
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, tandis que l’Empire colonial français s’embrase autour des mouvements d’émancipation des peuples colonisés d’Afrique et d’Asie, la Nouvelle-Calédonie semble s’être figée dans le temps. Les Foulards rouges, un mouvement pionnier de la revendication kanak, sont créés le 2 septembre 1969 par l’ancien grand chef de Guahma et futur leader du parti Libération kanak socialiste (LKS), Nidoïsh Naisseline. Retour sur une histoire oubliée, celle d’un rêve brisé par la violence des années 80.
L’histoire des Foulards rouges prend sa source sur les pavés de Paris dans les années 60, en pleine période de décolonisation. À l’époque, les étudiants calédoniens commencent à accéder en nombre aux universités de l’Hexagone et sont happés par la contestation étudiante qui monte.
Un petit groupe constitué de Calédoniens descendant de colons et de Mélanésiens se forme. Ensemble, ils se penchent sur les mécanismes structurels de la colonisation qui ont entretenu depuis des décennies des inégalités ethniques, économiques, culturelles et sociales en Nouvelle-Calédonie.
Max Chivot, alors étudiant en sciences économiques, analyse la société calédonienne à la lumière de la lutte des classes. Nidoïsh Naisseline, fils d’un grand chef coutumier mélanésien, se penche de son côté sur la façon de redonner aux Mélanésiens leur fierté et valoriser leur identité culturelle.
Le groupe d’étudiants rêve d’un monde où le mot « Kanak » ne serait plus une insulte raciste, mais représenterait tous les Calédoniens libérés de la pensée coloniale. Après Mai 68, ils décident de passer à l’action et reviennent en Nouvelle-Calédonie, portés par les écrits d’Aimé Césaire, Albert Memmi ou Frantz Fanon, avec la volonté de réveiller les Calédoniens. En cinq ans à peine, les jeunes activistes vont changer les paradigmes de la société calédonienne.
Leurs armes sont faites de graffitis, de tracts, slogans, revues anticoloniales, réunions, débats d’idées et manifestations pacifiques... Sont-ils des révolutionnaires, des humanistes, ou encore des agitateurs ? L’historien David Chappell est le premier à s’être penché sur la période des Foulards rouges avec cette question qui le hantait : « Comment ce mouvement pacifique porté par un idéal d’unité a-t-il abouti à une fracture communautaire et aux violences des événements dans les années 80 ? »
Entre archives et témoignages, ce film raconte l’histoire des Foulards rouges qui, avant d’être un mouvement politique, était surtout, comme l’expliquait Nidoïsh Naisseline, un élan de la jeunesse portée « par une volonté de respirer, de parler et d’aimer », ayant « marqué la résurrection inattendue de l’univers kanak » au sein de la société calédonienne.
52 min
Écriture
Christine Della-Maggiora
Réalisation
Dominique Roberjot
Production
Latitude 21 Production
Avec la participation de
France Télévisions
Directeur des contenus
du pôle Outre-mer
Laurent Corteel
Directeur adjoint des contenus, en charge des documentaires
Sophiane Tilikete
Responsable de programme
Gabrielle Lorne
2024