
À l'occasion de son premier épisode de Rendez-vous en terre inconnue en tant que présentatrice, Laury Thilleman se rend avec Cyril Lignac chez les gauchos, des cow-boys en Terre de Feu.
Que représente pour vous ce premier visionnage après de longs mois d’attente ?
Laury Thilleman : Je suis très émue. Cela fait plus d’un an qu’on attend ça, et j’en suis très fière. Je remercie Cyril d’avoir embarqué avec moi parce qu’il y avait beaucoup de peur, ayant même plus peur pour lui que pour moi. Cela a également été une merveilleuse première fois grâce à nos héros sur place, Wilky et sa fille Kamelia, l’une des seules femmes de ce film, avec qui j’ai pu tisser un lien particulier
L’émotion est encore palpable. Et tous les souvenirs sont assez intacts.
Cyril Lignac : C’était une aventure incroyable. Je suis quelqu’un de très organisé, en cuisine, dans mes affaires, chaque objet a sa place et chaque chose a sa raison d’être. Dès le premier virage, forcément, les larmes me viennent : laisser sa famille, son quotidien, partir vers l’inconnu, avec une équipe qu’on ne connaît pas, ce n’est pas rien. Mais au fil des jours, les liens se tissent, et c’est fantastique
Cyril, vous n’êtes pas un baroudeur et n’aimez pas les surprises, pourquoi avoir accepté de participer à cette émission ?
C. L. : Quand je suis revenue au bureau après avoir reçu cette proposition, j’en ai immédiatement parlé à Laurence, ma DG, avec qui je partage tout. Elle m’a dit « mais il faut le faire, c'est génial ». J'en ai parlé à ma femme qui m'a dit « mais il faut le faire, c'est génial ». Du coup, je me suis dit « bon, ça doit être génial, il faut que je le fasse, et que je me laisse aller. »
Aujourd’hui, avec tout ce que j'ai à gérer, mes entreprises, les restaurants, les pâtisseries, la télé, c'est difficile de s'absenter quinze jours. Mais rendez-vous en terre inconnue, ça n’a lieu qu’une fois. C’est le voyage d’une vie. Sur un vent de folie je me suis laissé emporter.
C'est le voyage d'une vie. Sur un vent de folie je me suis laissé emporter.
Qu’est-ce que vous retenez de ce voyage, a-t-il changé votre quotidien ?
C. L. : J'ai vécu ce voyage comme si j'étais parti dans une retraite, au bout du monde, sans repères, sans pensées quotidiennes du travail. Tu as plein de plaisir, les plaines à perte de vue, Wilky, les chevaux. Ça a été un grand voyage plein d'émotions.
Ce qui m'a le plus marqué, c'est le temps : prendre le temps de respirer, prendre le temps de regarder, de ne pas avoir de contraintes. Mais, ça, ce n'est pas la vie. Avec mon travail, tu reviens vite à la réalité des choses. Ce voyage a été une bulle d'oxygène et une réflexion en profondeur sur la vie.
Il me reste donc plein de souvenirs incroyables et un goût de liberté, un goût de pendant un moment d'avoir posé mon sac et d'avoir pris le temps de respirer. C’est magique.
L. T. : Pour moi, c’est tout l’inverse. Ça a été un énorme bouleversement, j'ai fait un tri dans ma petite vie. J'avais déjà une façon d'habiter ce monde un peu nomade et ça n'a fait que s'exacerber. J'ai vraiment eu besoin de m'accorder davantage de temps et de mieux comprendre pourquoi et pour quelles raisons parfois on voulait remplir sa vie jusqu'à parfois exploser. Ce voyage m’a permis une vraie prise de conscience et une grosse remise en question. Le fait de rencontrer ces gens qui avaient choisi de vivre isolés, et libres, m’a poussé à choisir ma vie encore plus.
À plusieurs reprises dans le film vous dites à des personnes différentes merci pour cette leçon de vie. Qu’est-ce qu’il en reste ?
C. L. : Ah, tellement de choses. On ne peut pas calquer leur vie avec la nôtre. Ce sont deux choix de vie sur terre totalement différents. Ce qui m’a marqué c’est tous ces moments paisibles. Le matin, on se réveillait, on buvait le maté, il y avait un grand calme, beaucoup de sérénité. D’ailleurs, ça m'arrive très souvent de rentrer chez moi, un peu plus tôt, et de prendre le temps de regarder par la fenêtre, de penser. Je suis très contemplatif et j'aime bien avoir un peu de liberté d'esprit pour réfléchir. J’ai vraiment eu ce temps-là, en Terre de Feu.
L. T. : Je pense que tous les deux, on craignait un peu le silence. Donc, notre héros, Wilky, nous a vraiment appris à l’apprivoiser. Pendant des moments de silence, par de simples regards, il se passait plein de choses. Et Frédéric Lopez m'avait dit avant de partir « n’aie pas peur des silences ». Et ça, je l'ai gardé dans ma petite vie, maintenant.
Pendant des moments de silence, par de simples regards, il se passait plein de choses.
La barrière de la langue a-t-elle limité vos échanges ? Vous a-t-elle frustrés ?
L. T. : J'avais la chance de parler espagnol, me permettant donc, en dehors des temps de tournage, des moments où le dialogue pouvait vraiment s'instaurer. On se comprenait. Je pense que ça a aussi permis de solidifier nos liens à tous les quatre.
C. L. : Ça fait partie du voyage : on pose une question, on attend la réponse. Je n'ai pas de frustration puisque j'ai tout mon temps. On se comprend aussi dans l'expression du visage, par le sentiment des yeux, du sourire. C'est génial, c'est l'aventure.
Quelles relations avez-vous pu nouer au cours de cette aventure ?
C. L. : Je ne connaissais pas Laurie, mais on a décidé de prendre la même route. Avec Wilky et Kamelia, on vivait tous ensemble, comme si on était invités dans une famille. En discutant, en se racontant des anecdotes, on apprend à se connaître et devenir amis.
L. T. : On a eu quelque chose assez précieux : ces trois jours de voyage pour atteindre la Terre de Feu. Ils nous ont permis de nous lier. Pendant ce voyage en avion, on a très peu dormi. J’ai l’impression qu’on a pu se raconter toute notre existence en l'espace de douze heures.
Il y avait aussi plein de moments où on pouvait se reposer. Après les crêpes, un après-midi, on a pu philosopher sur la vie. Ce sont des choses qu'on prend rarement le temps de faire avec quelqu'un que l’on vient tout juste de rencontrer.
Enfin, on est les seuls à avoir vécu cette aventure, personne ne pourra la vivre à notre place. C’est assez indescriptible. Je sais donc pertinemment que quand on se reverra, ce sera comme si on s'était vus la veille.
Laury, vous avez été très émue tout au long de cet épisode, comment l’expliquez-vous ?
C. L. : Je pense que je vivais, auprès de Cyril, une double émotion. Tout au long de cette aventure, je réalisais la mission qui m’incombait de reprendre cette émission légendaire. En vivant l’expérience, je me disais « Waouh, tu es vraiment là, c’est ta nouvelle vie, là, maintenant ». J’ai été un peu submergée par la prise de conscience de ce qu’allait devenir ma petite existence : tous les quatre mois, je vais partir au bout du monde.
Peut-être qu’elle sera plus mesurée pour les prochains, je ne sais pas, mais en tout cas, cette émotion pour ce premier épisode était unique.
Propos recueillis par Clara Luc