Interview avec les comédiens de Fortune de France

Réalisateur de la fiction Fortune de France

À l'occasion de la conférence de presse qui s'est tenue au mois de juillet, Christopher Thompson, réalisateur de la série Fortune de France, se confie sur son envie d'adapter la saga de Robert Merle, les défis qu'il a rencontrés et les grands thèmes qui traversent les époques.

Comment Christopher vous a-t-il présenté le projet ? 

Lucie Debay : J’étais très excitée de voir Christopher me parler de son idée avec un regard d’enfant. Je pense que nous connaissons tous ce sentiment : les premières œuvres auxquelles on s’identifie adolescent nous marquent pour le reste de notre vie. Il m’a embarquée dans son histoire et j’avais envie de vivre dans son aventure. 

Pouvez-vous nous parler de vos personnages ? 

Nicolas Duvauchelle : Jean de Siorac est à la fois un traditionnaliste et un savant. Il passe beaucoup de temps à chercher et il se pose énormément de questions. La période dans laquelle il évolue, la deuxième moitié du XVIe siècle, est une période d’avancées technologiques et de mutation. Il essaie d’allier ce en quoi il croit, Dieu et les dogmes de l’époque, avec ce qu’il découvre. 

Guillaume Gouix : Jean de Sauveterre est un personnage désespéré, dans le sens romanesque du terme. Il est brisé car sa force et sa fierté résidaient dans le fait d’être un bon soldat. Il n’a plus la capacité de l’être, et il va se réfugier dans l’alcool. 

Il plonge aussi les deux pieds dans la religion car c’est là qu’il va trouver de la passion. Sauveterre est aussi une figure protectrice pour les enfants, ils sont une sorte de lumière pour lui. 

Grégory Fitoussi : Le baron de Fontenac est très polarisé sur ses intérêts personnels, à l’opposé des croyances de Sauveterre et Siorac, c’est un catholique radical.  

Lucie et Blandine, quel travail a été fait autour des personnages féminins pour qu’ils aient une place plus importante dans l'Histoire et en adéquation avec les préoccupations d'aujourd'hui ?  

L.D : Tous les personnages féminins sont conscients de la domination exercée par les hommes autour d’elles. Elles sont obligées de se convertir mais n’hésitent pas à faire savoir que c’est contre leur gré. Isabelle va donc résister par tous les moyens : en se mettant en scène en se fouettant, en argumentant, avec de l’humour. Elle sait qu’il y a beaucoup d’amour et de confiance entre elle et Jean et elle espère qu’il la comprendra. C’est une femme tiraillée entre fidélité à sa religion et à son mari.  

Blandine Bellavoir : J'ai trouvé qu’il y avait une certaine poésie et de l’innocence dans Cathou qui vont à l'encontre de tout ce que représentent les guerres de religion. Au-delà des personnages féminins, c’est aussi au travers de Jean de Siorac, qui affiche une masculinité que l’on n'a pas l’habitude de voir à l’époque et qui est très plaisante que se passe le travail de modernisation. C’était une question permanente  de jusqu’où aller lorsque les questions de société interviennent dans l’intime. 

Avez-vous réussi à trouver l’équilibre entre modernité et respect de l’Histoire ? 

N.D : J’avais envie de raconter l’Histoire de France et de notre patrimoine, je trouve ça très excitant. C’était passionnant de redécouvrir cette période très trouble, où la classe bourgeoise émerge, et la lutte entre l’aristocratie qui tient son pouvoir des Dieux et les autres qui tirent leur pouvoir de l’argent. C’est une société qui se retrouve fracturée, dos à dos et qui n’est pas sans rappeler celle d’aujourd’hui. 

L.D : Certains thèmes sont récurrents, la violence du monde extérieur et la politique qui s’invite dans le lit marital et la famille. 

La notion de famille est aussi très mise en avant... 

N.D : Toute cette communauté vit loin de la cour de Paris, ils sont très proches. Isabelle et Jean sont des argentés mais ils n’ont pas beaucoup de revenus. Il y a un vrai brassage social, qui s’accroît lors des moments de guerre. C’est une grande famille où tout est partagé et chacun dépend de l’autre. 

Comment s’est passé le tournage ?  

B.B : Nous avons beaucoup tourné dans les murs, au cœur des châteaux, c’était très spécial et assez fou. On pouvait ressentir qu’il s’était passé des événements et que les lieux étaient imprégnés. Il fallait trouver à la fois la justesse de jouer avec souplesse tout en respectant les éléments historiques. Le travail autour de la décoration a aussi été d’une grande aide : chaque objet, chaque couleur, cela permet d’ouvrir un imaginaire.  

L.D : La première scène que j’ai tournée avec Nicolas était assez compliquée, on aurait pu croire à un bizutage ! Nous étions sur une charrette, sans se voir l’un et l’autre. Nous avons dû la refaire en fausse synchronisation car le son n’était pas bon. Et le cheval qui tirait la calèche était trop fatigué pour continuer après une prise. C’était un vrai défi ! 

G.G : Pour l’anecdote, j’ai eu du mal avec les costumes au début. J’ai travaillé pour retrouver une aisance dans mes mouvements. Les costumes étaient faits sur mesure par un atelier dédié et je n’avais jamais porté rien de tel ! 

N.D : On ne tournait pas à Paris, donc on restait ensemble le soir, on dînait ensemble. Donc il y a eu quelque chose de très proche et des liens qui se sont créés très vite. Et de retrouver tout le monde comme ça chaque jour, il y a eu quelque chose de très plaisant.

Propos recueillis par Lucile Canonge
 

Fortune de France est disponible depuis le lundi 16 septembre sur France 2 et sur france.tv
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Bande-annonce : Fortune de France