Crimes contre l'humanité

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Klaus Barbie, Maurice Papon, Paul Touvier. Le nazi, le milicien, le haut fonctionnaire. Durant une décennie, de 1987 à 1998, la justice française va instruire le procès de trois hommes ayant, chacun à leur niveau, contribué à la mise en place et à la réalisation d’une politique d’arrestation, de torture et de déportation de juifs et de résistants entre 1940 et 1944. Ces trois noms racontent à eux seuls l’articulation criminelle qui s’est opérée entre la politique menée par l’occupant allemand et celle de la collaboration engagée par l’État français, dirigé par le maréchal Pétain.

Durant les années d’après-guerre, ils ont changé d’identité, ont été protégés par de puissants réseaux ou ont brillamment réintégré la société jusqu’au plus haut niveau de la République.

Se pensant tirés d’affaire, spéculant sur l’oubli et son allié précieux, le temps, ils ont été surpris, à l’âge de la vieillesse, par la résurgence de ce passé caché, le retour des fantômes qui réclament justice, la vivacité douloureuse de la parole des victimes et la mise en lumière publique de leur responsabilité pleine et entière.

Le procès de Klaus Barbie (3 x 52 min)

barbie

Le 11 mai 1987 s’ouvre à Lyon le procès de Klaus Barbie, ancien chef de la Gestapo, premier officier nazi jugé en France pour crime contre l’humanité. Traqué et confondu par Beate et Serge Klarsfeld, il est extradé de Bolivie grâce à des accords entre gouvernements. L’accusation porte sur trois crimes majeurs : les rafles de la rue Sainte-Catherine, la rafle des enfants d’Izieu et le dernier convoi de déportés du 11 août 1944.

Durant 37 audiences, filmées en intégralité, les témoignages des survivants révèlent un tortionnaire implacable et cruel. Barbie, absent sur les conseils de son avocat Jacques Vergès, est condamné le 4 juillet 1987 à la réclusion à perpétuité. Ce verdict marque une étape clé contre l’impunité des criminels nazis. Barbie décède en 1991.

Réalisation Gabriel Le Bomin • Production Dana Productions / Dana Hastier

 Le procès de Maurice Papon (3 x 52 min)

Maurice Papon, haut fonctionnaire sous le régime de Vichy,Papon supervise en 1942 la déportation de centaines de juifs depuis la préfecture de la Gironde. Après-guerre, il mène une carrière prestigieuse comme préfet, député et ministre sans jamais être inquiété. En 1981, le journal Le Canard enchaîné révèle son rôle durant l’Occupation, documents à l’appui, entraînant une plainte pour crime contre l’humanité. Après seize ans de procédures, son procès s’ouvre en 1997. Accusé de complicité dans la déportation de 1 600 juifs, il invoque l’obéissance aux ordres du gouvernement et la contrainte des occupants nazis, tandis que l’accusation souligne sa responsabilité consciente. Condamné à dix ans de réclusion en 1998 au terme d’un procès de plus de six mois, il est libéré en 2002 pour raisons de santé.

Auteurs Valérie Ranson Enguiale, Antoine de Meaux et Gabriel Le Bomin • Réalisation Antoine de Meaux

 

Le procès de Paul Touvier (2 x 52 min)

TouvierPaul Touvier, ancien milicien de Vichy, condamné à mort en 1947 pour crimes de guerre, échappe à la justice grâce au soutien de l’Église et à la prescription en 1967. En 1973, il obtient la grâce présidentielle de Pompidou, mais une enquête relance les poursuites pour crimes contre l’humanité, imprescriptibles. Traqué, il est arrêté en 1989 au prieuré Saint-Joseph de Nice. Son procès s’ouvre en mars 1994, mettant en lumière le rôle de la Milice, bras armé de la collaboration, et de Vichy. Touvier est accusé de complicité de crimes contre l’humanité pour l’exécution de sept juifs en représailles à l’assassinat d’un propagandiste. Ses carnets personnels révèlent son antisémitisme. Le 20 avril 1994, il est condamné à la réclusion à perpétuité et meurt en 1997.

Auteurs Gabriel Le Bomin et Valérie Ranson Enguiale • Réalisation Gabriel Le Bomin