Motu Haka, le combat des îles Marquises

Les Marquisiens ont surnommé leur archipel « Te Henua Enana » : la « Terre des Hommes ». Aujourd'hui, les combats que mènent les Marquisiens sont plus que jamais d’actualité. Un combat universel et humaniste, pour la défense d'un héritage culturel, d'une autre vision de la vie face à la mondialisation. Après avoir été victime d’un ethnocide au lendemain de l’arrivée des Européens dans le Pacifique à partir du XVIII^e siècle, l’archipel des Marquises est aujourd’hui le théâtre d’un extraordinaire renouveau. Depuis plus de quarante ans, les Marquisiens se rassemblent autour de leur culture et retrouvent des pans entiers d’un patrimoine qui avait pratiquement disparu.

Un formidable élan de réappropriation qui débute à la fin des années 1970, lorsqu’une poignée d’instituteurs marquisiens, soutenus par l’évêque catholique des Marquises, monseigneur Hervé Le Cléac’h, fondent une association salvatrice. Ils lui donnent le nom de Motu Haka, qui signifie littéralement « Rassembler ». Pendant plusieurs années, ils vont sillonner les six îles habitées de l’archipel pour retrouver le substrat de la culture marquisienne : grâce à leur minutieux travail de collecte et d’inventaire, les sites sacrés, la langue, les chants, les danses… renaissent de leurs cendres.

Pour faire vivre ce patrimoine retrouvé et transmettre aux plus jeunes la connaissance de leurs racines, l’association Motu Haka crée en 1987 le Festival des arts traditionnels des îles Marquises. En langue vernaculaire, on l’appelle le Matavaa, autrement dit : « l’Eveil ».  Le Matavaa est aujourd’hui un événement majeur du Pacifique qui réunit à chaque édition des milliers de participants dans une ferveur incomparable. Les éléments culturels qui contribuaient à former l’identité du peuple marquisien réapparaissent, et évoluent aujourd’hui avec leur temps. Depuis, les haka (chants) et les himene (chants) se font entendre dans les vallées ; les tatouages ornent de nouveau la peau des Marquisiens ; et le bois et la pierre sont réutilisés pour sculpter les dieux polynésiens. L’identité et la fierté des Marquisiens leur ont été rendues.

À travers le regard de jeunes Marquisien(ne)s, mais aussi à travers le témoignage de celles et ceux qui ont été à l’origine de ce formidable élan de réappropriation, partagez l’effervescence et l’émotion d’une aventure incroyable et unique au cœur d’un territoire légendaire dont aucun voyageur ne repart totalement le même.