Danyèl Waro, chantre de la créolité réunionnaise.
La Réunion a deux volcans, dit-on : le piton de la Fournaise et Danyèl Waro.
À 69 ans, le chantre le plus célèbre de la créolité réunionnaise est une légende vivante. Cet intarissable poète et musicien est devenu la voix du maloya, le blues de l'île, ancienne danse de la révolte des esclaves devenue chant de revendication de la culture créole. « À La Réunion, on est le résultat de désobéissances, de viols, d'amours, d'interdits, de fugues, de marronnages... »
Pendant vingt ans, Danyèl Waro a fabriqué des instruments de musique pour lui et pour les autres. La surprenante palette des percussions fondamentales du maloya, emblème musical et poétique de la créolité réunionnaise – bois, peau, graines, sons rauques, sons profonds, sons secs –, impose le rythme rural comme pulsion vitale : le cœur battant du tambour roulèr et le roulis saccadé des graines du kayamb, l'instrument fétiche de Danyèl Waro : une sorte de « hochet » quadrilatère en fleurs de canne à sucre où roulent des graines de safran sauvage.
Pilier d’un maloya politique et littéraire qui lui doit beaucoup de sa renommée internationale, Waro aurait pu se complaire dans le rôle de l’insurgé statufié. Mais voilà, le poète est par nature insaisissable. De fantaisies en pas de côté, il a bâti au fil des ans une œuvre réflexive et spirituelle qu'il partage avec chaleur avec son public. Ce concert capté au Téat Champ Fleuri à La Réunion nous en donne une parfaite illustration.