2005, état d'urgence

La mort de Zyad et Bouna à Clichy-sous-Bois, en 2005, déclenche des émeutes dans toute la France et reste dans toutes les mémoires. À travers les récits croisés des familles et des acteurs de l’époque, cette série révèle pourquoi et comment ce drame a marqué l’histoire contemporaine du pays.

Le 27 octobre 2005, Bouna Traoré, 15 ans, et Zyed Benna, 17 ans, deux collégiens de Clichy-sous-Bois, meurent électrocutés alors qu’ils se sont réfugiés dans l’enceinte d’un transformateur électrique pour échapper à la police. 
Muhittin Altun, 17 ans, qui les accompagnait, est grièvement brûlé. 
Ce drame provoque une série d’émeutes qui s’étendent à l’ensemble du territoire trois semaines durant et entraîne la déclaration de l’état d’urgence par le gouvernement de l’époque dirigé par Dominique de Villepin, une première depuis la guerre d’Algérie.
En mai 2015, au terme d’une procédure judiciaire de dix ans, deux policiers, mis en examen pour non-assistance à personne en danger, sont relaxés.
Cette série retrace l’enchaînement des événements qui ont conduit à cette tragédie et à l’embrasement qui s’en est suivi. Elle a pour ambition de donner sens à ces trajectoires de vie, celles de Zyed, de Bouna, de leurs parents, de leurs frères et œsurs, de leurs amis…
C'est le tissage de leur récit ensemble qui permet de comprendre en quoi ce drame, que certains commentateurs ont voulu réduire à un simple « fait divers », constitue un épisode à part entière de l’histoire contemporaine de notre pays.

Note d’intention de la réalisatrice
Quand le producteur, à l’origine du projet, m’a proposé la réalisation de la série, je connaissais comme chacun ce drame. Un fait-divers dont le déroulé est limpide, qui ne souffre de presque aucune zone d’ombre. 
Vingt ans après, que reste-t-il de cette histoire tragique ? Deux prénoms associés à tout jamais à la mort, inscrits dans notre mémoire collective, rappelant la fracture sociale, la discrimination, les tensions entre les jeunes des banlieues et les institutions françaises, tout particulièrement avec la police. « Zyed et Bouna » taggés sur des murs ou scandés durant les émeutes comme en juin 2023 après la mort de Nahel Merzouk tué par un policier. Deux prénoms, comme un slogan, une revendication politique, une blessure béante qui n’a jamais été complètement guérie. Mais au-delà de l’inscription sociale des deux prénoms, il y a deux jeunes, amis, Zyed Benna et Bouna Traoré, deux adolescents vivant à Clichy-sous-Bois. Au-delà des controverses, des débats politiques, des commentaires médiatiques, il s’agit de leur histoire dont cette série se propose de faire le récit. Sortir du mythe pour découvrir qui ils étaient, deux jeunes bien réels. 

Montrer l’espace qu’est la ville enclavée dans laquelle ils ont vécu, à deux pas de Paris. C’est aussi raconter l’histoire de leur famille, chacune ayant des parcours différents – celle de Zyed Benna venue de Tunisie dans les années 1970, et celle de Bouna Traoré quittant la Mauritanie. Restituer à ces deux jeunes leur vie propre, leur singularité, leur donner une place dégagée de toute stigmatisation. Il est question de sortir du mythe pour leur redonner avant le drame leur existence de chair et d’os. La première question qui a surgi et que j’ai posée à chacun des proches des deux victimes, lors des repérages, était  : « Pourquoi acceptez-vous de participer à ce projet ? » Leur réponse était invariablement : « Zyed et Bouna n’étaient pas des délinquants. C’étaient des enfants comme les autres. » Nous allons donc raconter l’histoire de ces deux adolescents à travers celles et ceux qui les ont connus. Dans cette série, Zyed Benna et Bouna Traoré ne sont plus seulement les victimes d’un fait-divers tragique. Ils redeviennent les acteurs d’une vie écourtée.

Suivi à 23.20 de Je ne suis pas une racaille titre provisoire