
France Télévisions poursuit sa mobilisation d’ampleur autour de la santé mentale, grande cause nationale 2025, enjeu majeur de santé publique, avec une nouvelle programmation accompagnant la journée mondiale du 10 octobre et les semaines d’information sur la santé mentale (SISM) qui ont lieu du 6 au 19 octobre 2025.
Pour continuer à déstigmatiser, changer les regards et libérer la parole sur les problématiques de la santé mentale, nos antennes et nos plateformes france.tv et Lumni proposent de nouveaux programmes et approches éditoriales, mettant en lumière des témoignages et la complexité des cheminements intérieurs vers la reconstruction. Des créations inédites qui invitent à la prévention, la prise de conscience, l’écoute bienveillante, la recherche de soutiens et de solutions, brisent les tabous sur la santé mentale, notamment des jeunes.
SOS jeunesse en détresse
À seulement 18 ans, Stéphanie témoigne de ses longues années de combat face à une dépression, et raconte un quotidien marqué par des scarifications et des tentatives de suicide.
Stéphanie incarne l’ampleur du mal-être qui touche de plus en plus de jeunes français en détresse, confrontés à une absence alarmante de prise en charge adaptée. En France, nombreux sont les professionnels de santé qui alertent depuis des années les pouvoirs publics au sujet du cruel manque de moyens dont pâtit le secteur de la pédopsychiatrie. Manque de médecins, lits fermés, listes d’attente de plusieurs années : c’est toute une jeunesse en détresse qui est laissée à l’abandon, alors que les demandes de suivi psychologique n’ont jamais été aussi nombreuses.
Stéphanie, Célia et bien d’autres ont vécu les lourdes conséquences de ce désert médical, entre ballottements d’un service à l’autre et prise en charge trop tardive, faute de soignants et de places disponibles. Leurs parents, absolument démunis, se sont retrouvés confrontés à un système de soin exsangue : le personnel médical n’est plus assez nombreux pour répondre à cette détresse, et se retrouve contraint de "trier" les patients. En Loire Atlantique, on compte 14 lits de pédopsychiatrie pour 320 000 mineurs, au CHU de Nantes, 162 enfants qui auraient eu besoin d’une hospitalisation ont été renvoyés chez eux en 2024… Face à un manque de temps et de moyens pour prendre en charge de manière adaptée chaque jeune, les médecins ont tendance à prescrire de plus en plus de médicaments. Ainsi, les prescriptions d'antidépresseurs, parfois administrés sans suivi adéquat, explosent. Un véritable phénomène de surmédicalisation aux conséquences parfois tragiques, comme pour Romain, dont la prise d'antidépresseur, selon ses parents, a pu
provoquer paradoxalement son passage à l'acte, un effet secondaire possible de ces traitements qui reste largement méconnu.
Face à cet état d’urgence, l’offre de soins psychiatriques tente de se développer en dehors des hôpitaux. Des unités mobiles sillonnent les départements français pour offrir un minimum de soutien mais sont vite engorgées elles-mêmes. Les pouvoirs publics investissent dans des formations aux Premiers secours en santé mentale, notamment dans le milieu étudiant, mais sans que leur efficacité n'ait été démontrée. Depuis 2019, un système d’appel à projets a été mis en place par le gouvernement, afin d’inciter les professionnels du terrain à soumettre des idées innovantes, mais des cabinets d'audit valident ensuite leur pérennisation ou non. Ces initiatives peinent à répondre à la demande de prise en charge et à offrir des perspectives de rétablissement durable. A force de trouver porte close dans le public, de plus en plus de familles se replient vers le privé. Le secteur privé à but lucratif s'est ainsi largement développé ces dernières années dans le champ de la santé mentale, profitant des failles de l'hôpital. Aux États-Unis, des applications et des chatbots remplacent petit à petit des thérapeutes en chair et en os. Un business très rentable où le soin est secondaire, voire absent.
SOS Jeunesse en détresse propose une enquête de fond sur des années de choix politiques en matière de santé, se traduisant aujourd’hui par la défaillance de notre société à offrir à sa jeunesse les moyens de guérir et d’espérer. Un cri d’alarme et une invitation à repenser collectivement l’importance de la prise en charge de la santé mentale.
Documentaire inédit
70 min
Un film de
Laurence Delleur
Produit par
Cinétévé
Fabienne Servan Schreiber
Estelle Mauriac
Musique originale
Mathias Desmier
Montage
Isabelle Szummy
Théo Lefebvre
Directrice de production
Gaëlle Cottais
Chargé de production
Nicolas Jacquot
Avec le soutien de
la Région Île-de-France
la Procirep
l'Angoa
Avec la participation
du CNC
Unité documentaires
Antonio Grigolini
Renaud Allilaire
Sophie Chegaray
Julie De Mareuil
À voir sur
france.tvpreview
Note d'intention de la réalisatrice
Laurence Delleur
Laurence Delleur
Le 26 septembre 2024, face à un criant manque de moyens ne permettant plus la prise en charge des mineurs en souffrance, la CGT du CHU de Nantes effectuait un signalement au procureur de la République pour mise en danger de la vie d’autrui, et menaçait de porter plainte contre l’État. Quelques jours plus tôt, Michel Barnier, alors Premier Ministre, déclarait pourtant vouloir faire de la santé mentale “la grande cause nationale” pour 2025. Derrière la bonne volonté politique affichée, la réalité du terrain est terrible : le secteur de la pédopsychiatrie est sinistré. À l’échelle mondiale, on estime qu’un jeune de 10 à 19 ans sur sept souffre de troubles psychiques. Les jeunes Français ne font pas exception, puisqu'aujourd'hui en France, un jeune sur cinq souffre de symptômes dépressifs sévères, et le nombre de passages de mineurs aux urgences psychiatriques a triplé ces cinq dernières années.

Nos enfants vont mal, très mal. Et il n’y a quasiment plus personne pour les soigner. Il ne reste plus que 600 pédopsychiatres répertoriés en France. Leur nombre a été divisé par deux en seulement dix ans. Certes, certains psychiatres pour adultes soignent aussi les enfants, mais le nombre de médecins est largement insuffisant pour couvrir tout le territoire.
De nombreux départements comme la Creuse, la Dordogne ou le Lot-et-Garonne n’ont plus de lits d’hospitalisation pour les mineurs en souffrance. Des hôpitaux d’accueil de jour ferment temporairement faute de professionnels en nombre suffisant. Les délais d’attente en Centre médico-psychologique (CMP) s’allongent malgré les efforts des Agences régionales de Santé pour cacher ces listes à l’opinion publique.
Dans ce contexte, pas étonnant que les consommations de psychotropes, et notamment d’antidépresseurs aient explosé : 60% de plus pour les 6-17 ans entre 2014 et 2021. Face à un système de santé exsangue, le monde du privé lucratif s’insère peu à peu dans le secteur de la pédopsychiatrie pour grignoter des parts de marché.
Dans les pas d’adolescents et de jeunes adultes qui se heurtent à un système de soin exsangue aux côtés de leurs familles démunies et angoissées, ce documentaire enquête sur un grave problème de santé publique et propose une réflexion fondamentale sur la prise en charge des troubles psychiques de la jeunesse française. Une génération entière, confrontée aux pandémies, aux guerres aux portes de l’Europe, au réchauffement climatique, aux effets dévastateurs des écrans et des réseaux sociaux, est en train de payer les frais de décennies d’immobilisme politique. Or ne pas prendre soin de la jeunesse, c’est ne pas prendre soin des adultes de demain.
Ce documentaire fait l'objet d'une soirée spéciale avec la diffusion du magazine C ce soir présenté par Karim Rissouli qui poursuit le débat posé par le film.