Action directe
Nos années de plomb

La case du siècle
Dimanche 14 septembre à 22.35 sur France 5 et sur france.tv

Résumé

Le 17 novembre 1986, un peu avant 20 heures, une voiture avec chauffeur s’engage lentement boulevard Edgard-Quinet, dans le XIVe arrondissement de Paris. Au 16, le véhicule du PDG de Renault stoppe. Georges Besse ramasse ses journaux, la serviette en cuir offerte par sa femme, s’extrait de la voiture et pose son imperméable sur son bras gauche en fouillant dans sa poche à la recherche de ses clefs. À quelques mètres, deux filles font mine de regarder une vitrine encore éclairée. Le chauffeur est déjà loin lorsqu’il entend des coups de feu. Besse vient de s’effondrer sur le trottoir, atteint par trois balles dont l’une en pleine tête. Les témoins présents ont vu deux jeunes femmes s’enfuir.    

Entre 1979 et 1987, un groupe d’extrême gauche met la France à feu et à sang. Braquages, attentats à la bombe, assassinats. Ils frappent fort et disparaissent dans un nuage d’explosifs, de tracts jetés au vent, de revendications idéologiques implacables. Leur nom de guerre  ? Action directe.  

Plus de 80 attentats, 26 blessés et 12 morts en moins de dix ans. Les Français sidérés découvrent placardés partout les portraits de ces jeunes femmes et hommes qui ressemblent à tout le monde et que rien ne semble pouvoir arrêter. Commence alors une longue et intense traque qui s’achèvera sur l’arrestation du noyau dirigeant.

Notre film raconte cette histoire française, aussi fascinante que mal connue. Elle prend racine dans Mai 68, le romantisme révolutionnaire et l’illusion du grand soir, les utopies de la décennie 1970 et les frustrations de la realpolitik, avec l’élection du président socialiste François Mitterrand. Elle prospère sur les rêves de toute-puissance d’une poignée d’idéalistes illuminés qui confondent action politique et grand banditisme. Elle s’achève sur des meurtres accomplis de sang-froid. Elle se solde par la condamnation à la « réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 18 ans  » de Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron et Georges Cipriani en 1989.  

Aujourd’hui, la totalité des membres d’Action directe encore vivants ont été libérés. Ils n’ont jamais exprimé ni remords ni regrets. Quelques mois avant de mourir d’une tumeur au cerveau à l’âge de 46 ans, Joëlle Aubron donnait en mars 2006 une interview à Libération : «  Action directe n’a pas surgi de nulle part. Nous appartenons à une longue histoire et nous fumes nombreux à penser, à compter sur un élan qui finalement ne vint pas. Notre hypothèse a échoué. C’est clair. Mais de toute façon, je ne peux pas m’asseoir sur dix-sept ans et même vingt-cinq ans de ma vie. Je me dirais : " Tout cela pour rien ?” » 

 Note d'intention par Virginie Linhart

L’histoire d’Action directe ?  Je connais de façon quasi intime, tout comme ma coautrice, Vanessa Schneider. Je suis la fille de Robert Linhart, l’un des leaders de la Gauche prolétarienne (dite GP) - mouvement d’extrême gauche le plus important et le plus influent entre 1969 et 1974 –, j’ai toujours entendu dire que c’est sur la question de la lutte armée que la GP a été dissoute en 1974. Et à 20 ans, l’idée que mon père soit de ceux qui, en dépit de son engagement, aient su résister à l’attraction du terrorisme a été à la fois précieuse et réconfortante. La dissolution de la GP laisse sur « le carreau » un certain nombre de jeunes ouvriers, chômeurs, étudiants en rupture d’université, zonards de banlieue nostalgiques des nuits flamboyantes de Mai, à qui la rédaction et la distribution de tracts, l’infiltration dans les syndicats et la participation à des réunions militantes sont loin de suffire. Jean-Marc Rouillan, le chef d’AD, Nathalie Ménigon, sa compagne, Joëlle Aubron, l’une des deux meurtrières de Georges Besse, le PDG de Renault, mais aussi Georges Cipriani, Régis Schleicher ou les frères Halphen sont de ce bois-là.

S’ils se nourrissent de la nostalgie de Mai 68, ils n’ont rien contre l’idée du soulèvement armé et bénéficieront de coups de pouce - allant des appartements et voitures prêtés aux dons d’argent - de sympathisants de gauche, pourtant à des années-lumière de l’action terroriste. Longtemps considérés avec une certaine « bienveillance » par la presse et l’opinion de gauche, les Autonomes ont eu beaucoup de chance. Arrêtés, jugés et emprisonnés, les « AD » ont bénéficié de grâces et de remises de peine qui les « conduiront », au fil du temps, à commettre l’irréparable. La cavale a été longue, elle a mobilisé de grands policiers engagés dans la lutte antiterroriste.

Comment la mouvance d’Action directe est-elle née ? Comment s’est-elle déployée ? Qui en sont les principales figures ? À quel moment survient le choix de la lutte armée ? Comment expliquer la fascination exercée par AD au sein d’une certaine intelligentsia ? Quels sont les rapprochements avec les « camarades » allemands de la bande à Baader ou les Italiens des Brigades rouges ? Les membres d’Action directe sont-ils des combattants politiques ? Ou de vulgaires braqueurs de banques devenus, au fil des actions, des brutes sanguinaires sans foi ni loi ? Quelles ont été les principales étapes de cette escalade vers l’irréparable ? Pourquoi les a-t-on si longtemps laissé faire ? Comment ont-ils été finalement retrouvés ? Ce type de mouvement peut-il ressusciter dans la période actuelle, où des cohortes de citoyens ne se sentent plus représentés par la République et ses institutions ?

Le film raconte de l’intérieur les années Action directe. Un thriller vrai qui mêle la politique, l’histoire, l’enquête policière, le meurtre, le drame humain, mais aussi l’amour, l’amitié, la solidarité et la folie destructrice.

Documentaire
72 min – inédit

Réalisatrice
Virginie Linhart 

Autrices
Vanessa Schneider et Virginie Linhart

Commentaire lu par
Natacha Régnier

Chef OPV
Jérôme Colin, Elsa Colin

Chefs OPS
Yolande Decarsin, Sylvain Delecroix, Pierre Begon Lours

Chef monteur
Yohan Le Rallier

Musique originale
Jérôme Plasseraud

Graphisme
Mathieu Faure

Producteur
Anthony Orliange

Production
Capa Presse / L'INA

Avec la participation de
France Télévisions
et du CNC

 2024

Unité documentaires France Télévisions
Antonio Grigolini 
Emmanuel Migeot 
Louis Castro 

 À voir sur
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Disponible sur
 © france.tv

Contact presse

Sylvie Syren
Contact - France Télévisions
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