Michelle Perrot se livre en toute intimité sur son destin de femme et sur le travail de recherche et d’écriture qui fut au cœur de sa vie.
Dans ses travaux souvent pionniers, l’historienne Michelle Perrot n’a eu de cesse d’interroger le destin de celles et ceux qui se situent en marge de notre société, de leur redonner une voix pour briser le silence de l’Histoire. Dans son « Histoire de chambres », publiée en 2009, Michelle Perrot dit « je » pour la première fois. Elle se livre à une exploration du rôle social et intime des chambres à travers l’Histoire. Inspirée par ces réflexions, Teri Wehn-Damisch dessine un portrait « en chambre » de l’historienne : nous pénétrons avec Michelle Perrot dans les chambres de la maison de Nohant, où vécut la rebelle George Sand qui fut sa première héroïne. Les évènements marquants de son enfance, l’éveil de sa conscience politique, ses recherches audacieuses, ses rencontres décisives, son regard sur le féminisme : Michelle Perrot nous plonge dans les épisodes qui ont façonné sa vie de femme libre, et qui la placent parmi les figures intellectuelles les plus marquantes de notre temps.
Note d’intention de la réalisatrice Teri Wehn-Damisch
La première fois que mon chemin a croisé celui de Michelle Perrot, c’était en 2008, lors du tournage d’un documentaire de la série Empreintes pour France 5, que je réalisais sur l’ethnologue Françoise Héritier dont nous étions toutes les deux très proches. Il y a quelques mois, nous nous sommes recroisées par l’intermédiaire de connaissances communes. Michelle Perrot a eu de multiples occasions de raconter son travail d’historienne, à travers un nombre incalculable d’articles, de livres, de podcasts radiophoniques ou d’interventions publiques. Ici, j’ai eu envie qu’elle puisse se raconter en tant que femme, en consacrant un documentaire télévisé particulièrement intime à celle qui est devenue l’icône de toute une nouvelle génération de féministes.
En 2018, Michelle Perrot a signé un essai littéraire consacré à George Sand, la rebelle de Nohant, romancière et femme politique. Derrière George Sand, c’est la marginalité des femmes dans leur époque que Michelle Perrot interroge, et les espaces de liberté qu’elles s’approprient. La maison de Nohant m’est alors apparue comme un dispositif idéal pour ce film : pendant que l’historienne poursuit son enquête sur les chambres, Michelle, la femme, se confie sur sa propre histoire. La forme de cette œuvre est une porte d’entrée privilégiée vers l’intériorité de Michelle Perrot, nous permettant d’éclairer les éléments de son parcours intellectuel d’une lumière inédite. Sans pour autant oublier ni trahir les figures de son engagement, je souhaite aborder Michelle Perrot avec un pas de côté, un angle décalé qui nous fera apparaître la femme, la féministe et l’écrivaine derrière l’historienne.
Biographie de Teri Wehn-Damisch
Après avoir grandi à New York, Teri Wehn Damisch intègre au début des années 1970 le Service de la recherche de l’ORTF, à l’invitation de Pierre Schaeffer. Par la suite, elle devient productrice déléguée sur Antenne 2, où elle conçoit des émissions sur l’art et la culture. Entre 1976 et 1981, elle y produit Zig Zag, une émission mensuelle, qui lui permet d’établir un dialogue entre les arts. En phase avec les grandes expositions de son temps, elle conçoit la série documentaire Ping Pong au Centre Pompidou, qui lui permet de faire fructifier sa culture transatlantique.
A partir des années 1980, elle obtient sa carte de réalisatrice, et signe ses premiers portraits documentaires. Elle explore avec un œil aiguisé les vies et les œuvres de multiples artistes, architectes, peintres, photographes, et s’intéresse particulièrement au cinéma expérimental. Parmi ses portraits parisiens figurent plusieurs films dédiés à des femmes artistes ou intellectuelles, souvent originaires, comme elle, d’autres cultures : Sonia Delaunay, Gisèle Freund, Jacqueline Salmon, Julia Kristeva. Ils témoignent d’une profonde réflexion sur l’art, sur l’exil, sur ce qu’est la création. Ses films sur l’architecte canadienne Phyllis Lambert ou sur l’anthropologue Françoise Héritier reflètent à quel point le travail de Teri Wehn Damisch s’affranchit des frontières entre les arts et les différents domaines de réflexion. Sa riche filmographie est marquée par un travail d’expérimentation, une grande exigence intellectuelle et un sens profond de l’humanité.
En 2022, elle reçoit le prestigieux prix Brabant de la SCAM, consacrant son parcours de réalisatrice. La même année, le Centre Pompidou organise une rétrospective de son œuvre.
Documentaire
52 minutes
Un film de
Teri Wehn-Damisch
Musique originale composée et dirigée par
Marc-Olivier Dupin
Produit par
Fabienne Servan-Schreiber
Estelle Mauriac
Une production
Cinétévé
Avec la participation de
France Télévisions, et du
Centre National du Cinéma et de l'image animée
Avec le soutien de
La Procirep - Sté des producteurs et de l'Angoa,
Année 2024
Unité documentaires France Télévisions
Antonio Grigolini
Emmanuel Migeot
Hélène Frandon
À voir sur
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