Communiqué de presse
« TDS, derrière l'écran des travailleuses du sexe », est une plongée dans l'univers de Betty, Anaïs, Noochka, Manon et Barty. Elles se sont toutes lancées dans le business de ventes de contenus à caractère sexuel en ligne. Comment passe t-on le cap de s'inscrire sur ces plateformes ? Quelles en sont les raisons ? Les conséquences sur leur vie personnelle ? Pourquoi certaines décident-elles de continuer depuis des années ? Et d'autres d'arrêter définitivement ?
Âgées de 19 à 28 ans, elles vendent des contenus à caractère érotique ou sexuel. Dans ce documentaire, elles racontent sans fard la réalité de cette activité supposée facile et lucrative et nous parlent de leurs rapports à leurs proches, aux clients, et du harcèlement en ligne qu’elles subissent quotidiennement. Elles se confient sur leurs rapports à leurs corps et à leur sexualisation, qu'elle soit subie ou choisie.
Leurs motivations varient : besoin d’argent, désir de reprendre le contrôle sur son image, reconstruction après un traumatisme, ou échappatoire durant des périodes difficiles. Mais toute réalisent les revers et les dangers de leur activité : disponibilité permanente pour répondre aux désirs parfois violents des clients, empreinte numérique, maigre rémunération ou harcèlement en ligne et IRL (In real life). Car au-delà de l'écran, plusieurs décrivent l'engrenage dans lequel elles ont été prises : inscrites en espérant gagner beaucoup avec quelques photos sexy, elles ont franchi toutes les limites qu'elles s'étaient fixé, allant jusqu'à la prostitution.
Loin des clichés, "TDS, derrière l'écran des travailleuses du sexe", dévoile la réalité toute en nuances des créatrices qui alimentent un business à la croissance vertigineuse.
45 min
Autrice-réalisatrice
Lila Berdugo
Production
SlugNews Network
(Jean-Baptiste Renaud)
Avec le soutien du
CNC
Avec la participation de
France Télévisions
Unité documentaires
Antonio Grigolini
Julie Grivaux
Charlène Gourmand
À voir sur
francetv.preview
Note d'intention, Lila Berdugo, réalisatrice.
Je suis une jeune femme de 27 ans. Je me suis inscrite pour la première fois sur Facebook il y a dix ans, j’ai téléchargé Instagram quelques années après.
À peine majeure, j’ai reçu des demandes de messages d’hommes, souvent plus âgés, qui me proposaient contre rémunération des photos de moi plus ou moins déshabillée, de m’acheter des sacs, de me faire des commandes sur Internet en échange de services sexuels en ligne. La plupart des jeunes femmes que j’ai interrogées sur le sujet sont formelles : elles ont toutes reçu ce genre de demandes sans jamais n’avoir rien fait pour les provoquer, en dehors d’exposer son image librement.
Plus récemment, sur TikTok, et sur Instagram j’ai vu apparaître des dizaines de vidéos de filles de mon âge voire plus jeunes, qui disaient vendre des photos de leurs pieds contre rémunération.
Des comptes en banque affichant des montants à six chiffres pour des simples photos de pieds, c'était vraiment possible ? Pendant le confinement, j’ai découvert l’existence d’OnlyFans. Avec des amies, forcément, on s’est posé la question. “Est-ce que c’est vraiment rentable ? Est-ce que c’est si facile ? Est-ce que grâce à ces photos on peut tripler le montant de notre compte en banque, en ne faisant pas grand chose ? ”.
Ce film part de ce questionnement que la plupart des filles de mon âge ont pu se poser. Mais il a l’ambition d’aller plus loin.
Il se veut le reflet d’une nouvelle génération qui navigue dans un monde post #metoo. Entre hypersexualisation, et libération du corps, c’est toute une génération de jeunes femmes, parfois à peine majeures, qui se retrouvent à devoir évoluer, et grandir avec ces nouveaux codes.
Ces plateformes ne sont qu’un symptôme de la réalité dans laquelle elles vivent. Hier c’était les camgirls, le porno. Toutes ces plateformes de création de contenu ont réussi à implanter l’idée qu’aujourd’hui, l’un des moyens le plus rapide de se faire de l’argent lorsqu’on est jeune, c’est de vendre son corps.
Mes nombreux entretiens et rencontres avec les utilisatrices d’Onlyfans et MYM au cours des derniers mois m’ont permis d’obtenir une vision plus précise de ce milieu.
Ma première question a toujours été la même : pourquoi s’étaient-elles lancées ? Comment, lorsque l’on est si jeune, on saute le pas de poster du contenu pornographique sur internet pour une poignée d’euros ?
Quel intérêt pour elle ? Était-ce réfléchi, motivé par un bouleversement de leurs quotidiens, l’influence d’un proche ? Sans surprise, il y a eu autant de réponses différentes que de jeunes filles interrogées.
Chacun des personnages nous donnera accès à une meilleure compréhension de ces plateformes : le quotidien de celles qui les utilisent, les difficultés qu’elles rencontrent, leurs relations avec leurs proches, les doutes qui les animent.
Ce sont les mieux placées pour nous raconter toutes ces problématiques. C’est aussi pour ça que ce film sera avant tout un film de témoignages.
Le film tire parti de la proximité établie lors des interviews et des échanges en huis clos avec les personnages. Cette dynamique a facilité l'accès à leur intimité et à la compréhension de leurs environnements et préoccupations.
Les jeunes filles ont montré un enthousiasme général pour le projet, qu'elles aient choisi d'y participer ou non. Beaucoup d'entre elles se sentent sous-représentées et accueillent favorablement un regard personnel sur leurs expériences. Une d'elles a même mentionné qu'elle n’aurait pas accepté de parler si j’avais été un homme de cinquante ans. Cette proximité se reflète dans le film à travers des interactions qui ancrent ces jeunes femmes dans leur réalité.
Avec un regard toujours bienveillant, ce film a l’ambition de faire le portrait de jeunes femmes toutes différentes, qui se sont lancées sur ces plateformes.