Pesticides, poisons éternels ?

Vert de rage
Lundi 3 février à 21.05

Martin Boudot et Mathilde Cusin enquêtent en France et à l'étranger sur les grands scandales environnementaux et les graves pollutions. Ils confrontent les responsables industriels et politiques mis en cause. Objectif : créer de l'impact pour faire bouger les lignes et trouver des solutions. Leurs enquêtes font l’actualité dans les médias français et étrangers.

21.05 Vert de rage : Pesticides, poisons éternels ?

Des usines en France continuent de fabriquer et d’exporter des pesticides pourtant interdits en Europe et des fruits et légumes importés en France contiennent des traces de produits toxiques. 

En France, comme partout sur la planète, l’industrie des pesticides est soupçonnée de polluer l’environnement. Depuis un an, Mathilde Cusin, Manon de Couët, Martin Boudot et l’équipe de Vert de Rage enquêtent sur la persistance des pesticides interdits dans notre environnement.

Bien que retirés du marché en Europe pour leur toxicité, certains de ces pesticides sont encore produits par des géants de l’industrie phytosanitaire en France pour être exportés vers des pays aux réglementations moins strictes. Ces substances, souvent cancérigènes, neurotoxiques ou perturbateurs endocriniens, contaminent les populations à l’étranger, et continuent de polluer l’air, les sols et les eaux en Europe. Les industriels profitent de brèches dans la législation française. 

Avec des scientifiques internationaux, l’équipe de Vert de Rage a réalisé une campagne de prélèvement inédite pour mesurer l’impact de ces pesticides interdits sur notre environnement, et en particulier autour de ces usines de production en France. L’équipe a analysé des échantillons d’eau potable, d’eaux de surface et d’eaux souterraines à proximité de ces sites, en collaboration avec le Professeur Souleiman El Balkhi du CHU de Limoges. 

Au total, 372 molécules ont été recherchées, dont 190 interdites. Les résultats montrent une pollution environnementale autour de ces usines. En 2023, l’usine BASF de Saint Aubin les Elbeufs a par exemple exporté 1 428 tonnes de fipronil, interdit pour l’agriculture en France depuis 2004. Le fipronil est hautement toxique pour l’écosystème et notamment pour les organismes aquatiques. Au niveau des rejets de cette usine, les taux de fipronil s’élèvent jusqu’à 0,259 microgrammes par litre, 336 fois supérieur au seuil de risque environnemental (PNEC). BASF indique opérer « une autosurveillance régulière sur les rejets de cette usine en coordination avec l’administration et faire l’objet de visites d’inspection au titre de la réglementation ». 

Pour mesurer l’impact de ces pesticides interdits dans les pays exportateurs, l'équipe de Vert de Rage a enquêté en Inde où des agriculteurs sont contraints d’utiliser des tonnes de pesticides sur leur rizières, contaminant aussi des centaines de milliers de personnes, en particulier des enfants. Dans la région agricole du Pendjab, le nombre de jeunes patients souffrant de maladies neurodégénératives atteint des records.

Ces produits interdits et toxiques reviennent ensuite dans nos assiettes en France. Afin de mesurer la quantité de pesticides interdits contenus dans les fruits et légumes importés hors de l’Union Européenne, Vert de rage a testé un panel de denrées achetées en grande surface, et recherché plus de 400 pesticides. 31,82% des échantillons collectés par l’équipe Vert de Rage dans les supermarchés français contenaient des résidus de pesticides interdits.


Les premiers impacts de l'enquête

Depuis la révélation des résultats de cette enquête, les autorités se sont engagées à revoir la législation qui permet aux entreprises phytosanitaires de continuer à exporter des pesticides interdits en Europe. 

Trois associations françaises ont également en parallèle saisi le Conseil d'État pour demander la fin de ces exportations toxiques.

De nouvelles campagnes de mesures autour d’une des usines de production de pesticides en Normandie ont été publiées par le ministère de la Transition écologique, confirmant une forte contamination des rejets environnants. 


Vert de rage, une série d’enquêtes mêlant sciences, environnement et engagement citoyen dont l’impact des révélations fait déjà bouger les lignes.


21.55 Vert de rage : la contamination à petit feu

Des produits chimiques se sont immiscés dans tous les objets du quotidien. Jouets, meubles, électroménagers, isolants… Il s’agit des retardateurs de flamme. Supposés prévenir l’inflammation, ces composés invisibles et inodores sont surtout dangereux pour la santé. Ils sont classés perturbateurs hormonaux, et suspectés d’être cancérigènes.  Les pompiers en intervention y seraient particulièrement exposés. Dans la profession, les cas de cancers se multiplient. Certains n’y survivent pas et meurent en silence.

Pendant 1 an, avec l’aide de scientifiques américains et européens, Mathilde Cusin, Martin Boudot et l'équipe Vert de Rage ont réalisé des dizaines de prélèvements à travers la France pour mesurer la contamination des pompiers aux retardateurs de flamme. 

Ces premières révélations ont déjà fait l’actualité. Mais leur enquête les mène bien au-delà du seul cas des soldats du feu. Et ils découvrent comment ces retardateurs de flamme toxiques se retrouvent aussi dans les jouets pour enfants, dans l'environnement et dans l’eau potable.


Les premiers impacts de l'enquête

Ces révélations de Vert de Rage sur la toxicité des retardateurs de flamme ont résonné jusqu'à l'Assemblée nationale où le ministre de l'intérieur sera interpellé par des députés sur la santé des pompiers. La sécurité civile, en charge des pompiers professionnels en France a annoncé la livraison de nouvelles cagoules pour mieux les protéger.

Dans la foulée, le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a rappelé en décembre 2024 son souhait d’élargir la liste des cancers reconnus comme maladies professionnelles. Une première victoire pour les pompiers. 

Depuis la diffusion de Vert de Rage : la contamination à petit feu, une étude de grande ampleur a été diligentée par des chercheurs de l’Institut français de recherche dédié au milieu aquatique, l’IFREMER, dans le Pays-Basque et espérer remonter la source de cette contamination régionale.

Série documentaire

Saison 4 

Inédit 52 min

Un film de
Mathilde Cusin
Manon de Couët

Ecrit par
Mathilde Cusin
Manon de Couët
Martin Boudot

Production 
Premières Lignes
(Luc Hermann)

Avec la participation de
France Télévisions et du
Centre national du cinéma et de l'image animée

2024

Unité documentaires
Antonio Grigolini
Amandine Picault
Benoît Raio de San Lazaro

#VertDeRage

À voir sur
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Disponible sur
 © france.tv

Valérie Blanchet
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