Dans de beaux draps

Entretien avec Gil Alma et Éléonore Bernheim

Qui ne s’est jamais rêvé en Bonnie ou en Clyde ? Le temps de six épisodes, Gil Alma et Éléonore Bernheim se sont improvisés cambrioleurs. Dans la peau de Béatrice et Rémi Blanchet, un couple fortuné qui perd brutalement sa richesse, les deux comédiens découvrent un nouvel univers de jeu. Pour nous, ils reviennent sur le tournage et la genèse de Dans de beaux draps, une série à découvrir à partir du 10 septembre sur France 2 et sur france.tv.

 

Vous incarnez Béatrice et Rémi Blanchet, un couple pour qui argent rimait avec bonheur, avant de se retrouver soudainement sans le sou. Qu’est-ce qui vous a séduits dans cette série et dans vos personnages ?

Gil Alma : Le scénario, que j’ai lu d’une traite, m’a tout de suite embarqué. C’est une vraie comédie, bien écrite et très drôle : un grand cadeau.

Éléonore Bernheim : C’est un bijou d’écriture. Les dialogues sont originaux, parfois insolites mais toujours subtils. Les personnages sont des archétypes, mais ils reflètent pourtant une humanité complexe. Il s’agit à la fois d’une comédie sociale, humaine, romantique et familiale. C’est ce mélange qui rend le scénario irrésistible.

« Dans de beaux draps » mêle satire sociale, vaudeville et thriller domestique. Comment la qualifier en un adjectif ?

Éléonore Bernheim : Pour moi, c’est une comédie hybride.

Gil Alma : Dans le contexte actuel, où l’on a besoin de rire et de légèreté, je dirais que c’est une comédie nécessaire.

Derrière cette légèreté, la série évoque les dérives de la ségrégation sociale, de la délinquance en col blanc et des jeux de pouvoir et d’apparence. Cette dimension critique est-elle assumée ?

Gil Alma : La série a la prétention qu’on veut lui prêter et offre plusieurs niveaux de lecture. On peut la regarder seulement pour rire, ou y trouver un sens plus profond. La série propose une vraie réflexion sur la société et ne se contente pas de raconter l’odyssée amoureuse des Blanchet. La société d’apparence, le déterminisme, le déclassement social : autant de thèmes autour desquels gravite la narration.

« Dans le contexte actuel, où l’on a besoin de rire et de légèreté, je dirais que c’est une comédie nécessaire. » Gil Alma

À l’écran, vous avez l’habitude de jouer les enquêteurs. Le public vous connaît notamment pour vos rôles du capitaine Wagner ou de Florence Chassagne, et vous avez tous les deux fait un passage en tant qu’enquêteurs dans la série policière Meurtres à... Étiez-vous heureux de passer du côté de la délinquance ?

Gil Alma : Nos amis comédiens, qui ont tous l’habitude de jouer des flics, nous enviaient. C’est libérateur de pouvoir sortir un peu du cadre, et pour ma part, j’y ai pris beaucoup de plaisir.

Éléonore Bernheim : Il y avait un vrai plaisir jubilatoire, presque enfantin, à transgresser. Je me souviens en particulier des scènes de cambriolage, qui étaient des exutoires dans lesquels nous pouvions nous lâcher de manière quasi cathartique.

La série est drôle. Est-ce que le tournage l’a été ?

Gil Alma : Malgré un rythme de tournage intense, j’ai pris beaucoup de plaisir à jouer. À l’abord de chaque scène, je savais que j’allais rire intérieurement.

Éléonore Bernheim : Intense, certes, mais à tous les niveaux : dans le rythme comme dans le jeu. Nous étions également portés par l’énergie de Stéphanie Pillonca, une réalisatrice très investie, grâce à laquelle nous avons pu être à la hauteur de la série.

« Il y avait un vrai plaisir jubilatoire, presque enfantin, à transgresser. » Éléonore Bernheim 

C’est la première fois que vous jouez ensemble. Comment s’est passée votre rencontre en tant que partenaires de jeu ?

Éléonore Bernheim : La rencontre s’est déroulée en toute simplicité. Pour Gil comme pour moi, le burlesque est une région de comédie que nous connaissons bien. Portés par cette même envie de bien faire, la connexion s’est faite naturellement.

Pensez-vous que le public puisse s’identifier aux Blanchet, malgré tous leurs défauts ?

Éléonore Bernheim : Béatrice et Rémi sont des Robin des bois des temps modernes. À leur manière, ils vengent tous ceux qui ont subi un abus de pouvoir. Le public ne peut que les comprendre : les Blanchet font ce que beaucoup rêveraient de faire.

Gil Alma : Rémi perd son emploi, Béatrice découvre qu’il lui a caché… D’emblée, on est en empathie avec le couple. Surtout, c’est une série pleine d’humour. Le rire est un levier précieux dont le public a besoin.

Propos recueillis par Agathe Souchu