Qui pollue notre eau du robinet ?

Sur le front
Lundi 25 novembre à 21.05 sur France 5 et sur france.tv

Que fait-on quand une eau potable dépasse les seuils de pollution ? On la dépollue ? On ferme le captage ? Et bien non : on la mélange simplement avec une autre source, plus pure, et on la renvoie dans le réseau ! Hugo Clément nous montre les petits arrangements pour dépolluer notre eau potable. En France, on découvre de plus en plus de polluants dans l’eau… et il devient de plus en plus cher de les traiter. 
 


Édito de Hugo Clément, journaliste

Je me suis longtemps demandé s’il fallait boire de l’eau du robinet plutôt que de l'eau en bouteille. D’abord, je voulais absolument me passer du plastique jetable, et puis l’eau en bouteille est environ 100 fois plus chère que l’eau du robinet. J’ai voulu m’assurer que cette eau, qui sort de nos robinets, ne posait vraiment pas de problèmes pour la santé. En enquêtant, nous avons découvert qu’en France, on découvre de plus en plus de polluants dans l’eau potable. Résidus de pesticides, polluants de l’industrie ou restes des guerres… Toutes les régions de France sont concernées. 

On traite donc de plus en plus l’eau pour la dépolluer. C’est une sorte de fuite en avant. On utilise, entre autres, de plus en plus de charbon actif dans nos usines de traitement. On l’importe de l’autre bout de la planète parce que nous n'en avons pas en Europe. Nous sommes devenus complètement dépendants : si un jour une crise bloque le transport international, nous allons manquer de charbon, pour dépolluer notre eau potable. On a vu arriver un peu partout en France des stations de traitement mobiles. On est contraints de les installer, parfois en urgence, quand on découvre une nouvelle pollution que l’on doit traiter. Nous dépensons des fortunes pour dépolluer notre eau potable alors que l’on pourrait investir pour réduire les sources de pollution, en amont. J’ai été marqué par le combat d’un élu local qui essaye de trouver un accord avec les agriculteurs autour des points de captages pour qu’ils arrêtent d’utiliser des pesticides. Nous avons aussi suivi les riverains qui se battent pour que les usines ne rejettent plus de polluants dans la nature. 

Quant aux eaux en bouteilles, nous avons découvert que beaucoup sont traitées, comme l'eau du robinet. Leurs sources aussi sont de plus en plus polluées. A travers cette enquête, j’ai réalisé à quel point il est compliqué et coûteux de dépolluer l’eau une fois que des résidus de pesticides ou des polluants éternels l’ont contaminée. Il faut donc absolument protéger nos eaux profondes, arrêter la pollution en amont plutôt que de financer des usines toujours plus perfectionnées et hors de prix pour dépolluer notre eau.
 


Des séquences exceptionnelles

 

Que fait-on quand la pollution dépasse les seuils dans l’eau du robinet ? On la dilue ! 
 

@ Winter productions

C’est une pratique très répandue et pourtant personne n’en parle. Quand les seuils de pollution sont dépassés sur un point de captage, au lieu de dépolluer l’eau ou de fermer le puits, on la mélange à un autre point de captage. La pollution est toujours là mais elle est diluée… et elle repasse en dessous des seuils réglementaires.  

Chlorothalonil : on boit en France une eau interdite en Suisse

@ Winter productions

Nous avons découvert un point de captage en Suisse où des résidus de chlorothalonil, un pesticide, ont été mesurés à 0,14 microgramme par litre. Le puits a été fermé, cette eau ne rejoint plus le robinet. A l’inverse, à quelques kilomètres à vol d’oiseau, on trouve un puits avec deux fois plus de pollution (0,28 microgramme par litre), ouvert, lui. Les habitants de Lons-le-Saunier boivent cette eau.  

L’eau déconseillée aux femmes enceintes… mais personne ne les prévient 

@ Winter productions

Quand l'eau du robinet contient trop de perchlorates, des polluants issus notamment des restes de munitions dans les sols du nord de la France, elle est déconseillée aux femmes enceintes et aux nourrissons. Nous avons vérifié, la population n’est pas alertée et personne n’est au courant des risques. 

Qui paie la dépollution de l’eau du robinet à Rumilly ?... Téfal ! 

@ Winter productions

Les captages d’eau potable autour d’un site industriel où se trouve, entre autres, l'usine de poêles Téfal, ont tous été fermés pendant un an et demi. L’eau contient des PFAS, des polluants éternels. Depuis, les autorités ont installé une station de traitement, pour pouvoir rouvrir les puits et à nouveau consommer l’eau. Cela coûte 400 000 euros par an. C’est Téfal qui règle la facture, alors que personne ne les oblige à le faire. Un représentant de l’entreprise reconnaît qu’ils ont peut-être une part de responsabilité dans la pollution de l’eau. 

Perrier Citron devient « Maison Perrier » : mais pourquoi ? 

@ Winter productions

Le Perrier citron a disparu et Maison Perrier vient d’apparaître dans les rayons. Quelle est la différence entre les deux ? Un petit détail : elle est traitée… et ce n’est donc plus une eau minérale ! Perrier a reconnu avoir eu des problèmes de pollution. Ils ont donc dû inventer une nouvelle marque pour continuer à vendre leur eau.

Solution : le label Terres de Sources 

@ Winter productions

Cela se passe à Rennes. Les agriculteurs qui se trouvent à proximité des captages d’eau potable s'engagent à ne plus utiliser de pesticides que l’on retrouve dans l’eau. En échange, ils labellisent leurs produits “Terres de Sources”, ils sont assurés de les vendre à un bon prix et peuvent même recevoir des primes. Au lieu de payer une dépollution très coûteuse, les autorités se sont attaquées ici à la pollution à la source… Et ça fonctionne !
 

 

Des combattants

Mickaël Derangeon 

@ Winter productions

Un beau jour, ce professeur de neurosciences a décidé de s’investir dans sa commune. Il devient alors adjoint au maire de la petite commune de Saint-Mars-de-Coutais, près de Nantes et se voit attribuer, un peu par hasard, la gestion de l’eau. Le novice découvre alors que l’eau potable de sa région est de plus en plus polluée par les activités agricoles. Mickaël prend alors la tête du syndicat de l’eau local et se donne une mission : débarrasser l’eau des polluants et garantir une transparence absolue pour les administrés. Il nous dévoile les secrets de la dépollution de l’eau en France et nous partage ses combats pour une eau pure. 

Stéphanie Escoffier 

@ Winter productions

Il y a deux ans, Stéphanie Escoffier accepte de faire tester son lait maternel et découvre qu’elle est contaminée au PFAS, les polluants éternels. Cette mère de famille qui n’avait jamais milité se lance dans une bataille contre les géants de la chimie autour de chez elle, près de Lyon. Chargée d'affaires dans le domaine médical, elle se bat pour plus de transparence des industriels et surtout l’arrêt des rejets de PFAS dans l’eau. 

Agathe Vannieu 

@ Winter productions

Cette coach vocale des Hauts-de-France est plutôt du genre prévenante ; elle surveille la qualité de l’alimentation de sa fille, fait attention à sa santé et passe un maximum de temps dans la nature. Engagée pour la protection de l'environnement, elle s’est mise à s’intéresser à la qualité de l’eau potable dans sa région… et a découvert des taux de pollutions inquiétants. Autour d’elle, personne n’était au courant. 

 

Présentation
Hugo Clément

Production
Winter Productions

Production
Régis Lamanna-Rodat
Hugo Clément

Rédaction en chef
Pierre Grange

Réalisation
Thomas Raguet

Unité documentaire
Antonio Grigolini
Amandine Picault
Benoît Raio de San Lazaro

 À voir sur 
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Disponible sur
 © france.tv

 

Les épisodes de Sur le front sont disponibles dans la collection france.tv nature

Laurence de Faria
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