Temps Fort Semaine 35 2024
Dans la ferme de l'Îlot Paradis à La Réunion, Sandrine, Bruno et leur associé, Nicolas, pratiquent l’agroécologie en maraîchage et vergers. Les tempêtes tropicales suivies de la révolte des Gilets jaunes ont tout détruit. Ils décident alors de se réinstaller à Zoumine, plus au sud. Tout est à recommencer. C’est difficile.
Leurs adhérents à la vente des paniers hebdomadaires et des agriculteurs amis les aident. Des scientifiques et sympathisants les visitent et les soutiennent. Conduire la nouvelle exploitation agroécologique, résister aux aléas climatiques et répondre à la crise sociale sont leurs préoccupations quotidiennes. Préserver la biodiversité, mieux nourrir les gens, inventer de nouveaux modèles en agriculture paysanne animent leur réflexion et leur travail quotidien.
Déterminés, ils rêvent de construire un réseau d’agriculteurs qui ont fait le même choix qu’eux, élargi aux autres îles de l’océan Indien et jusqu’à la métropole.
Guy Lambert
- 2003: Doctorat Lettres et Arts option cinéma-Audiovisuel
- 1995 : DEA Lettres et Arts option cinéma-Audiovisuel (Aix-Marseille I),
- 1991 : Maîtrise de Lettres Modernes option cinéma-Audiovisuel (Aix- I),
- 1988 : Licence d'Animation Culturelle et Sociale, option Cinéma-Audiovisuel ( Aix- I)
- 1987 : DEUG Communication et Sciences du Langage, option Cinéma-Audiovisuel ( Aix-I)
- 1983 : Bac série B (Nantes).
ACTIVITES DE RECHERCHE UNIVERSITAIRE:
- Depuis 2004: Enseignant-chercheur et réalisateur de film documentaire et de recherche au Laboratoire d’Etudes en Sciences des Arts (LESA, EA 3274),
ACTIVITES PROFESSIONNELLES
- Depuis 1993, Réalisateur , film de recherche et documentaire
- Depuis le 1er septembre 2004 : Maître de Conférence Hors classe, Etudes
cinématographiques (18 ème Section) à Aix Marseille Université.
- De Septembre 2002 à Août 2004 : Attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche
(ATER UFR LACS) à l’Université de Provence : Enseignant au département Arts du
Spectacle, Secteur Cinéma.
- De Septembre 1997 à août 2002 : Professeur Associé Temporaire (PAST UFR LACS) à
l’Université de Provence, formateur audiovisuel au SCAM Aix ( 120 heures annuel) pour les
départements de l’Université de Provence.
- De Septembre 1993 à août 1997: Professeur Associé Temporaire (PAST UFR LACS) à
l’Université de Provence, responsable des formations audiovisuelles à l’IUP communication - De 1989 à 1993, Réalisateur au Centre de Ressources Audiovisuel Vauclusien (Avignon).
- De 1988 à 1989, Professeur de communication audiovisuelle au lycée agricole de Cantarel (Avignon).
- De 1987 à 1988, Assistant formateur au Centre de Formation Méditerranéen des Travailleurs Sociaux (Marseille).
- De 1984 à 1987, Maître d'internat au lycée agricole de Cantarel (Avignon).
FILMOGRAPHIE :
- "Haro sur le quiez", Documentaire, production propre, 1988.
- "Quel geste pour quelle action", documentaire, prod : Ministère de l'Agriculture, 1988.
- "TILL, l'espiègle", documentaire, prod: CRAV et TRAC, 1989.
- "Les maux dits", court métrage de fiction, prod: CRAV, 1990.
- "Exercices de style", film de recherche, prod: Université de Provence, 1996.
- "La compétence du chef d’équipe en CTC", film de recherche prod: Université de
Provence, APST, 1997.
- "Michel Vovelle, historien", documentaire, prod: SCAM, 1998.
- "Sofi ou la gestion des paradoxes", film de recherche prod: CORELER, APST, 1999.
- "Processus d’embauche chez les dockers", film de recherche prod: SCAM, 2000.
- "Plats contre plat", film de recherche. Lambert/Poitou prod: SCAM, CNRS, 2000.
- "David Perier un paysan sans terre", Documentaire , prod: Université de Provence, 2003
(collectif constitué de Guy Lambert et d’un groupe de cinq étudiants dans le cadre des
enseignements de Maîtrise Cinéma Aix), Film diffusé à Larzac 2003 devant 300 personnes)
- Le facteur humain, entre rituel et implication de soi Documentaire: étude de l’activité,
de son évolution et des nouveaux enjeux économiques et sociaux auxquels les facteurs
doivent faire face .Prod. Infinimages Marseille. 2002.2003
- Des facteurs au factuel. Où est la limite ? Documentaire: Mise en place d’un nouveau
centre de distribution du courrier : quelles répercutions sur l’activité des préposés, sur leur
engagement dans leurs tâches quotidiennes et sur les manifestations de la souffrance dont la seule issue peut s’avérer être la violence ? Prod. Imaginaires Marseille. 2004-2005 :
- De la nourrice à la famille d’accueil, épisode 1: Film documentaire historique à partir des
archives de l’INA et du ministère de l’agriculture traitant de l’enfance abandonnée. C’est le
premier film d’un coffret de 4 épisodes. Prod LESA, INA, Janvier 2014
- Le traitement des cultures en agriculture conventionnelle: pratiques et
représentations : Documentaire de recherche. approche sociologique sur les conditions de
travail des agriculteurs aujourd’hui en matière de traitement des sols avec les effluents
phytosanitaires. Prod. LESA, LCB Cadarache. Février 2015
- De la nourrice à la famille d’accueil, épisode 2: - Etre face à l'enfant 1965- 1977
Film documentaire historique à partir des archives de l’INA traitant de l’enfance abandonnée.
Dans ce film les professionnels (psy, éducateur, directeur de centre...) de l’époque
réfléchissent sur leur mission et leur devoir auprès des enfants. C'est une période très riche
avec l'utopie du Progrès en matière aussi de protection de l'enfance. C’est le deuxième film
d’un coffret de 4 épisodes. 52 minutes Prod LESA, INA, mars 2016 -
- Sous la peau du sol: Documentaire de recherche 107 minutes. Sur l’histoire de l’agriculture intensive et les effets sur le monde agricole. Prod. LESA, AMU. Juillet 2017. Diffusion dans des salles de cinéma.
Le point de départ du projet
Mon père, agriculteur en Loire Atlantique, me disait quand j’avais douze ans :
Avant les choses fonctionnaient différemment, beaucoup plus simplement. Les prairies étaientsuffisamment riches, on n’avait pas non plus besoin d’engrais ou de pesticides. Les vaches netombaient pas malades comme aujourd’hui. Il y avait moins de maladies sur les plantes… Commenton en est arrivé là ? Va-t-on un jour faire marche arrière ?’’
C'était en 1975. Il m’a fallu des années pour comprendre vraiment ce qu’il voulait me dire et pour tenter, après son décès, d’y apporter une réponse.
Le film ‘’Sous la peau du sol’’
En 2015 j’entrepris de chercher une première réponse à la question :
Après plus de soixante-dix ans de cultures intensives, la terre est-elle encore vivante ?J’ai donc parcouru le territoire français durant deux années, à la rencontre d’agriculteurs convertis àl’agriculture biologique et de scientifiques, pour faire un état des lieux de la qualité de notre sol,aujourd’hui fertilisé, mais de moins en moins fertile.
Une rencontre déterminante
Cette même année, au cours d’une recherche auprès d’agriculteurs développant l’agroécologie dans l’océan Indien, j’ai rencontré Sandrine Baud, maraîchère de fruits et légumes à ‘’l’Îlot Paradis’’ àSaint Pierre de La Réunion.
Depuis plus de quinze ans, Sandrine pratique l’agroforesterie, le contrôle biologique des parasites, la polyculture. Elle obtient des résultats malgré les tempêtes tropicales régulières et sans le soutien des organismes agricoles locaux.
Elle prend le contre-pied du modèle productiviste et souhaite s’inspirer de la pratique paysanne traditionnelle et indigène tout en pratiquant une observation scientifique rigoureuse des processus naturels et en étudiant les interactions complexes entre les différents éléments des agroécosystèmes.
Elle pense que cette agriculture durable, à taille humaine, peut être une réponse à la double crise alimentaire et environnementale mondiale.
A travers ce témoignage, je souhaite montrer comment l’agroécologie s’annonce comme un véritableprojet de transformation sociale qui veut rendre justice aux paysans du Sud, premiers fournisseurs, actuels et futurs, de l’alimentation dans le monde. Mon objectif est de donner un éclairage sur
l’efficacité de l’agroécologie et d'interroger sa potentielle exportation dans le reste du monde et notamment dans les pays industrialisés, afin de nourrir les populations, protéger la santé, l’environnement et les emplois.
Une façon de faire
Ce film se construit tout d’abord comme une chronique de vie autour de l’Îlot Paradis et de Zoumine où l'on découvre le fonctionnement des deux exploitations que tient Sandrine. Il évoluera, au fil de ses rencontres avec d'autres agriculteurs de l'océan Indien qui se sont lancés dans la permaculture (Djimmy et Clémentine aux Makes, Maya au Zinzin, les membres du Vélo Vert à Maurice), vers une réflexion sur les modes de vie et les modes de cultures paysans, leurs difficultés quotidiennes liées à la commercialisation de leurs produits, mais surtout sur les échanges et la
solidarité qui se construisent entre ces différents exploitants à petite échelle.
A Zoumine, la caméra est souvent proche, au contact des personnages principaux et du déroulement de leurs différentes activités de travail (la préparation de la terre, la culture sous serre, l’observation, les soins des plantes et de la flore, les récoltes). Nous sommes en prise directe avec la réalité des acteurs, sur les lieux de vies et de travail, et ce dans une approche formelle souvent proche du cinéma direct, afin de saisir des temps et des espaces de rencontre, des échanges partagés.
Pendant le déroulement de leur travail quotidien, et toujours hors champs, je pose des questions aux protagonistes. Je laisse la caméra tourner même une fois la parole tarie. Leurs réflexions sur leur mode de vie et l'avenir de l'agriculture se développent ainsi d'une activité à l'autre, sur plusieurs journées, parfois issues d'une longue introspection, d'autre fois spontanées.
Sandrine est l’actrice principale. Bruno son compagnon et responsable de ‘’la vie des insectes’’ est également très présent à l’image. Les deux associés racontent leur histoire, leurs motivations et commentent en direct leurs activités. Les techniciens agricoles sont filmés en situation sur
l’exploitation, les livraisons ou autres déplacements des agriculteurs sont l’occasion de voir les paysages et de sentir les liens avec la société réunionnaise : les restaurants clients, le contact avec les écoles...
Les visites et les repas avec les amapiens rendent évidente la qualité des relations nouées avec les producteurs, anticipant sur une nouvelle solidarité et un engagement commun urgent pour la transition écologique.
Les images du passé à l'Îlot Paradis, sorte d'idylle de par l'enchantement de la forêt environnante et la réussite agricole et commerciale de Sandrine, contrastent avec l'exploitation plus modeste mais plus pragmatique de Zoumine. Cette différence visuelle et sonore pose la question des voies de commerce des exploitations agroécologiques, souvent très éloignées des zones de vente. Ce constat d'évolution
nécessaire établi, le film se déploie sur l’ensemble de l’île au contact d'autres agriculteurs, puis à l’île Maurice avec de nouveaux acteurs intéressés par la culture paysanne et l’agroécologie. Des agronomes de la métropole viennent mesurer ces enjeux en zone tropicale et posent la question de l’expérience.
Passant d'une personne ou d'une exploitation à l'autre, le film prend le temps de la contemplation de la Nature environnante avec laquelle les agriculteurs doivent conjuguer leurs actions. Les pauses sont parfois musicales. Le groupe Maronaz interprète au milieu des cultures son morceau ''Margoz''. Au Zinzin, restaurant fourni par l'exploitation de Sandrine, nous prenons le temps d'un dîner musical avec Maya, chanteuse et amapienne souhaitant se lancer dans la permaculture.
La construction narrative portée par le déroulement du quotidien se construit aussi sur des rencontres organisées. C’est pourquoi les temps de repérages, de rencontres et de mise en relation avec les personnes que je vais filmer sont essentiels et détermineront le futur tournage, la qualité du lien entre
filmeur/filmés, la participation et l’implication des personnages et aussi la précision de mon regard, de mon point de vue.
La place du son synchrone et de la musique
Lors de mon deuxième séjour d’observation à La Réunion, j’ai rencontré à l’Îlot Paradis les quatre musiciens du groupe Maronaz. Ils ont été séduits par le projet du film et proposent d’y participer en mettant à disposition le morceau Margoz. Si une musique originale est composée en plus pour le film, elle sera proposée et écrite en collaboration avec Maronaz.
Le groupe tire sa source de jam sessions autour du maloya. L´arrivée d´une basse et d´une guitare ont conduit récemment le groupe vers des chemins plus métissés, plus en fusion avec d’autres styles comme le reggae, le rock et le séga. Le groupe promeut la culture réunionnaise à travers le maloya. Maya Kamaty, que j'ai rencontrée l'hiver dernier, serait à la fois une protagoniste et une seconde
interprète musicale pour le film. Maya est la fille de Gilbert Pounia, chanteur du groupe de Maloya Ziskakan, emblématique de la scène réunionnaise. Maya s'est faite connaître elle aussi sur la scène internationale en proposant des morceaux d'électro-pop-maloya. Proche de Sandrine, elle a accepté
d'être l'une des figures de mon film.
Dans le film, l’utilisation du son synchrone avec l’image est privilégiée. Une attention particulière au son de l’activité du travail, de la nature très riche à l’Îlot Paradis (la présence des oiseaux notamment) qui est ceinturée par la ravine, dans les Hauts et la forêt primaire.
Le montage et le rythme
Je souhaite que le montage fasse écho à l’agriculture agroécologique qui s’inscrit sur un temps beaucoup plus long que l’agriculture intensive, à la fois d’un point de vue agronomique mais également social et politique. Le rythme plutôt lent du film met en valeur le rythme de vie recherché par ces nouveaux agriculteurs désireux d’associer à leur métier de paysan une grande qualité de vie. Le film ainsi construit permet aussi de rencontrer la beauté des paysages et d’entendre la musique, le son de la biodiversité des îles tropicales.
Dans les transitions, les riches ambiances sonores des forêts primaires sont parfois désynchronisées des images, afin de permettre des respirations dans la parole et les actions des personnages.
Utilisation d’archives
Nous allons devoir, pour la construction du film, faire référence aux tempêtes tropicales de 2018 et à la lutte des Gilets jaunes en décembre 2018. Pour ce faire, nous allons utiliser des images d’archives filmées par Sandrine et Bruno sur les inondations à l’Îlot Paradis, des images d’amateurs ainsi que des images des télévisions locales pour évoquer les conséquences des tempêtes cycloniques, (Fakir, Dumazile et Berguitta) et sociales sur l’Île de La Réunion.
Présentation : Elyas Akhoun
52 min
Réalisation
Guy Lambert
Production
Airelles Production
Avec la participation de
France Télévisions
2024