Collection Crimes contre l'humanité

Le procès de Klaus Barbie

Mardi 8 avril à 21.10 sur France 2 et sur france.tv

Collection Crimes contre l'humanité 

Durant une décennie, de 1987 à 1998, la justice française va instruire le procès de trois hommes ayant, chacun à leur niveau, contribué à la mise en place et à la réalisation d’une politique d’arrestation, de torture et de déportation de juifs et de résistants en France entre 1940 et 1944.

Ces trois noms racontent à eux seuls l’articulation criminelle qui s’est opérée entre la politique menée par l’occupant allemand et celle de la collaboration engagée par l’État français, dirigé par le maréchal Pétain.

Klaus Barbie, le nazi, Paul Touvier, le milicien, et Maurice Papon, le haut fonctionnaire.

Durant toutes ces années, ils ont changé d’identité (Barbie), ont été protégés par de puissants réseaux (Touvier) ou ont brillamment réintégré la société jusqu’au plus haut niveau de la République (Papon).

Se pensant tirés d’affaire, spéculant sur l’oubli et son allié précieux, le temps, ils ont été surpris, à l’âge de la vieillesse, au moment où l’on se retire des affaires du monde, par la résurgence de ce passé caché, le retour des fantômes qui réclament justice, la vivacité douloureuse de la parole des victimes et la mise en lumière publique de leur responsabilité pleine et entière. Pour eux, l’heure des comptes a sonné au terme d’années de traques et de procédures.

Le temps des procès pour Crime contre l’humanité est enfin arrivé.

Ce sont ces trois grands moments d’Histoire et de justice que nous avons voulu raconter en plongeant dans la matière première de ces procès : la captation audiovisuelle que la loi Badinter de 1985 a permis de réaliser.

Ces centaines d’heures d’audience, aujourd’hui accessibles pour le grand public, sont d’une puissance intacte. Elles nous obligent. Nous en sommes les dépositaires et les transmetteurs. Grâce à ces captations, nous entrons dans la vérité humaine du procès. Le temps n’existe plus. Nous sommes avec le public, avec les avocats, avec les jurés et bien sûr avec les accusés. Nous sommes au temps du procès mais aussi au temps des faits. Les exactions, les arrestations arbitraires, les rafles, les tortures, les déportations, les camps… tout est raconté par ceux qui les ont subis et qui en sont revenus. Le récit intime de leur calvaire devient une parole publique prononcée pour la première fois dans un temple de justice face au responsable de leur malheur. L'INA a coproduit les films et a permis, entre autres, la restauration de l’ensemble des archives du procès qui offre ainsi une qualité d'image inédite. Ces archives, confiées à l'INA et aux Archives nationales par le ministère de la Justice, permettent aux téléspectateurs d'avoir accès à des documents essentiels pour mieux comprendre ce passage sombre de l'Histoire.

Un moment d’humanité d’une force incroyable. C’est cette matière unique que nous avons voulu respecter tout en la travaillant pour livrer le récit filmique de ces trois grands procès.

 

Le Procès de Klaus Barbie 

Le 11 mai 1987 s’ouvre à Lyon le procès de Klaus Barbie, ancien chef de la Gestapo, premier officier nazi jugé en France pour crime contre l’humanité. Traqué et confondu par Beate et Serge Klarsfeld, il est extradé de Bolivie grâce à des accords entre gouvernements. L’accusation porte sur trois crimes majeurs : les rafles de la rue Sainte-Catherine, la rafle des enfants d’Izieu et le dernier convoi de déportés du 11 août 1944. Durant 37 audiences, filmées en intégralité, les témoignages des survivants révèlent un tortionnaire implacable et cruel. Barbie, absent sur les conseils de son avocat Jacques Vergès, est condamné le 4 juillet 1987 à la réclusion à perpétuité. Ce verdict marque une étape clé contre l’impunité des criminels nazis. Barbie décède en 1991.

 

5 questions à Gabriel Le Bomin 

Qu’est-ce qui vous a poussé à initier cette collection sur Les grands procès de crimes contre l’humanité et pourquoi commencer par le procès de Klaus Barbie ?

L’idée initiale de cette collection est celle de Patrice Duhamel et de Dana Hastier, productrice de la série. Elle avait identifié la date de 2025 comme celle où les captations audiovisuelles des procès deviendraient accessibles pour le grand public. J’ai tout de suite trouvé son idée formidable et nous sommes partis à la recherche de partenaires. France Télévisions et l’INA, ainsi que les chaînes Toute l’Histoire et LCP nous ont immédiatement accompagnés. Nous débutons par le procès Barbie chronologiquement car c’est tout simplement le premier. À ce titre il est un événement majeur de l’histoire de la justice. Le premier procès pour crime contre l’humanité organisé en France. Le premier procès intégralement filmé. Un événement judiciaire qui, à l’époque, ne fait pas l’unanimité.

Comment avez-vous travaillé pour restituer fidèlement les enjeux historiques et judiciaires de ce procès ?

Il y avait déjà une littérature importante sur le procès qui a été incontournable. Le travail pédagogique du procureur Jean-Olivier Viout a été aussi d’un apport précieux. Notre conseiller historique, Laurent Joly, a également veillé durant les différentes étapes de l’écriture et de la fabrication à la justesse du contenu. Nous avons également interrogé toutes les personnes possibles ayant eu à faire avec ce procès (avocats, magistrats, journalistes, dessinateurs, intellectuels…). Notamment ceux qui sont à l’initiative de la traque et de l’extradition de Barbie et sans qui ce procès n'aurait jamais eu lieu : Beate et Serge Klarsfeld. Ils ont pris de nombreux risques et ont alimenté le procès des preuves majeures de la culpabilité de Barbie, comme le télex de la rafle des enfants d’Izieu signé Barbie retrouvé par Serge Klarsfeld. Et puis il y a le procès lui-même. Ces dizaines d’heures d’audience qui imposent une vérité d’une puissance inouïe.

En quoi ce procès a-t-il marqué un tournant dans la justice française et la reconnaissance des crimes contre l’humanité ?

Le procès Barbie est le premier procès pour crime contre l’humanité mené par la justice française. En ce sens il représente un tournant et ouvre la voie à une décennie durant laquelle la justice de notre pays va, de façon remarquable, explorer et juger ceux qui furent responsables de la déportation et de l’assassinat de dizaines de milliers de juifs et de résistants.

Selon vous, quel a été l’impact de ce procès sur la mémoire collective en France ?

Encore une fois, comme c’est le premier procès et qu’il concerne un officier nazi, Klaus Barbie, il marque durablement les esprits. Je pense aussi que la forte médiatisation de l’événement (plus de 800 journalistes accrédités) l'amplifie et l’ancre dans la mémoire collective. Le récit quotidien du procès dans les journaux télévisés qui y consacrent régulièrement leurs « unes » et de longues minutes de reportages, de plateaux, de débats… contribuent à faire entrer le procès dans le quotidien des Français par la télévision. De plus, la captation audiovisuelle exceptionnelle, voulue par Robert Badinter afin de constituer des archives pour la Mémoire, donne à juste titre la dimension historique du procès. C’est la première fois qu’en France un procès est enregistré (image et son) dans son intégralité.

Ce sont d’ailleurs ces captations qui aujourd’hui nous obligent. Elles sont non seulement la mémoire du procès mais aussi la trace unique des témoignages bouleversants. Nous en sommes les dépositaires et les transmetteurs pour les nouvelles générations.

Le procès a été ponctué de moments clés et cruciaux, quel a été selon vous le plus marquant ?

Le procès de Klaus Barbie est ponctué de moments exceptionnels par leur puissance émotionnelle. Les témoignages jusqu’alors intimes sont livrés en public, dans ce sanctuaire de la République qu’est le tribunal. Les témoignages de Lise Lesèvre ou de Simone Lagrange sont exceptionnels. Les paroles d’André Frossard et d’Elie Wiesel sont écoutées dans un silence de cathédrale. Les récits des mamans des enfants d’Ysieu ou de Sabine Slatin laissent sans voix. Mais il y a des dizaines d’autres témoignages qui viennent construire le récit de cette période d'une violence sans limite mise au service d’une idéologie barbare.

 

Liste des intervenants

Robert BADINTER _ Homme politique et avocat
Henry ROUSSO _ Historien
Alain JAKUBOWICZ _ Avocat
Jean-Claude BAUER _ Journaliste
Jean-Olivier VIOUT _  Magistrat
Denis EYRAUD _ Architecte
Caroline LAUDRIN_ Journaliste
Serge KLARSFELD et Beate KLARSFELD_ Avocats
Noëlle HERRENSCHMIDT _ Journaliste
Pierrette ASSOULINE-ABECASSIS _ Avocate
Beate KLARSFELD_ Avocat
Christian VAN RYSWYCK _ Réalisateur
Claude SERILLON _ Journaliste
Emmanuel PONCET _ Journaliste
Gisèle ALALOF _ Avocate
Daniel BORGEOT_ Réalisateur du procès
Sylvia ZIMMERMANN _ Avocate
Annette WIEVORKA _ Historien
Christian CHARRIERE-BOURNAZEL _ Avocat
Alain FINKIELKRAUT _ Philosophe et écrivain
Sorj CHALANDON _ Journaliste 
Richard ZELMATI _ Avocat
Laurent JOLY _ Historien

Prochainement 

Le procès de Maurice Papon (3 x 52 min)
Auteurs Gabriel Le Bomin et Valérie Ranson Enguiale 
Réalisation Gabriel Le Bomin

Le procès de Paul Touvier  (2 x 52 min)
Auteurs Valérie Ranson Enguiale, Antoine de Meaux, Gabriel Le Bomin
Réalisation Antoine de Meaux

Documentaire inédit

Le procès Klaus Barbie

3 x 52 min

Un film de
Gabriel Le Bomin

Production
Dana Productions / Dana Hastier
une société Mediawan 

Coproduit par
INA avec le soutien de la Fondation
pour la Mémoire de la Shoah

Avec la participation de
France Télévisions
 

Unité documentaires société et géopolitique 
Antonio Grigolini
Emmanuel Migeot
Clémence Coppey

 

À voir sur
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Disponible sur
 © france.tv

 

Laurence Guillopé
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