Communiqué de presse
Des petits coins de nature ont été ravagés par les vacanciers après un buzz sur Internet.
Alors, partout en France, des riverains se battent pour limiter le tourisme dans leur région : plage interdite, instauration de quotas, chasse aux posts Instagram populaires… Et à l’autre bout du monde, Hugo Clément nous fait découvrir la face cachée du tourisme “écolo” des destinations paradisiaques.
Édito de Hugo Clément
C’est une question que je me pose au moment d’organiser mes vacances : où faut-il aller ?
Je n’ai évidemment pas envie de grossir les hordes de touristes dans des lieux surfréquentés, mais je n’ai pas non plus envie d’endommager un petit coin de nature où il n’y a personne. Ça a été le point de départ de cette enquête. On s’est rendu compte qu’il existait plein de petits endroits en France uniquement connus par les locaux qui sont devenus surfréquentés en très peu de temps après une exposition soudaine sur les réseaux sociaux. C’est nettement moins agréable pour les vacanciers, et surtout ça endommage directement la nature.
Un peu partout en France, on s'organise pour étaler ce tourisme et limiter la pression sur la nature : les quotas dans les Calanques, Porquerolles qui limite le nombre de touristes par jour sur l’île… Nous avons même découvert une plage à Crozon en Bretagne dont l’accès a été complètement interdit ! Là-bas, l’office du tourisme fait du “démarketing”, c’est-à-dire qu’ils se battent pour que la plage n'apparaisse pas sur les comptes populaires sur les réseaux sociaux, des guides de voyage, les cartes… Incroyable et complètement aux antipodes de la promotion du tourisme.
En partant à l'étranger, nous avons découvert la face cachée du tourisme présenté comme écolo. Vous rêvez peut-être d’aller en vacances à Bali et sur l'île de Gili Trawangan juste à côté. Sur cette île, pas de voiture, les touristes se déplacent à vélo… Pourtant, derrière les murs qui délimitent les hôtels, des quantités astronomiques de déchets s'amassent. L’île est en danger et le corail est menacé par les touristes, trop nombreux. Ils pensent pourtant se rendre dans un écrin de nature préservé. Aux Maldives, autre destination paradisiaque, nous sommes tombés des nues en nous apercevant que des îles entières sont construites de toute pièce uniquement pour installer des resorts de luxe. Le tout sur la barrière de corail.
Heureusement, des citoyens se battent, aux Maldives et ailleurs, pour dénoncer des projets d’un autre temps. J’ai rencontré des combattants qui rivalisent d'imagination pour sensibiliser les touristes et inventer de nouvelles manières de voyager. Il est possible découvrir le monde sans infrastructures qui détruisent la nature.
Des séquences exceptionnelles
Vallon-Pont-d’Arc : d’où vient l’eau des kayakistes qui descendent l’Ardèche ? De la Loire !!!
L’Ardèche manque d’eau en été, quand les vacanciers s’agglutinent en kayak sur cette rivière. Pour être sûr de ne jamais se retrouver à sec, on utilise une conduite qui dévie l’eau de la Loire, qui va normalement se jeter dans l’océan Atlantique, pour qu’elle rejoigne l’Ardèche ! Sans cet ouvrage colossal, on ne pourrait pas continuer à accueillir autant de touristes chaque été.
Exclusivité : des îles artificielles sont construites aux Maldives sur la barrière de corail
C’est à peine croyable : sur un atoll des Maldives, des îles artificielles entièrement destinées à accueillir des resorts de luxe sortent de l’océan. Des millions de mètres cubes de sable sont aspirés du lagon, un écosystème riche en biodiversité mais très fragile, pour être accumulés en surface. Cette technique détruit les coraux alentour. Nous avons visité le chantier en exclusivité et pris conscience de l’aberration écologique d’un tel projet.
À Étretat, on se bouscule dans le minuscule “Œil du Panda”
L'Œil du Panda, cette cavité au milieu d’une falaise d’Étretat, est devenue une attraction touristique incontournable, grâce au buzz sur les réseaux sociaux. “Œil du Panda”, c’est un nom marketing inventé de toute pièce. Tout le monde y vient pour faire la même photo… quitte à endommager le site.
Bali : la face cachée de l’île paradisiaque “écolo”
Sur l’île de de Gili Trawangan, tout près de Bali, il n’y a pas d’aéroport, on se déplace à vélo, les voitures sont interdites… Les hôtels de cette île promettent des vacances écologiques, de quoi se donner bonne conscience ! Mais derrière les palissades des resorts, les décharges de déchets n’en finissent plus de déborder. Le centre de l'île, qui était à la base un trou dans lequel on mettait les déchets, est devenu une montagne de détritus. Par endroits, des murs ont même été érigés pour cacher cette réalité peu reluisante aux vacanciers.
Surtourisme à Étretat : de plus en plus de croisières arrivent du port du Havre
Étretat, ses 1 300 habitants et ses falaises somptueuses… Qui voient passer chaque année plus d’un million de touristes ! Des paquebots de croisière arrivent au Havre, où le port est en train de s’agrandir, et les croisiéristes sont acheminés par cars entiers chaque jour. Les offices du tourisme du Havre et d’Étretat ont même fusionné pour encore plus d’attractivité. Ce développement touristique intense vire au cauchemar pour les locaux.
À Crozon, l’office du tourisme se bat pour faire oublier la plus belle plage de l’île
On la retire des documents, des itinéraires touristiques, des sites internet, des guides de voyage… À l’office du tourisme de Crozon, on se bat non pas pour promouvoir la plus belle plage de l’île mais pour la dé-référencer. Ça s'appelle le démarketing, et cette pratique devient indispensable dans de nombreux petits coins de nature en France, pris d’assaut après une publicité inattendue sur les réseaux sociaux.
Des combattants
Shaï Mallet
Sa famille vit à Étretat depuis des générations et elle ne se verrait pas vivre ailleurs. Shaï a vu son village et ses falaises devenir une étape incontournable pour les touristes du monde entier. Elle nous emmène dans son combat pour mieux gérer l'afflux de visiteurs et pour instaurer des quotas.
Ibu
Ibu est amoureux des fonds marins des Maldives, son pays. Pour sauver l’écosystème qu’il aime tant, cet instructeur de plongée courageux a décidé de prendre la parole : il nous ouvre les yeux sur la face cachée des projets touristiques de grande ampleur qui sont en train de défigurer son atoll… et la nécessité de préserver les lagons exceptionnels.
Delphine Robbe
Après ses études, cette Française a décidé de faire le tour du monde. Et puis, un jour, Delphine a posé le pied sur l'île indonésienne de Gili Trawangan et n’est jamais repartie. Cette éternelle aventurière a appris la langue, s'est investie dans la vie locale. Quand elle a vu les hôtels fleurir sur l’île sauvage, elle s’est engagée pour trouver des solutions aux déchets qui pullulent. Elle se démène pour sensibiliser les touristes à leur impact sur ce petit bout de terre au milieu de l’océan.
Présentation
Hugo Clément
Production
Winter Productions
Production
Régis Lamanna-Rodat
Hugo Clément
Rédaction en chef
Pierre Grange
Réalisation
Nicolas Bellemon
Unité documentaire
Antonio Grigolini
Xavier Grimault
Amandine Picault
Benoît Raio de San Lazaro
À voir sur
francetv.preview