Communiqué de presse
Loin d’être une « femme de », Eugénie Éboué-Tell est une « Fanm’ Doubout », une femme de pouvoir. Pourtant, les livres d’histoire semblent l’avoir oubliée. Derrière le mari, Félix Éboué, premier gouverneur noir des colonies françaises, puis secrétaire général de la Martinique et gouverneur de la Guadeloupe, il y a bien une femme.
On le sait peu mais à l'apogée de son activité politique, Eugénie est une femme noire très influente. Elle compte parmi les pionnières du féminisme noir et de la décolonisation dans la seconde moitié du XXème siècle. En 1945, elle fait partie des 33 premières femmes à être élues à l'Assemblée nationale. Elle est à l'époque l'unique femme de couleur. Selon Guillaume Villemot, auteur d'un ouvrage à paraître, "Eugénie Éboué , portrait d'une combattante", elle est même "la seule femme à avoir été présente dans les trois chambres de la République, à la fois à l'Assemblée nationale, au Sénat et au Conseil économique, social et environnemental ". En alternant avec des images d'archives et de l'animation, nous replacerons le contexte historique dans lequel Eugénie Éboué-Tell s'est illustrée et raconterons l'histoire de cette femme engagée et résistante.
L'histoire d'Eugénie Éboué-Tell commence en Guyane, où elle naît en 1891. Son père, Herménégilde Tell, ancien esclave ayant gravi tous les échelons jusqu’à devenir le premier directeur noir du bagne de Saint-Laurent-du-Maroni, l’envoie au lycée de jeunes filles de Montauban pour parfaire son éducation. Diplômée à 20 ans, elle revient en Guyane et devient la première institutrice noire du territoire.
Sa rencontre puis son mariage avec Félix Éboué est un premier tournant dans sa vie. En 1936, le couple rejoint la Guadeloupe où Félix occupe le poste de gouverneur. Sa femme le seconde alors dans tous ses postes administratifs et s’occupe de relire tous ses discours. Elle l’aide également à soutenir une politique de respect des institutions et à développer l’instruction publique dans les colonies. Nommé par le général de Gaulle en novembre 1940, Félix Éboué devient gouverneur général de toute l’Afrique-Équatoriale française (AEF) pour la France libre. De son côté, Eugénie Éboué-Tell rejoint les Forces françaises libres où elle s’engage pendant trois ans (1941-1944) comme infirmière à l’hôpital militaire de Brazzaville, au Congo, capitale de la France libre. À la Libération, en 1945, elle reçoit la médaille de la Résistance, la croix de guerre et sera faite chevalier de la Légion d’honneur. Malgré cette reconnaissance, Eugénie Éboué-Tell continue d’être réduite à un rôle ornemental de « femme de ».
Le décès de son mari avant la fin de la guerre, en 1944, est un drame. Des centaines de lettres d’amour nous montrent à quel point le couple était profondément uni. Fidèle à ses combats, Eugénie Éboué-Tell entame une carrière politique et s’affranchit de l’image d'épouse tout en faisant vivre la mémoire de son mari. En 1945, elle fait partie des premières femmes de couleur à être élues à l’Assemblée nationale. Un an après, cette militante poursuit son plaidoyer au Palais du Luxembourg en devenant sénatrice dans le groupe socialiste, engagée en faveur de l’éducation, la cause des femmes, la justice sociale et l’égalité des droits entre les Outre-mer et l’Hexagone. En 1947, elle rejoint le bureau du RPF (Rassemblement du peuple français) et fait campagne pour de Gaulle. Eugénie Éboué-Tell termine sa carrière politique à la direction de l’Alliance internationale des femmes. En 1958, elle devient conseillère municipale d’Asnières et le restera jusqu’à sa mort le 20 novembre 1972.
Selon l'auteur Guillaume Villemot, Eugénie Éboué-Tell est « la seule femme à avoir été présente dans les trois chambres de la République, à la fois à l’Assemblée nationale, au Sénat et au Conseil économique, social et environnemental ». Au-delà de sa famille, cette figure engagée transmet un héritage politique fort, dans lequel marchent aujourd’hui de nombreuses femmes politiques françaises. Elle compte parmi les pionnières du féminisme noir et de la décolonisation dans la seconde moitié du XXe siècle.
52 min
Réalisation
Camille de Brèvedent
Haussman Vwanderday
Production
Bo Travail !
Laëtitia Vuitton
Yann Streff
Avec la participation de
France Télévisions
Directeur des contenus
du pôle Outre-mer
Laurent Corteel
Directeur adjoint des contenus, en charge des magazines et des documentaires
Sophiane Tilikete
Directrice adjointe des contenus, en charge de la visibilité des programmes Outre-mer
Christelle Lefrançois
Responsable de programmes
Gabrielle Lorne
2024