L'Opéra de Paris a longtemps exigé que toutes les œuvres soient chantées en français, une pratique oubliée qui a pourtant duré jusqu'au milieu du XXe siècle.
Dans un souci d’accessibilité de l’art lyrique, l’Opéra Royal de Versailles reprend cette tradition et, après La flûte enchantée, fait revivre la version française de L’enlèvement au sérail.
L'enlèvement au sérail est, dans la tradition de l’opéra-comique, un « singspiel », c’est-à-dire un opéra qui alterne entre des chants et de longs dialogues parlés. Le proposer en version française évite les ruptures entre parties chantées et parlées et permet ainsi de garder une fluidité dramatique.
L'histoire se déroule dans un harem en Turquie ottomane. Belmonte, un noble espagnol, vient sauver sa bien-aimée, Constanze, retenue prisonnière dans le sérail du pacha Selim avec sa servante Blonde et le valet Pédrille. Après diverses péripéties, Belmonte parvient à libérer Constanze et les autres, grâce à la clémence du pacha Selim, qui renonce à se venger.
C’est Michel Fau qui connaît son Molière comme son Mozart par cœur qui met en scène le spectacle. Il se distribue le rôle parlé du pacha, un pacha pas si cruel et qui saura sacrifier son amour pour le bonheur de Constance.
Puisque c’est une « turquerie », Michel Fau installe un Orient fantasmé fait de toiles peintes, de costumes colorés mais aussi des décors modulés, des ombres chinoises et même des tapis volants. La mise en scène joue avec les codes du théâtre populaire pour recréer l’esprit du « singspiel ».
Pour ce voyage vers l’Orient qui parle français, l’Opéra Royal a réuni un plateau homogène et cent pour cent francophone, qui sait passer du « parler » au « chanter » avec une jolie aisance. L’homme de théâtre Michel Fau a tenu à installer une vraie direction d’acteurs, et faciliter au mieux la compréhension de l’action.
Cette théâtralité assumée, elle est aussi dans la fosse avec l’Orchestre de l’Opéra Royal dirigé par Gaétan Jarry qui sait se montrer subtil dans les accompagnements des airs et plus présent dans les moments orchestraux ou de changements de décors.
Mozart en français dans l’écrin de l’Opéra Royal, n’en déplaise aux puristes, offre une nouvelle accessibilité à l’opéra, que relaie France Télévisions dans un souci commun d’ouvrir le grand répertoire à tous.
Mise en scène
Michel Fau
Direction musicale
Gaétan Jarry
Musique
Wolfgang Amadeus Mozart
Livret
Johann Gottlieb Stephanie
Orchestre et Chœurs de l’Opéra Royal
Constance : Florie Valiquette, soprano
Belmont : Mathias Vidal, ténor
Osmin : Nicolas Brooymanns, basse
Blonde : Gwendoline Blondeel, soprano
Pédrille : Enguerrand de Hys, ténor