Champ de bataille

​Synopsis

“Ils m'ont appelé à la 3^e tranchée Nord. Une ligne à réparer. Ça saute de partout. Moi, j'entends plus grand-chose de toute façon. Tympans pétés par un obus. C'est pas ma chance cette guerre. J'ai 20 ans et j'ai même pas de fusil.”

La terre porte en elle toute la mémoire des hommes. Lorsqu’ils souffrent, remontent toujours à la surface leur peine et leur tourment. En 1916, les champs de Verdun furent le théâtre d’une sauvagerie sans précédent. Corps meurtris, paysages mutilés, cieux assombris du désespoir… Dans cet environnement, un soldat, Julien, traverse ce temps obscur en y abandonnant jeunesse et félicité. Lui et la nature qui l’entoure sont unis à jamais dans un destin commun.

Note d’intention

Champ de bataille est une expérience immersive au cœur des tranchées de Verdun en 1917, dans la folie meurtrière d’un assaut. À l’occasion d’une émission de télévision sur la Seconde Guerre mondiale dont je devais concevoir l’habillage graphique, j’ai eu l’opportunité de rencontrer certains témoins de ce conflit sauvage. Ce fut pour moi à la fois un choc, l’occasion de me plonger dans mes racines familiales, puisque mon grand-père y a participé, et de nourrir mon thème de prédilection : le devenir humain. En 2016, j’ai découvert un autre champ de bataille en observant mon fils s’aventurer, sur une console de jeu, dans les méandres de « Battlefield » (Electronic Arts). Au fil des soirées, je constatais avec trouble les forces et les faiblesses du type de représentation guerrière qu’exploite le jeu. Mon fils était en guerre et ne souffrait d’aucune appréhension. Certes, ce n’était qu’un jeu. Mais celui-ci était dépourvu d’une entité capitale à mes yeux : l’humain et ce qui le constitue – c’est-à-dire son inclinaison à être, à vivre, à sentir dans sa chair, à craindre pour sa vie. Champ de bataille prétend proposer un contrepoint émotionnel à ce genre d’immersion, en soulignant notamment l’absurdité de la guerre. Cette absurdité, j’ai voulu l’incarner par Julien, un jeune héros fragile, malentendant, étranger face à un monde dont il ne comprend plus le sens. C’est par ses yeux que je rends compte de son horreur comme de son injustice. L’homme est un technicien, basé sur les lignes arrière, chargé de la maintenance des télécommunications. C’est une figure métaphorique d’une connexion humaine perdue entre bien et mal – Julien est un sourd qui redonne la parole à ses officiers, et qui malgré lui envoie les hommes à la mort. Il n’est pas actif dans la bataille, mais en reste le témoin désolé. Champ de bataille rend compte de cette désolation.