Dans ce documentaire aux accès exceptionnels, une vingtaine d'agents en activité s’expriment avec une grande sincérité, lors d’entretiens-confessions, savamment orchestrés par Jean-Christophe Notin.
Le boulevard Mortier à l’est de Paris. Son tramway. Sa piscine olympique. Et puis, de part et d’autre, de longues façades grises sans aucune indication. À la DGSE, on n’aime rien tant que la discrétion. Pourtant, pour la première fois de son histoire, une équipe de télévision y a été autorisée pendant plusieurs semaines. Des agents de tous les services, en activité, se sont confiés sur leurs motivations à franchir chaque jour le sas sécurisé. Ils ont raconté comment les ingénieurs, militaires, étudiants, linguiste, éditrice qu’ils étaient ont été transformés en « agents secrets » de la France au gré de formations exigeantes : exercices de filature, pratique de sports de combat, apprentissage de la manipulation des sources... Pour les uns, ils ont rejoint par la suite des services techniques ; pour d’autres, ce fut la découverte des unités les plus secrètes de l’institution, celles qui opèrent à l’étranger avec une légende et sous couverture. Pour la première fois également, tous ont été autorisés à illustrer leurs propos par deux types de missions. Tout d’abord, la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive. Ou comment l’emploi d’un gaz toxique par un régime décrié peut déclencher des représailles de la part de la France et de ses Alliés. Ensuite, la traque minutieuse des responsables d’un attentat djihadiste en Mauritanie en 2007 qui ne s’est achevée que quinze ans plus tard par la neutralisation du dernier commanditaire. Se révèle ainsi au final le plus grand secret de la DGSE qui n’est pas tant ce que ces hommes et ces femmes font, mais pourquoi et comment.
Note de l’auteur Jean-Christophe Notin
Depuis désormais une quinzaine d’années, j’ai le privilège de pouvoir mener des recherches au sein de toutes les unités opérationnelles les plus confidentielles en France. En ont découlé nombre d’ouvrages et de documentaires dont le dernier fut déjà consacré aux services secrets, Les Guerriers de l’ombre (Canal +, 2017). Pourquoi alors revenir sur ce thème de la DGSE ? Par défi. Aucun grand service de renseignement de cette importance n’avait encore accepté le tournage dans ses murs d’un documentaire d’une telle durée, avec une si grande variété de témoins. Degré de difficulté supplémentaire, jamais la DGSE n’avait autorisé des agents en fonction à s’exprimer avec un tel luxe de détails sur certaines de ses opérations. Après des mois de discussions, le directeur général, Bernard Emié, m’a donné son accord. Les termes du marché, somme toute, furent simples : je pouvais solliciter les témoignages de n’importe quel service, sans limite de nombre, leur poser absolument toutes les questions de mon choix, à la seule condition que le résultat soit soumis aux règles de sécurité usuelles. D’où des conditions de tournage et de réalisation bien particulières. Mais grâce au talent de Théo et de son équipe, le résultat est au-delà de mes espérances. Malgré l’anonymisation, la personnalité de chaque témoin transparaît, avec pour points communs l’humilité et une très forte conscience de l’intérêt général. Un tableau unique se compose, d’individus ordinaires, accomplissant des choses extraordinaires sans attendre de récompenses « de l’extérieur », comme ils aiment à dire.
Note de l’auteur Théo Ivanez
Lorsque je rencontre Jean-Christophe et qu’il me partage sa connaissance précise du monde du Renseignement, fruit de nombreuses années de recherches et d’une relation de confiance patiemment établie avec ceux qui ne parlent jamais, le premier sentiment est l’excitation de pouvoir filmer un monde dont seule la fiction s’est emparée jusqu’alors. Mes premiers pas à la DGSE n’en furent pas moins fébriles. J’étais soucieux de chaque endroit où je posais le regard, de chaque personne à laquelle je m’adressais. À chaque pas, j’avais cette crainte de dépasser certaines limites du secret. Mais passer les murs du boulevard Mortier, c’est faire deux découvertes. La première, c’est prendre conscience que, bien qu’il s’agisse d’un monde « à part », il n’en est pas moins normal. Ne cherchez pas les similitudes avec un imaginaire créé par la fiction, il faut très vite accepter qu’il n’en est rien. Le plus grand secret de la DGSE, c’est que ses agents sont des gens ordinaires. Ils pourraient être votre oncle, votre sœur, votre frère, une amie… La deuxième découverte fut l’ouverture exceptionnelle de « la boîte » à l’égard de la démarche du film. Au fil des entretiens-confessions savamment menés par Jean-Christophe, nous sommes parvenus à recueillir une parole d’une grande sincérité de la part d’une vingtaine d’agents, tous en activité. Et ce dans un exercice d’équilibriste pour eux, comme pour nous. Pour eux, il s’agissait de parvenir à expliquer qui ils sont, ce qu’ils font et pourquoi sans compromettre la sécurité d’enjeux nationaux et internationaux. Pour nous, il s’agissait de rendre fidèlement leurs témoignages, sans compromettre la sécurité que leur assure l’anonymat. En somme, parvenir à s’identifier, sans les identifier. Avec mes équipes de tournage et de post-production, nous avons trouvé des principes novateurs de traitement de l’image et du son pour qu’il soit donné aux spectateurs la possibilité de découvrir nos vrais agents secrets. En résulte, je l’espère, un film à la hauteur de l’humilité de ces individus ordinaires engagés, dans l’ombre, pour le bien commun.
Actuellement en librairie :
DGSE. La Fabrique des agents secrets de Jean-Christophe Notin, aux éditions Tallandier
Suivi de : France, nid d'espions
Retrouvez le communiqué de presse ici
Un documentaire de
90 min
Réalisé par
Théo Ivanez
Un film écrit par
Jean-Christophe Notin et Théo Ivanez
Produit par
Marie-Hélène Ranc et Michel Rotman
Montage
Alex Cardon
Image
Mathieu Kauffmann
Musique originale
Vincent Carlo
Une production
Kuiv
En coproduction avec
France Télévisions
Avec la participation de Public Sénat et du Centre national du cinéma et de l’image animée
Unité documentaires société et géopolitique
Catherine Alvaresse
Antonio Grigolini
Renaud Allilaire
Julie Grivaux
Sophie Cheguaray
À voir sur
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