À la rue

Jordan, Sarah, Ludivine, Benjamin, Fousseiny, Richard ont moins de 25 ans et vivent à la rue, une réalité qui concerne près de 40 % des sans logement en France. Trop jeunes pour bénéficier du RSA, livrés à eux-mêmes, ils luttent chaque jour pour survivre.

Exilés, toxicomanes, victimes des défaillances de l’Aide sociale à l’enfance, ces jeunes passent inaperçus, vêtus de jean et baskets, se fondant dans le paysage urbain. En dix ans, leur nombre a doublé, malgré les promesses répétées d’endiguer ce phénomène.

Entre quête d’identité et lutte pour s’en sortir, ces parcours témoignent des multiples crises que traverse notre société. 
Ce film leur offre enfin la parole.

 

Note d’intention, David Simantov Lévi, réalisateur

Une alerte sociétale
Mon film veut rendre compte de ce risque de « bombe sociale » évoqué par les associations. Plus qu’une simple plongée dans la vie des jeunes SDF, c’est donc un appel à la prise de conscience sur une mutation en cours, terrifiante pour toute une génération, ainsi que son impact sur notre société. D’autant que les jeunes dans la rue sont d’une vulnérabilité extrême car la rue représente bien des dangers. À travers le portrait de ces jeunes, il s’agit donc de pousser un cri d’alarme, de susciter une réflexion globale sur les politiques sociales menées ces dernières années, sur les initiatives et les changements nécessaires pour rompre le cycle de la paupérisation et de l’exclusion de toute une génération.
 

Ce que j’ai appris lors de mon repérage en immersion
Si je devais retenir quelque chose de cette immersion, c’est ce constat que les jeunes de la rue ne sont pas encore cabossés au point d’abandonner la lutte. Pour eux il y a encore un espoir. Les jeunes que j’ai rencontrés déposent leur CV dans des enseignes de fast-food, parfois ils travaillent, vont chez le coiffeur, postent des stories insta, ils étudient, font la fête et du sport. Tous veulent s’en sortir. Au-delà de leur extrême précarité ou de leur enfance souvent douloureuse, mon film montrera les aspirations universelles de ces jeunes. Il essaiera de répondre à la question : “Comment devenir adulte quand on vit dans la rue ?” Enfermés dans une case résumant leurs envies, désirs et aspirations à l’obtention d’un logement, ils veulent en fait beaucoup plus que ça. Avant d’être des SDF, ces jeunes sont aussi en quête d’une place dans la société, d’un travail qui fait sens, ils veulent tomber amoureux, grandir, avoir des enfants, ils aiment ce qui est beau et bon, et ils ont peur du temps qui passe (trop vite) quand on vit dans la rue.