La prohibition américaine, une aubaine française

La case du siècle
Dimanche 19 janvier à 23.00 sur France 5 et sur france.tv

Le 5 décembre 1933, c’est l’affliction dans la petite colonie française de Saint-Pierre et Miquelon si proche des États-Unis, alors qu’à New York, Los Angeles, Chicago, la fête bat son plein. La loi qui interdit aux Américains de boire, d’importer ou de commercer de l’alcool depuis treize ans vient enfin d’être abrogée ! Cette période, connue sous le nom de « prohibition américaine », est terminée.

Si à Saint-Pierre et Miquelon on est aussi meurtri, c’est parce que depuis 1922 la colonie française est devenue la plaque tournante du plus grand trafic d’alcool jamais organisé. L’archipel français s’est transformé en base logistique et a récolté des pluies de dollars. Cette manne providentielle a profité à la colonie mais aussi à l’Hexagone qui a empoché des taxes douanières faramineuses. Les gouvernements français qui se sont succédé ont tout fait pour favoriser ce commerce, au grand dam des Américains…

L’aubaine était trop belle pour relancer des secteurs de l’économie moribonds comme la filière du champagne, particulièrement éprouvée par la Grande Guerre. Le port de Bordeaux, qui exporte les alcools français, a retrouvé une deuxième jeunesse. La Compagnie générale transatlantique qui relie Le Havre aux États-Unis, a développé son chiffre d’affaires grâce aux riches Américains qui ont profité de croisières bien arrosées. Les fameux cognacs Monnet relancés par Jean Monnet, futur « père de l’Europe », se sont même retrouvés sur les étagères des drugstores américains comme…médicaments !

Ce marché noir tenu par la mafia américaine a été alimenté par des marins aventuriers, les bootleggers, qui n’ont pas eu froid aux yeux en livrant clandestinement la marchandise en haute mer le long de « la ligne du rhum ». Le Français le plus célèbre d’entre eux, le Saint-Pierrais Henri Morazé, est allé jusqu’à rencontrer Al Capone en personne. Ces contrebandiers ont affronté la haute mer, les garde-côtes américains – qui n’hésitaient pas à ouvrir le feu – et les cutters, des pirates prêts à tout pour piller les précieuses cargaisons de whisky ou de champagne. Ils se ravitaillaient à Saint-Pierre, où tout le monde bénéficiait de ce commerce ; illicite aux États-Unis mais complètement légal en France. L’argent a tellement ruisselé qu’à Saint-Pierre on ne savait plus comment stocker les liasses de dollars qui s’accumulaient dans les coffres-forts.

Les Américains ont multiplié les pressions sur les gouvernements français qui, avec une grande courtoisie, se sont empressés de ne rien changer ! Il faudra le crack de Wall Street en 1929 puis l’élection du président Franklin Roosevelt fin 1932 pour que la politique d’interdiction de l’alcool aux États-Unis se fissure et que le « Volstead Act » soit définitivement abrogé en 1933. C’est la fin des « jours heureux » pour Saint-Pierre et Miquelon. L’île au champagne redevient avec amertume l’île de la pêche à la morue…

 

Documentaire

54 min – inédit

Ecrit et réalisé par

Xavier Fréquant et

Yassir Guelzim

Raconté par

Philippe Torreton

Musiques originales

Mathieu Gauriat

Illustrateur-création des dessins

Antoine Moreau-Dusault

Conseiller historique

Jean-Pierre Andrieux

Recherchiste archiviste

Jean-Marie Disdero

Production

Screen Addict

Wapiti Productions

Producteur délégué

Xavier Fréquant

Avec la participation de

France Télévisions,

de la Collectivité territoriale de Saint-Pierre et Miquelon,

de la Procirep et de l’Angoa,

du ministère des Outre-Mer et

du Centre National du Cinéma et de l’image animée

2024

Unité documentaires France Télévisions

Antonio Grigolini

Emmanuel Migeot

Louis Castro   

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