La conspiration du silence - Saison 3

Résumé

Dans cette saison 3, nous nous intéressons à Michel Fourniret et Monique Olivier qui ont avoué les meurtres de 3 jeunes filles dans ce coin de Bourgogne. Et notamment le meurtre d'Isabelle Laville qui sera la première victime du tueur en série.

Autre sujet évoqué dans la saison 3, le pédophile de Venouse. Pendant plus de 40 ans (de 1960 à 2002), Michel Garnier a réussi à maintenir une chape de silence sur ses activités pédophiles sur les jeunes garçons de son paisible petit village de l’Yonne. Et là encore, l'inertie de la police et de la justice. Enquêtes bâclées, victimes méprisées, les mécanismes à l’œuvre dans l’affaire des disparues de l’Yonne se sont reproduits.

Cette dernière saison de la conspiration du silence va plonger une dernière fois dans les secrets d’un département qui souffre encore aujourd’hui d’une histoire criminelle invraisemblable.

Comme pour les deux saisons précédentes, le public découvrira une réalisation soignée, des fresques explicatives, des archives rares et les témoignages de grands témoins.
 

3 questions / 3 réponses

Nicolas Ricoud, délégué aux antennes et aux contenus
avec Pascale Pfister, directrice régionale France 3 Bourgogne-Franche-Comté

>>  Comment est né le projet "La conspiration du silence" ?

"Il faut remonter un peu le temps. On est en 2020, et quelques séries documentaires rencontrent un franc succès sur différentes plateformes de streaming. A l'époque, pour Pascale Pfister (ex-déléguée aux antennes et aux contenus, aujourd'hui directrice régionale), un sujet sort du lot … Dans notre région Bourgogne-Franche-Comté, une affaire mérite un traitement de la sorte : c'est l'affaire des disparues de l'Yonne.

Des documentaires plus classiques de 52 minutes avaient déjà été coproduits. Nous savions que le réalisateur Thierry Fournet connaissait ce dossier sur le bout des doigts, avait de bons contacts et de nombreux documents d'archives. Et, que le producteur Guillaume Blanc (AMDA) avait l'audace et la capacité de nous suivre.

Mais clairement, l'idée n'était pas de faire des documentaires comme on en avait l'habitude, même de façon sérielle. Il fallait aller plus loin : repenser l'écriture, l'identité graphique, apporter des éléments issus de la fiction. Il y a eu pas mal de jus de crâne entre les équipes de France 3 et AMDA Production à l'époque … et un projet est né : La conspiration du silence."

>>  En quoi est-il profondément novateur pour France 3 ?

"Novateur pour au moins deux raisons.

D'abord, parce que la première destination de cette série, ce n'était pas la TV, l'antenne linéaire comme on dit dans notre jargon.

La première destination, c'était une plateforme de streaming et en l'occurrence, celle de France Télévisions : france.tv. Le travail d'écriture a été pensé en fonction de ce côté plateforme, avec des découpages adéquats, des fins d'épisodes qui donnent envie de voir la suite.

Sur ce coup-là, on a bien été accompagné par les équipes du siège et notamment l'équipe éditoriale de la plateforme.

Et, l'autre chose qui est novatrice, c'est le traitement de l'affaire. Il n'était pas question de relater uniquement des faits. Il fallait apporter une vraie plus-value, quelque chose dans l'ADN du service public de l'audiovisuel. Et ce qui nous a semblé nécessaire de relater, voire de dénoncer, c'est cette omerta autour des différentes affaires. Qu'il s'agisse de meurtres en série, de disparition, de pédophilie, de sévices sexuels, le parti pris était de décrypter le silence de la Justice et de rendre hommage aux victimes."

>>  Quelle est la ligne éditoriale de la création documentaire dans le réseau France 3 et quels sont les prochains films inédits ICI Bourgogne Franche Comté à ne pas manquer ?

"Les régions coproduisent de nombreux films chaque année et les diffusent dans la case La France en vrai chaque jeudi soir vers 22h45. Ces documentaires sont bien-sûr accessibles à toutes et tous sur la plateforme france.tv. Actuellement, nous sommes sur une ligne éditoriale autour des sujets de société, ancrés dans le 21e siècle et dans les territoires. On ne s'interdit pas d'ouvrir un peu cette ligne éditoriale, d'aller sur des champs un peu nouveaux, autour du patrimoine, de l'environnement, pourquoi pas de l'Histoire.

Ces prochaines semaines, nous allons proposer des films inédits. Je pense notamment à "Itinéraire d'un apprenti toubib" réalisé par Antoine Page, disponible début décembre, qui suit pendant douze ans le parcours d'un étudiant en médecine entre Besançon et le sud de la France.

Nous allons aussi diffuser un documentaire historique en deux épisodes autour du crash de l'avion d'Air France "Emeraude". Ça s'est passé en 1934 au cœur du Morvan. Le réalisateur Vincent Robert a enquêté pour dénoncer un scandale d'état.

Nous aurons également des documentaires sur la lutte contre le tabagisme ou le renouveau du jardinage … Des sujets très variés, pour parler à un public large."

Note d'intention de la réalisation

Vincent Hérissé

"La Conspiration du Silence s’achève sur cette troisième et ultime saison de quatre épisodes. La série ne s’arrête pas par manque de matière, elle aurait pu continuer encore, tant les exemples de dysfonctionnements judiciaires, dans l’Yonne et au-delà, dépassent largement le cadre initial de « l’affaire des disparues de l’Yonne ».

« La justice est une vertu, mais elle est aussi un système administratif », la citation est de Bernard Revest, l’un des personnages de la série. Et comme tous les systèmes administratifs, son fonctionnement peut facilement se gripper et il lui arrive fréquemment de malmener ses « usagers ».

Après quatre ans de travail approfondi sur de nombreuses affaires différentes, qui ont chacune montré à leur manière des manquements, des errements, des fautes parfois, j’ai appris qu’on ne peut pas faire confiance aveuglément à la justice.

Réclamer et obtenir justice est un combat dans lequel chacun ne part pas avec les mêmes armes, ni les mêmes chances. Et l’égalité de traitement n’est pas toujours au rendez-vous.

« Dans une véritable démocratie, il faut prêter attention à l’autre », cette deuxième citation exprimée par Philippe Jeanne, ancien directeur d’un institut médicoéducatif, et autre personnage de la série, est toute aussi fondamentale.

Dans une époque où notre société connait des déchirements profonds et un niveau de violence de plus en plus élevé, la bienveillance et l’attention portée à autrui sont des armes puissantes et méconnues qu’il me semble important de promouvoir.

« Le monde est trop dangereux pour qu’on y vive, non pas à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui les laisse faire sans bouger ». Cette citation d’Albert Einstein ouvrait le premier épisode de la série, vingt épisodes plus tard elle est toujours d’actualité.

Le Mal est sans doute inhérent à l’Humanité, il appartient à chacun de nous de le combattre les yeux et la bouche grands ouverts. Le silence n’est jamais une fatalité."