Chems. Sexe, drogue et dépendance

Dès le mercredi 28 août à 6.00 sur france.tv

« Le chemsex a failli me coûter la vie. J’ai fait deux tentatives de suicide, et soit je quitte Paris, soit je crève ».

Le chemsex, littéralement « chemical sex », mêle une prise ritualisée de drogue de synthèse à une activité sexuelle. Facilité par l’ubérisation du trafic de drogue et l’émergence des applications de rencontre à but sexuel, le « sexe chimique » est en passe de devenir un problème de santé publique. Le phénomène a pris racine dans les milieux gays. Environ 20 % d’entre eux seraient concernés selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (chiffre 2022). Isolement, rupture familiale et sociale, marginalisation, MST, risques d’overdose et de décès, le chemsex est une pratique addictive et dangereuse dont il est difficile de sortir.

Chems. Sexe, drogue et dépendance dresse le portrait intime d’Aubin, un jeune chemsexeur de 24 ans. Pendant un an, la caméra le suit dans son parcours pour se soigner. Rythmé par ses rendez-vous avec son addictologue, Hélène Donnadieu, chef de service au CHU de Montpellier, le film raconte la spirale de l’addiction, le dégoût de soi, les comportements à risque : « Tu ne sais plus te poser des limites, tu fais des trucs de malade ou tu laisses les autres te faire des trucs de malade. » 

A son parcours se mêle celui d’autres chemsexeurs. Souvent très jeunes, de 19 à 22 ans, ils incarnent une nouvelle génération de consommateurs que le covid a laissé désœuvrée et désenchantée, à la recherche d’émotions fortes via les drogues de synthèse et le sexe à outrance.

« J’ai envie de vivre », confie néanmoins Aubin. C’est alors un voyage vers la lumière qu’entame le jeune homme sous le regard bienveillant des deux réalisateurs. De périodes d’abstinence en rechutes, c’est un chemin semé d’obstacles. Aubin parviendra-t-il à « remonter à la surface » ?

 

Note d'intention
Réalisatrice Julie Robert

" Dès notre première rencontre avec Aubin, 24 ans, il nous a livré cette vérité brute. Il pratique le chemsex depuis 4 ans et il a failli en mourir. On était en terrasse, à Montpellier, en plein été. On se connaissait depuis une heure à peine, et déjà il acceptait de partager son histoire. On l’a compris plus tard, c’était un élan presque thérapeutique pour lui. Le besoin d’alerter, de mettre des mots sur ce phénomène addictif, dangereux, qui emporte de plus en plus de gays dans son sillage. Des hommes principalement, de toute catégorie sociale et de tout âge, même si les jeunes sont de plus en plus nombreux à consommer.

Pour Aubin, Nass, Gabriele, Jarod, Johan et les autres, le chemsex vient combler les manques. Manques d’une famille, de reconnaissance, d’estime de soi, d’acceptation de son homosexualité, de repères, de liens… Il répond à un culte de la performance omniprésent dans la communauté gay. A une envie d’insouciance aussi, de « tout brûler » comme ils aiment le dire. Le chems, et ses drogues de synthèse si accessibles et bon marché, leur fournissent l’échappatoire, une sensation d’extase, l’impression de pouvoir tout oublier. « Une pipette de faux bonheur » comme l’appelle si justement Aubin. Une spirale dans laquelle il est très facile de tomber, mais si dur de sortir.

Lorsque nous avons commencé à nous interroger sur ce phénomène, nous étions en 2022. Peu d’enquêtes avaient été publiées sur le sujet et l’affaire Pierre Palmade ne faisait pas encore la une des journaux. Ce faits divers a tout changé. Du jour au lendemain les médias, même les plus généralistes, se sont mis à parler de chemsex. Et tous avec une définition différente. Certains parlaient d’orgies, de partouzes, ou pire de trafic sexuel. Tous s’interrogeaient sur cette nouvelle drogue en vogue, la 3-MMC, capable de vous faire tenir debout sans dormir pendant trois jours. Certains sont allés jusqu’à parler d’épidémie, de « nouveau sida ». Dans le milieu médical et associatif, les spécialistes se sont vite braqués, excédés de ne pas être écoutés, dépités par les raccourcis trop faciles.

On a commencé à appeler les médecins, les addictologues, les responsables de Aides, pour tenter de comprendre : c’est quoi le chemsex ? Qui ça concerne ? Pourquoi c’est si dangereux ? Est-ce qu’on peut parler d’urgence de santé publique ? Très vite, une réponse s’impose : oui. Des consommateurs en meurent. Maladies, overdoses, ou même suicides. Ce sont les risques du chemsex. Sans parler des traumatismes psychologiques et émotionnels.

Sur ce point-là il n’y a pas de débat, c’est une pratique risquée qui peut coûter la vie. Mais associer drogue et sexe n’est pas nouveau. Alors quelle différence y a-t-il entre le chemsex et les soirées « à l’ancienne » où se mêlent sexe, coke et MDMA ? Pourquoi ce phénomène touche-t-il de plus en plus de monde ? Qu’est-ce qu’on y cherche ? C’est pour répondre à ces questions que nous avons aussi commencé à interroger nos proches. On s’est vite aperçus que, sans le savoir, nous avions tous dans notre entourage des chemsexeurs. Tous ne sont pas addicts, certains réussiraient même à contrôler leur consommation. « Une soirée tous les six mois, pas plus ! ». Mais pour d’autres, qui manquent de cadre et de soutien, trop jeunes ou trop fragiles, c’est la descente aux enfers assurée. Le sentiment de n’être jamais rassasié et de devoir plonger toujours plus loin.

Ce film est complexe. Nous l’avons voulu pédagogique, mais il est surtout très personnel. Nous avons passé des mois à vivre aux côtés de ces jeunes que le chemsex consume. A partager leurs errances, leurs peines et leurs espoirs. A rire avec eux, à nous questionner, à perdre patience aussi parfois ! A travers le parcours d’Aubin, qui a commencé son combat pour décrocher il y a un an, c’est le portrait d’une génération que nous avons voulu dessiner. Une jeunesse fortement impactée par la crise du covid. A travers nos échanges avec le corps médical, ce sont les mécanismes de l’addiction que nous avons essayé de décrypter.

Entre abstinence et rechute, l’équilibre pour s’en sortir est fragile. Mais c’est surtout une profonde envie de vivre que l’on retiendra de toute cette expérience."

 

 

Chems. Sexe, drogue et dépendance

Un film de 52 min 

Réalisation
Christo Roussev
Julie Robert

Produit par
Everprod-Amandine Chambelland et Yoan Zerbit

Avec le soutien du
Centre du Cinéma et de l’Image animée (CNC) 

Avec la participation de
France Télévisions

 

Unité documentaires
Antonio Grigolini
Julie Grivaux
Charlène Gourmand
Marie-Emmanuelle Wamanisa 

 

Disponible sur
 © france.tv

ID de la video FTV Preview
Anne Reverberi
Contacts - France Télévisions
Léna Bruet
France Télévisions