Que se passe-t-il après la nuit ? Peut-on vraiment être sûrs du jour qui vient ? Comment trouver la force de prononcer le mot viol quand on en est victime, mais qu’on a peur de ne pas être écoutée, entendue ni même crue ? Et si parler ne libérait pas ? Si au contraire, la peur d’être salie, de susciter la honte ou le rejet était plus forte que de raconter ce qu’on est la seule à savoir ? 

Comment accepter que quelques minutes d’horreur anéantissent toute une vie ? Et comment continuer de vivre en sachant qu’une partie de soi est morte à jamais ? Est-ce qu’il est d’ailleurs possible de réparer ces vies brisées pour toujours ? 

Dès lors que l’on parle de résilience ou de renaissance après un viol, nous sommes toutes et tous concernés : victimes, parents, compagnes et compagnons, frères et sœurs, enfants, amis, collègues, voisins. Quoi faire face à cette réalité dérangeante ? Tourner les yeux ou faire face ?

Autant de questions à l’appui de cette proposition éditoriale forte portée par la créatrice Marine Gacem et les producteurs d’Éléphant à laquelle nous avons fortement cru.

Ici, en ne mettant pas le violeur au cœur du récit, en refusant même de lui offrir le moindre statut de héros, on cherche à comprendre dans le regard des femmes victimes comment il est possible de renaître après un drame, de se réinventer après la nuit. Comment il est possible de partir des ténèbres pour aller chercher à force de volonté et de courage, mais aussi de collectif et de confiance, la lumière. 

Ici, le récit d’un drame partagé par quatre femmes à l’âge et aux parcours très différents agit comme une bombe à fragmentations. Là, l’enquête vient déranger et bousculer. Et les cartes de la vie de chacune et chacun sont irrémédiablement rebattues. L’équilibre même de la petite cité balnéaire des Saintes est mis à mal jusque dans ses fondations et ses piliers de respectabilité. Et le poison du viol, de la suspicion, des réputations entachées s’instille dans une communauté où les jours coulaient jusqu’alors paisiblement sous un ciel bleu azur. 

Après la nuit est un objet fictionnel dense et romanesque pensé comme un western à ciel ouvert, une scène de crime dont on n’échappe pas, où l’on questionne et met à l’épreuve la force des liens, la force du collectif et de la parole commune. On raconte ici des destins, on y exhume des secrets qui ont pourri des vies ou des silences assourdissants qu’on a trop longtemps entretenus.

Pour pouvoir embrasser pleinement ce récit dense et habité, nous avons tenu à avoir des visages familiers de notre antenne, Charlie Bruneau, Raphaël Lenglet, Arielle Semenoff, Antoine Hamel, Alice Daubelcour, Grégoire Bonnet entre autres talents, nos guides dans cette plongée intime... 

Parce que la parole des femmes ne sera jamais assez entendue, parce que le silence ne peut pas être une réponse, parce que notre chaine et les équipes qui la font vivre ont toujours choisi d’éclairer les sujets de société plutôt que de les invisibiliser, nous sommes fiers de proposer cette nouvelle création sérielle que nous souhaitons aussi haletante que populaire, aussi bouleversante que lumineuse.

Anne Holmes, Emmanuel Garcia, Frédéric Goetz et François Hitter.