Dreams

Charlotte utilise le shifting, une technique d'auto-hypnose, pour voyager mentalement dans des univers fictionnels qu'elle partage sur les réseaux sociaux. Ces créations et les mondes fictifs dont elle est fan, comme Harry Potter ou My Hero Academia, lui offrent un refuge face à la solitude et aux difficultés du monde réel. Cependant, des tensions au sein de la communauté du shifting en ligne la forcent à choisir entre ses rêves et la réalité.

Elona, rêveuse lucide, dirige ses rêves la nuit, les modelant selon ses désirs depuis l'enfance. Au fil du temps, des liens riches et complexes se sont tissés entre son monde onirique et sa pratique artistique. Mais l'angoisse de lâcher prise, après avoir tout contrôlé jour et nuit, commence à la submerger.

Raphaëlle, quant à elle, apprivoise la rêverie compulsive, un trouble qui l'emmène quotidiennement dans des rêveries éveillées très immersives et addictives. Cette habitude lui apporte autant de joies que de peines, et elle apprend à s'en défaire pour affronter la réalité, vivre son homosexualité sereinement et se consacrer à l'écriture.

En échangeant avec des spécialistes et à travers un atelier d'écriture mené par l'écrivaine Sabrina Calvo, Charlotte, Elona et Raphaëlle se rencontrent et confrontent leurs approches du rêve, dans une quête à la fois onirique et existentielle.

 

Note d'intention de la réalisatrice

Je me considère comme une rêveuse : j’ai une vie onirique bien remplie la nuit, une appétence pour la littérature et le cinéma “non réalistes”, et je laisse volontiers mon esprit vagabonder dans des rêveries éveillées. Mais en explorant pour Dreams le monde des rêves, j'ai découvert qu'il était bien plus vaste encore que je ne l’imaginais. De nombreuses personnes, jeunes et moins jeunes, contrôlent leurs rêves et les façonnent. Réunies dans des communautés en ligne, ces rêveurs et ces rêveuses partagent des inspirations (Harry Potter, anime japonais, jeux vidéo), des questionnements (identité, santé mentale, spiritualité), des peurs (deuil, solitude, échec) et des désirs (amoureux, professionnels, sociétaux), certains générationnels, d’autres universels, et qui sont en tout cas les miens.

Dreams est traversé par un thème central : le passage à l’âge adulte et les méandres qu’il peut emprunter. Le shifting, le rêve lucide, la rêverie compulsive disent beaucoup de la tentation de rester enfant lorsque l’on se heurte à la difficulté de s’insérer dans une société souvent violente. Pour les trois jeunes femmes de Dreams, rêver, c’est garder le contrôle alors qu’elles ont l’impression de le perdre, à l’âge où l’on quitte le domicile parental pour trouver sa voie. Les rêves font alors office de “doudou” – comme disent ces jeunes femmes – pour le pire comme pour le meilleur : car l’imaginaire, s’il peut parfois relever de la fuite, est aussi une façon de s’interroger, de trouver des réponses, et de se trouver – à la façon d’Alice au pays des merveilles. Enfance et maturité, contrôle et lâcher-prise, réalité et imaginaire : chacune va devoir trouver son équilibre.

En parallèle de leurs expérimentations oniriques, Charlotte, Elona et Raphaëlle ont également une pratique artistique, à l'image de bien des rêveurs et des rêveuses. Le film questionne cette créativité singulière dans un moment à part : un « cercle de rêve » dirigé par l’écrivaine Sabrina Calvo, pour mettre en commun leurs imaginaires et tenter de rêver ensemble. Et c’est à travers cette rêverie collective que les trois jeunes femmes vont parvenir à voir les rêves pour ce qu’ils sont : un territoire d’exploration fécond et inspirant, un voyage ludique et fondateur, un terrain de jeu hors norme où grandir sans jamais renier l’enfance.

 

Biographie de la réalisatrice

Jeanne Mayer est documentariste radio pour Les Pieds sur Terre (France Culture) et Affaires sensibles (France Inter). Elle a également réalisé des fictions audios ainsi que des courts-métrages de fiction pour le cinéma. Elle développe un imaginaire qui mêle culture d'Internet, féminisme et onirisme.