanes (2023), récemment lauréat aux Lauriers de l'Audiovisuel. À travers son travail, la journaliste et autrice propose une lecture féministe des conflits contemporains. Sa signature : des récits moins stéréotypés, très majoritairement portés par des femmes.

solène

Puis, à 22.55, le documentaire sera suivi du film La torture blanche de Narges Mohammadi, prix Nobel de la Paix pour son combat contre l'oppression des femmes en Iran et sa lutte en faveur de la promotion des droits humains et de la liberté pour tous.
Communiqué en ligne

Le documentaire sera suivi d'un débat présenté par Mélanie Taravant, avec : 

- Solène Chalvon Fioriti, réalisatrice du documentaire

- Chirinne Ardakani, avocate et membre du Collectif Iran justice

- Farid Vahid, co-directeur de l’Observatoire Afrique du Nord et Moyen Orient de la Fondation Jean Jaurès

- Mariam Pirzadeh, journaliste France 24, ancienne correspondante de presse en Iran

Photos en ligne
Visages modifiés à l'Intelligence Artificielle

Inédit

70 min

Réalisation
Solène Chalvon-Fioriti

Production
Chrysalide Production
Elephant Doc

Avec la participation de 
France Télévisions

Produit par
Béatrice Schönberg

Unité documentaires
Antonio Grigolini
Renaud Allilaire
Sophie Chegaray

À voir sur
france.tvpreview

Disponible sur
 © france.tv

 

Sabine Lelièvre
Contact - France Télévisions
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