NOTES D'INTENTION

L’amour pour nos enfants est une drogue dure. Face à l’invasion des drogues de synthèse, à une invention criminelle qui sait se jouer des interdits et ne cesse de se renouveler pour toujours inonder le marché de pilules en apparence anodines, comment mener un combat qu’il faudra toujours recommencer ? Comment répondre à nos enfants, comment les protéger de la violence et des tentations ? Un vain combat, qui n’en est pas moins un combat à reprendre quelles que soient les interrogations sur les risques pris, et signe la trajectoire des personnages de la série.

Une femme (presque) ordinaire plongée dans une situation extraordinaire pour sauver son fils, un flic au bord de la lassitude et néanmoins acharné qui doit répondre aux questions du sien, un truand encore peu éloigné de son enfance et chargé d’âmes à son tour, les personnages sont pris, dans la brutalité du monde, au piège de leurs engagements, de leurs complexités et de leurs ambivalences. C’est parce que ces mobiles essentiels les animent et les jettent face à tous les dangers que nous avons accueillis avec enthousiasme ce projet d’une série d’infiltration, genre peu visité. Quoi de mieux pourtant pour explorer un monde de l’intérieur ! Une série de service public qui donne sa version des rouages d’un trafic dont il ne suffit jamais de couper une tête. Un jeu de dupes, où l’on ne saura plus parfois qui manipule qui ? Qui est bon ou cruel ? Une série de fiction, car de semblables infiltrations n’existent guère telles quelles sur le terrain policier français, et où les sentiments, les dilemmes, la ruse, le danger, la tendresse et l’action sont portés haut.

Infiltré(e) est aussi pour nous une série de rendez-vous avec des talents qui sont des familiers de France Télévisions. Frédéric Krivine, Emmanuel Daucé, Jean-François Boyer, Jean-Philippe Amar qui ont fait revivre ensemble plusieurs années d’Occupation (avec Audrey Fleurot déjà, et après PJ pour Frédéric Krivine) du Village français. Pour et avec France Télévisions, une série d’auteur, de producteur, de metteur en scène, et de comédiens. Sans oublier tous ceux qui les accompagnent au fil des épisodes, une révélation, celle de Sumaï Cardenas, jeune et troublant trafiquant qui n’a d’autres racines que celles données par le drame d’un naufrage. Thierry Neuvic, pour incarner la droiture, la rage rentrée et l’impatience du père et du flic prêt à bousculer les règles. Et l’occasion d’un grand rôle, ou plutôt d’un double rôle en un, pour Audrey Fleurot, Aurélie/Valérie, qui, désarçonnée mais rapide, effrayée et téméraire, intelligente et intense, va devoir, infiltrée et seule au front, faire feu de tout bois.

Anne Holmes et Carole Le Berre, 
Unité fiction de France Télévisions 


« Notre nouvelle série Infiltré(e), écrite par Frédéric Krivine, cocréateur d’Un village français, réalisée par Jean-Philippe Amar, partenaire de longue date, avec Audrey Fleurot, comédienne avec qui nous avons eu le bonheur de traverser toute l’Occupation, incarne la politique de fidélité aux talents de Tetra Media Fiction.

Dans Infiltré(e), le monde est dépeint en zone de gris. Max, notre policier, veut arrêter un trafic de drogue mais sait au fond de lui que ce combat est perdu d’avance. Pour cela il manipule Aurélie, chimiste dans la police qui a détourné une saisie de drogue, et l’infiltre au sein d’un réseau criminel. Quant à Jésus, qui dirige ce réseau, nous découvrons qu’il est tout autant un tueur sans états d’âme que le père de substitution d’enfants abandonnés par la société.

Ces trois personnages que tout oppose finissent par se ressembler : chacun tente de protéger ses enfants du monde qui les entoure. Ainsi, au-delà du sujet de société de la politique de lutte contre les stupéfiants et du danger que représente ces nouvelles drogues de synthèse pour la jeunesse, Infiltré(e) est une série sur l’éducation. L’héritage qu’on laisse à nos enfants, la vision du monde qu’on leur donne, la valeur de l’exemple, tous ces sujets sont abordés à hauteur des personnages, la drogue devenant une métaphore des traumas que l’on transmet malgré nous.

Pour autant Infiltré(e) a aussi la volonté d’être un divertissement avec ses rebondissements, ses cliffhangers et ses moments de comédie. Car, à bien des égards, la série évoque la manière dont on biaise le réel, question qui est au cœur de nos métiers. Ou comment emmener le public dans une histoire inventée en lui donnant tous les éléments pour la rendre réelle et crédible. Ainsi Audrey Fleurot incarne Aurélie, qui devient Valérie, comme une actrice incarne un rôle, et Max joue les scénaristes et metteur en scène comme un showrunner de série.

Infiltré(e) est une série de service public qui a l’ambition de distraire autant que d’interroger. Et si j’espère que nous sommes à la hauteur de cette ambition – seuls les téléspectateurs nous le diront –, je suis déjà très heureux de pouvoir prolonger cette belle collaboration avec France Télévisions et tient à remercier ses équipes pour leur confiance, leur soutien et leur accompagnement tout au long de cette aventure. »

Emmanuel Daucé
Producteur


 

« La drogue, dans notre beau pays de France, est présentée par les pouvoirs publics actuels comme un fléau. La lutte contre le trafic occupe une part gigantesque du travail des services de police, qui rédigent chaque année des centaines de milliers de procès-verbaux d'interpellations, de perquisitions et de gardes à vue. Notre actuel président de la République, bien secondé en l'espèce par son ministre de l'Intérieur, a les mots les plus durs pour les consommateurs, qu'il n'hésite pas à qualifier régulièrement de “complices des trafiquants”. 

Tout ceci n'empêche pas la France d'être championne d'Europe de la consommation de cannabis chez les 15-34 ans – alors que la législation française est la plus répressive d’Europe – et le trafic d'augmenter régulièrement.

Illicite et dangereuse pour la santé, la nocivité de la drogue doit être mise en rapport avec l’impact sanitaire d’autres substances licites dont j’ai été ou suis encore un grand consommateur : le tabac et l’alcool. Selon l’Observatoire français des drogues et tendances addictives (OFDT), le tabac tue chaque année 75 000 personnes en France, l’alcool 41 000, et les substances illicites… environ 500.

Nous avons donc tous les éléments pour savoir que notre dispositif de lutte contre le trafic et la consommation de stupéfiants est à la fois discutable en termes de santé publique et complètement inefficace.

Cependant, pour des raisons mystérieuses, les différents pouvoirs politiques qui se sont succédé depuis vingt ans ne font rien pour modifier sérieusement leur approche – malgré les avis, tribunes, remises en question, y compris au sein de la police nationale ou chez des professionnels de santé de premier plan, qui appellent à un changement complet de vision et de stratégie. 

C'est à ce paradoxe majeur, lequel irradie toute la société française, puisque le trafic et la consommation augmentent, et que nos forces de police, qui seraient mieux employées à traiter plus rapidement les violences intra-familiales, les violences contre les personnes et les cambriolages, qui nous a conduit, avec Emmanuel Daucé, à écrire et produire Infiltré(e) : nous souhaitons montrer au public une enquête passionnante, dans laquelle une héroïne proche de nous (Audrey Fleurot) est contrainte par un grand flic (Thierry Neuvic) d’infiltrer un réseau pour démanteler un trafic majeur. Petit à petit, le spectateur est conduit à s’interroger sur le bénéfice réel, pour les citoyens, de cette grande opération. 

Nous avons choisi le dispositif de l'infiltration, bien qu'il soit en réalité peu usité par les services de police et de gendarmerie français, car il permet de découvrir un milieu, des délinquants, une micro-société, de l'intérieur, ce que l'activité de police traditionnelle ne permet pas de faire. Nous nous sommes orientés vers la drogue de synthèse, plutôt que le traditionnel cannabis, parce que c'est le trafic de l'avenir, aussi bien pour ce qui concerne la fabrication (en laboratoire de chimie, avec des produits courants) que sa distribution (par les services réguliers de la poste) ou sa quasi-impunité (car dès qu'une drogue de synthèse est interdite, ce qui prend des années, les trafiquants la modifient légèrement pour obtenir une nouvelle molécule ni autorisée ni interdite). 

Au plan du drama, le dispositif de l’infiltration permet une dramatisation de tous les instants, puisque pour sauver son fils une femme presque ordinaire, interprétée par Audrey Fleurot, va vivre sous une fausse identité, dans un mensonge permanent, qui menace sa vie, son entourage et son équilibre psychique. »

Frédéric Krivine
Auteur

Contact Presse

Isabelle Cibrélus
Chargée de Marketing Numérique Martinique La 1ère