François Mauriac, mémoires intimes

Vendredi 21 février à 22.55 sur France 5 et sur france.tv

Plonger dans les albums de famille de François Mauriac, c’est découvrir sous un jour inédit l’auteur de certains des classiques de la littérature française du XXe siècle : Thérèse Desqueyroux, Le nœud de vipères, Le Sagouin…
Derrière le noir et blanc des images du bonheur, les zones grises d’une âme tiraillée toute sa vie, entre le devoir et le désir, dont se souviennent avec émotion ses petits-enfants.

François Mauriac est un écrivain incontournable de l’histoire littéraire, spirituelle et politique du XXe siècle. Élevé dans une famille bourgeoise proche de la droite extrême, il est sorti des sentiers battus pour adopter des positions aux antipodes de son milieu d’origine. Chrétien fervent, il n’a cessé d’être écartelé entre une vie familiale, conforme aux exigences de sa pratique religieuse, et ses tentations « inavouables ». Selon sa propre formule, et en dépit de son immense gloire littéraire, il fut « l’écrivain le plus insulté de France ». Grand bourgeois richement doté, couvert d’honneurs et ami des puissants, Mauriac connut le malheur d’être un anticonformiste malgré lui. Son œuvre, immense, en est le reflet.

Lorsqu’il s’éteint le 1er septembre 1970, à l’âge de 85 ans, il a réalisé une traversée du siècle comparable à nul autre. Le patrimoine hérité, l’éducation reçue auraient dû faire de l’homme, comme de l’écrivain, un notable de droite voire d’extrême droite, un catholique soumis aux diktats de l’Église, un conservateur passéiste. Il n’en est rien. À partir de 1937, François Mauriac soutient les républicains lors de la guerre d’Espagne. Fin 1940, contrairement à ceux de son monde qui prêtent allégeance au vieux maréchal collaborationniste, il se range derrière Charles de Gaulle. Auréolé du prix Nobel de littérature en 1952, il jette toutes ses forces d’écrivain en faveur de la décolonisation du Maroc, puis de l’Algérie. Seule une plongée dans son intimité peut nous permettre d’éclairer ce parcours singulier, tant sur le plan politique qu’intellectuel. Toute sa vie, Mauriac tenta de se frayer un chemin tortueux entre le silence et la confidence, entre les devoirs d’une vie bourgeoise et des attirances toutes autres. François Mauriac n’aura cessé de protéger les siens – de ses tentations comme de ses tourments. Sa mère d’abord, sa femme Jeanne ensuite, qui le connaissait mieux que personne et avec laquelle il entretint jusqu’au bout de leur vie commune une relation de grande tendresse, ses quatre enfants enfin. Longtemps taboue, la question homosexuelle chez François Mauriac est à présent considérée comme une donnée essentielle de la personnalité, du destin et de l’œuvre de l’écrivain. Expliquer combien l’univers romanesque de François Mauriac a été nourri de la part la plus clandestine de son être, combien ses prises de position politiques ont été suscitées par la conscience de sa propre différence, s’avère passionnant. Ses protagonistes, qu’il s’agisse de Thérèse Desqueyroux, des personnages du Nœud de vipères ou des Anges noirs sont porteurs d’une douleur, d’une colère, d’une révolte, d’une soif de transgression, que l’écrivain a couché sur le papier mais tu, sa vie durant. « Je rigole, mon cher Mauriac, je rigole, quand on fait de vous un écrivain du catholicisme, lui écrit Roger Martin du Gard, à la fin des années 1920. Il n’y a pas une œuvre d’incrédule ou d’athée où le péché soit le plus exalté… Ce sont des livres à damner les saints ! Il crève les yeux que vos tableaux sont peints avec une frénésie, une complaisance, une évidente et charnelle tendresse… »

La messe est dite…

 

Note d'intention d'autrice - Virginie Linhart

Épris de justice et ardent défenseur de la liberté des peuples, Mauriac est issu d’un milieu qui professait le mépris envers les plus faibles. Progressivement, il s’est émancipé de ses origines et du monde auquel il appartenait. S’il est aujourd’hui possible de livrer un vrai récit de ce que fut la vie de François Mauriac, c’est pour deux raisons essentielles : d’une part les mœurs ont changé, d’autre part les principaux intéressés ne sont plus de ce monde. Une fois n’est pas coutume : le temps qui passe se révèle un véritable atout dans la réalisation de ce portrait de François Mauriac.

De son vivant, l’écrivain a toujours caché ce qui traversait au quotidien ses pensées et désirs les plus intimes. Néanmoins, les souvenirs d’enfance et d’adolescence, qui parsèment l’ensemble de son œuvre, sont autant de petits cailloux semés sur la voie de la confidence. Mauriac n’a jamais cessé de jouer dans ses écrits entre le dire et le taire. Une intimité tourmentée, équivoque, écartelée entre la volonté de se plier aux exigences de la tradition familiale et les attractions singulières ressenties très jeune. Grâce à l’un de ses petits-fils, Pierre Wiazemsky, j’ai eu accès à l’ensemble des albums photographiques de la famille Mauriac. J’ai décidé d’utiliser cette matière première inédite pour raconter, tout en images d’archives, la vie de François Mauriac en faisant intervenir en voix off ses petits-enfants qui, chacun à leur manière, se rappellent de ce grand-père pas comme les autres qui les a tant marqués. J’ai également demandé à son biographe, Jean-Luc Barré, auteur d’un formidable François Mauriac. Biographie intime, et à l’écrivain journaliste Philippe Lançon, inconditionnel des Bloc-Notes, de me raconter « leur » Mauriac. Ces éclairages interviennent également en voix off sur des photos et des documents jamais dévoilés jusqu’ici.

      Un film  écrit et réalisé par 
Virginie Linhart

Sur une idée de
Valérie Solvit

Produit par
Nathalie de Mareuil

Production
Compagnie des Phares et Balises
Camera Lucida Productions

Avec la participation de
France Télévisions
et de
TV5 Monde

Avec le soutien
du CNC,
de la Région Nouvelle-Aquitaine,
la Procirep – Société des producteurs et de l’Angoa 

 

 

France Télévisions
Unité documentaire
Antonio Grigolini

Pôle histoire et culture
Emmanuel Migeot
Louis Castro

 

 

Le film a reçu le Prix de la Ville au Festival international du film d’histoire de Pessac (2024)

Le film est en sélection compétition nationale au FIPADOC 2025

Disponible sur
 © france.tv

 

Contact médias

Bérénice Bouchon
Contact - France Télévisions
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