Le patrimoine religieux est la thématique de cette nouvelle édition.
Qu’est-ce qui différencie le patrimoine religieux du patrimoine profane ?
Le patrimoine religieux se distingue par sa dimension sacrée et spirituelle, généralement il est relié aux cultes et à la pratique religieuse. C’est un lien entre les communautés de croyants à travers l’histoire. Il favorise la transmission et la connaissance des traditions et des pratiques cultuelles, notamment pour les jeunes générations.
Quelles sont les raisons pour lesquelles il vous paraissait important de proposer une émission consacrée au patrimoine religieux ?
La matinée interreligieuse est diffusée chaque année à la fin du mois de novembre. C’est un rendez-vous important proposé par l’ensemble des spiritualités religieuses des Chemins de la foi (bouddhiste, musulmane, juive, des chrétiens orientaux, orthodoxe, protestante et catholique), au cours de laquelle chacune des traditions échange et confronte leurs idées autour d’un thème. Le patrimoine religieux est la thématique de cette nouvelle édition, une thématique qui est apparue comme une évidence pour les producteurs des émissions religieuses, à trois semaines de la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris. L’incendie de Notre-Dame survenu en avril 2019 a suscité une vive émotion en France et à l’international, sa réouverture est un événement d’importance majeure, attendu par l’ensemble des Français, et bien au-delà.
Est-ce que le patrimoine religieux suscite toujours autant d’intérêt auprès du grand public, croyant ou non ?
L’émoi suscité par l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le succès des Journées du patrimoine et aussi celui du Loto du patrimoine témoignent d’un fort attachement du grand public à notre patrimoine, et au patrimoine religieux en particulier.
Il existe à travers toute la France un patrimoine religieux extrêmement riche plus ou moins connu : églises, temples, synagogues, pagodes… le plus souvent ancré dans un territoire. Cette double appartenance territoriale et historique contribue à l’intérêt du public, croyants ou non.
En corrélation avec la sauvegarde des monuments en eux-mêmes, y a-t-il un patrimoine immatériel à mettre en valeur et à sauver ? Tels que les rites, mais aussi les savoir-faire liés à ces édifices ?
Avec la baisse de la pratique religieuse, la fermeture de nombreux lieux de culte, le patrimoine immatériel religieux est menacé de disparaître. Certains rites, certaines pratiques religieuses sont peu à peu abandonnés, et avec eux, certains savoir-faire sont délaissés, c’est le cas également des arts religieux comme la musique, la peinture, la calligraphie. Ces pratiques ont besoin d’un fondement culturel et religieux fort pour exister et se perpétuer et ainsi favoriser la transmission, mais aussi la connaissance et la compréhension auprès de tous, croyants, non-croyants.
Comment réussir à sauver ce patrimoine ? L'idée d’une billetterie à l’entrée des églises, comme en Espagne, vous paraît-elle être une bonne piste ?
La sauvegarde du patrimoine religieux est un sujet majeur. En France, ce sont les communes qui sont propriétaires des édifices religieux et, à ce titre, elles sont chargées de leur entretien et de la restauration. Une charge énorme pour la plupart d’entre elles. La Fondation du patrimoine contribue également largement à financer cette restauration, mais malgré tout de nombreux lieux de culte sont menacés.
La piste d’une billetterie à l’entrée des églises n’est pas compatible à ce jour avec la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, celle-ci interdit en effet toute tarification à l’entrée des églises. Il existe d’autres propositions de financement, par exemple une demande de contribution pour l’entretien, symbolique et surtout libre, qui serait systématisée à l’entrée des édifices religieux les plus remarquables.
On observe de plus en plus d’initiatives individuelles ou collectives, de croyants ou non, qui œuvrent pour la conservation de certains de ces édifices religieux.
Propos recueillis par Diane Ermel