Les sirènes de Dieppe
Un documentaire de Nicolas Birkenstock et Nicolas Engel

« Bienvenue au Cabaret, Bienvenue à La Sirène à Barbe » chantent trois drag-queens en platform boots, robes en paillettes et perruques fluo. Un numéro tonique fait d’extravagance et de surenchère qui est soudain interrompu par Nicolas Bellenchombre, le directeur des lieux.
Nous assistons à une répétition de la nouvelle revue d’un cabaret. Nicolas fait ses retours aux artistes.
À Dieppe, en Seine Maritime, à quelques pas de la mer, sur l’immense place du marché, entre un poissonnier et un Kébab, se trouve un cabaret drag-queen, La Sirène à Barbe.

Le temps d’une pause clope, les drag-queens dans leurs tenues de scène débriefent suite à la répétition.
Elles parlent « make-up », « lipsynch » et « Lady Gaga ». Elles rient de façon outrancière. Tout cela sous le regard des passants qui sortent de la poissonnerie sans leur prêter grande attention. C’est qu’elles sont installées là depuis maintenant bientôt deux ans et qu’en dépit de leurs looks excentriques, elles ont su se fondre dans le paysage.

« Le drag-queen est un art ancestral, nous explique-t-il. Une de ses origines est le théâtre de Shakespeare, le Globe Theater, scène sur laquelle les femmes n’avaient pas le droit de se produire. Les hommes devaient s’y travestir pour incarner les personnages féminins. Cet art du travestissement a perduré en Angleterre puis a traversé l’Atlantique où il est devenu une véritable institution dans les milieux underground new-yorkais des années 70. C’est l’art de l’hyper-féminisation.

Les hommes qui pratiquent l’art du drag-queen s’inspirent de femmes qui jouent sur leur féminité à outrance telles que Lady Gaga ou Céline Dion. C’est un art cynique
qui, sous les paillettes, peut prendre plein de facettes. »

C’est ma fascination pour l’univers forain qui m’a mené à concevoir ce lieu et c’est la découverte de cet espace, qui a été un cinéma et un Music-Hall, qui a tout décidé. On sent l’espace habité. C’est d’ailleurs ici qu’Edith Piaf a donné son avant-dernier récital, Le cabaret, c’est l’art du coeur, de la générosité et c’est un art populaire. Le dernier lieu du spectacle vivant où l’on peut s’exprimer librement.

                                                                                    Nicolas Bellenchombre

Ce documentaire sera suivi d'un DébaDoc sur les "La fête après Covid", une émission présentée par Laurent Quembre

Après les apéros en visio et les rassemblements annulés de la période Covid, comment et pourquoi fait–on aujourd’hui la fête en France ? Encore faut-il que les lieux dédiés à la fête survivent : alors que la France comptait 4000 boîtes de nuit il y a trente ans, son nombre a été divisé par deux ; plus de deux tiers des communes françaises n’ont plus de café, les bals populaires ont quasiment disparu. Après l’heure du numérique et du repli sur soi, savons-nous encore faire la fête dans la vraie vie ?

Pour en parler dans ce Débadoc au côté de Laurent Quembre

• Simon Ugolin, co-gérant du Quartier Libre de Rouen.
• Philippe Coudy, président général de l’UMIH Normandie (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie).
• Pascal Duval, propriétaire de l’Excalibur à Grémonville.
• Philippe Steiner, sociologue, professeur émérite de sociologie à la Sorbonne, Auteur de « Faire la fête : sociologie de la joie » en 2023.

Ce documentaire sera disponible durant un mois sur la plateforme france.tv

Pour en savoir plus sur la collection documentaire Fini la Bamboche, cliquez ici