La France de l'épuration
Entre vengeance et justice

Mercredi 2 avril à 21.05 sur France 3 et sur france.tv

Résumé



1944, après quatre années d’occupation allemande et de collaboration, la France libérée décide de punir les « traîtres ». C’est l’épuration. Un processus qui va durer neuf ans, jusqu’en 1953, entraîner des centaines de milliers d’affaires, affecter des millions d’individus et laisser une cicatrice profonde sur la société française. Comment les Français et les Françaises ont-ils vécu ce grand moment de justice et de réparation mais aussi de vindicte et de règlements de comptes ? À travers leurs témoignages et des archives inédites, le film restitue l’histoire de l’épuration en France dans toutes ses dimensions, économique, judiciaire, sociale, mais aussi dans l’intimité de celles et ceux qui l’ont vécue, interroge la façon dont le pays a affronté ses propres démons, illustre la porosité entre la justice et le sentiment d’injustice, épouse au plus près les émotions collectives d’une époque constellée de haines et de divisions. En s’appuyant sur les plus récents travaux historiques, ce film entend montrer le contraste saisissant entre une mémoire meurtrie, où persiste l’idée d'une épuration ratée avec son cortège de femmes tondues, et la réalité qui révèle combien l’épuration fut un phénomène en profondeur, ayant touché tous les milieux sociaux, sans équivalent en Europe.





Les intervenants



Jacqueline Bouvet Neplaz, 7 ans en 1944, fille de résistant

Boris Cyrulnik, 7 ans en 1944, ancien enfant caché

Georges Hufschmidt, 18 ans en 1944, ancien cadre de Renault

Dominique Jamet, 8 ans en 1944, fils de Claude Jamet

Serge Klarsfeld, 10 ans en 1945, rescapé de la Shoah et avocat

Jean-François Mauveaux, 19 ans en 1944, ancien maquisard

Hélène Mouchard Zay, 4 ans en 1944, fille de Jean Zay (Jean Zay, ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts dès 1936)

Bernard Neplaz, 13 ans en 1944, fils de résistant

Joseph Noac’h, 14 ans en 1944, frère de Marie-Jeanne Noac’h

Michelle Perrot, 16 ans en 1944, lycéenne devenue historienne

Jenny Plocki, 20 ans en 1945, rescapée de la Shoah

Camille Senon, 19 ans en 1944, rescapée du massacre d’Oradour

Joseph Schwartz, 17 ans en 1944, ancien FTP

Robert Wacjman, 15 ans en 1945, rescapé de la Shoah

Jacques Boncompain, né en 1941, écrivain

Charles Burel, né en 1944, ancien conseiller municipal de Scaër

Marielle de Rivoyre, petite-fille de Charles Agnès

Hervé Machefer, né en 1947, fils d’un rescapé d’Oradour

Gérard Michel, fils de Malgré-nous

Francis Teitgen, fils de Pierre-Henri Teitgen (juriste, résistant et homme politique français. L'une des plus importantes figures de la démocratie-chrétienne de l'après-guerre)



Intentions des auteur·es



1944, après quatre années d’occupation allemande et de collaboration, la France libérée décide de punir les « traîtres ». C’est l’épuration. Un processus qui va durer neuf ans, jusqu’en 1953, affecter des millions d’individus et laisser une cicatrice profonde sur la société française. À suivre une vision communément admise, cette épuration aurait été sauvage, massive, incontrôlable et confuse. Nous avons tous en tête les images de ces femmes tondues et humiliées sur la place publique, de ces hommes transformés en poupées de chiffon par une foule survoltée ou de ces tribunaux populaires prompts à condamner à mort. Ces images ont considérablement nourri la vision d'une épuration violente et arbitraire, qui ne serait finalement qu'un immense ratage. Notre film nuance ce tableau effarant, largement erroné. Il propose une plongée inédite fondée sur des archives peu connues, des reconstitutions en animation, et des témoins exceptionnels, qui ont connu l’époque et ses drames.

De Scaër, en Bretagne, où la Résistance exécute deux jeunes femmes innocentes sur la base d’une rumeur, au Grand-Bornand, en Haute-Savoie, où un tribunal improvisé juge une centaine de miliciens en une journée avant d’en fusiller 76 le lendemain, l’été 1944 est marqué par des violences spectaculaires et une justice expéditive, qui ont fait naître une légende noire, celle de l’épuration « sauvage », sur fond de remise en ordre « viriliste » (20 000 femmes tondues). Très vite cependant, les nouvelles autorités incarnées par le général de Gaulle sont désireuses de mettre fin au désordre. En octobre 1944, les cours de justice sont prêtes à fonctionner, afin de juger les « collaborateurs ». Des premiers verdicts tombent, sévères, mais pas assez pour les milieux de la Résistance, qui ne cachent pas leur insatisfaction, tandis que la colère gronde dans une société française en proie aux pénuries persistantes. Le Parti communiste prospère, la demande de justice s’intensifie. En 1945, on juge enfin les grands dirigeants de Vichy, le maréchal Pétain et Pierre Laval. L’épuration redouble. Son ampleur est exceptionnelle, avec près de 350 000 enquêtes judiciaires, plus de 100 000 procédures d’épuration professionnelle, des dizaines de milliers d’internements, plus de 120 000 procès, mais certaines victimes, les juifs en première ligne, peinent à se faire entendre...

L’opinion finit par être lassée, alors qu’en 1947 la crise sociale est à son sommet et que le Parti communiste est entré dans l’opposition. On veut en finir. Les épurés redressent la tête. C’est l’heure d’un grand retournement dans l’opinion, qui amène bientôt les lois d’amnistie. En 1953, le jugement des Alsaciens ayant participé au massacre d’Oradour-sur-Glane divise la France entière. L’épuration s’achève dans l’amertume. Dans les années 1990, les procès pour crimes contre l’humanité contribuent à réparer certaines lacunes de 1945. Depuis quelques années, des réparations symboliques reconnaissent les excès de l’épuration. Quatre-vingts ans après la fin de la guerre, la société française serait-elle enfin réconciliée avec cette page sombre de son histoire ?





Biographies

Laurent Joly

Laurent Joly, historien, directeur de recherche au CNRS, est spécialiste du régime de Vichy, de la Shoah et de l’extrême droite française. Auteur de nombreux ouvrages, il a coécrit plusieurs documentaires, dont La France catholique face à la Shoah de Marie-Christine Gambart (2020), Les Suppliques de Jérôme Prieur (2022) et La Rafle du Vel d’Hiv, la honte et les larmes de David Korn-Brzoza (2022). Il vient de faire paraître Le Savoir des victimes. Comment on a écrit l’histoire de Vichy et du génocide des juifs de 1945 à nos jours (Grasset).

 

Marie-Christine Gambart

Marie-Christine Gambart réalise des documentaires depuis plus de vingt ans après avoir été cheffe monteuse principalement pour des documentaires. Elle a signé plusieurs films historiques comme Violette Morris, une femme à abattre, La France catholique face à la Shoah, Charles le catholique, 1958-1969 pour France 5 ou Mini-jupe, tout-court ! pour Arte. Elle réalise également des portraits diffusés en prime time sur France 3 comme Maillan Poiret Serrault, drôles pour toujours et Michelle Bernier, l’irrésistible ; des unitaires pour les collections Influences ou Duels sur France 5 comme Emmanuelle Haïm, la femme orchestre ou Dietrich-Garbo, l’Ange et la Divine ; mais aussi de nombreux films, en société, pour la case « Infrarouge » sur France 2 : Éduquons nos fils, Ennemi intime, Alcool au féminin, Daria Marx – ma vie en gros et La maison des hommes violents traitent respectivement de la masculinité toxique, du revenge porn, de l’alcoolisme féminin, de la grossophobie et de la violence conjugale.

Documentaire

90 min

Inédit

Auteurs

Marie-Christine Gambart

et Laurent Joly

Réalisation

Marie-Christine Gambart

Produit par

Amélie Juan

Narration

Eric Caravaca

Conseiller historique

Laurent Joly

Musique originale

Charlie Nguyen Kim

Animations

Olivier Patté

Graphisme

Klampt

Documentaliste

Valérie Combard



Cheffe monteuse

Julie Martinovic

Coproduction

Morgane Production 

INA

Avec la participation de

France Télévisions,

Centre national du Cinéma et de l'image animée,

du ministère des Armées et des Anciens combattants
et d’Histoire TV

Avec le soutien de

la Procirep – Société des producteurs – et de l’Angoa

2025

 

Unité documentaires

France Télévisions

Antonio Grigolini

Emmanuel Migeot

Clémence Coppey

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