Communiqué de presse

Libre-échange : c’est notre nourriture qui trinque

Sur le front
Lundi 10 novembre à 21.05 sur France 5 et sur france.tv
Documentaires et magazines
52'
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Pourquoi la nourriture qui a poussé à l’autre bout de la planète est vendue moins chère en France que les produits cultivés chez nous ? Hugo Clément décortique nos accords de libre-échange. Il découvre les pratiques des agriculteurs à l’étranger et les conséquences directes sur les produits que nous achetons en France. On comprend concrètement pourquoi les agriculteurs français dénoncent une concurrence déloyale.

Édito de Hugo Clément, journaliste

Lors de leurs manifestations, beaucoup d'agriculteurs se sont rendus dans les supermarchés pour dénoncer la concurrence déloyale… Des agriculteurs bio mais aussi des conventionnels ! Tous accusent les accords de libre-échange d’être responsables de leurs difficultés économiques. On a voulu comprendre : comment sont négociés ces accords ? Est-ce qu’il y a réellement une concurrence déloyale ? 

Nous sommes tombés à la renverse, notamment en enquêtant sur le cas des lentilles. La plupart de celles vendues en supermarchés proviennent du Canada, alors qu'on sait très bien cultiver des lentilles en France. Si les lentilles du Canada sont moins chères, c'est parce que les cultivateurs ont le droit d'utiliser des techniques interdites chez nous, qui impliquent l'utilisation de pesticides juste avant la récolte... Ces lentilles canadiennes inondent le marché français au détriment de nos agriculteurs, et nous finissons par ingurgiter des résidus de pesticides. 

Nous avons aussi compris pourquoi les producteurs de noisettes, ou encore les éleveurs d’agneau, sont autant en difficulté en France. Ils subissent bien une concurrence déloyale, nous avons réussi à la filmer. Nous avons voulu suivre ceux qui se battent pour qu’on empêche les produits qui ne respectent pas nos règles d'entrer sur notre marché. 


Des séquences exceptionnelles

Preuve en images : des lentilles canadiennes importées en France sont aspergées de pesticides quelques jours seulement avant la récolte


Pour pouvoir récolter les lentilles (les graines), il faut que la plante meure. En France, ça se fait naturellement avec la chaleur de l’été. Mais, au Canada, il ne fait pas assez chaud au moment de la récolte. Les plantes sont donc tuées à coup d’herbicides épandus par avion. C’est une pratique totalement illégale en France, et pourtant les paquets de lentilles canadiennes et françaises se retrouvent côte à côte dans nos rayons.
 

On a fait les tests : on mange des résidus de glyphosate dans les lentilles canadiennes, mais pas dans les françaises


Nous avons fait analyser des paquets : sur les lentilles cultivées en France, on ne retrouve aucune trace d’herbicide, même quand elles ne sont pas bio. Mais, dans les sachets de lentilles canadiennes, on a trouvé des taux significatifs de glyphosate. Qu’on finit donc par consommer.
 

Monsanto et des producteurs de lentilles au Canada ont réussi à faire changer la réglementation européenne : les taux de résidus de pesticides autorisés ont été multipliés par 100 !

Jusqu’en 2012, la limite de glyphosate restant sur les lentilles était de 0,1 mg/kg. S’il y en avait plus, c’était illégal. En 2012, la limite est passée d’un trait de plume à 10 mg/kg, 100 fois plus ! Que s’est-il passé ? Monsanto, soutenu par les producteurs de lentilles canadiennes, a fait changer la réglementation européenne. Pour pouvoir importer plus de lentilles chez nous.
 

Les petits arrangements du dernier accord de libre-échange entre l’Europe et la Nouvelle-Zélande


C’est un accord qui était présenté comme “vert et juste”. Mais en y regardant de plus près, on se rend compte qu’il augmente les importations de beurre de Nouvelle-Zélande, à l’autre bout de la planète ! Il permet aussi d’augmenter les importations d’agneaux, alors qu’on n’impose pas aux éleveurs néo-zélandais les mêmes contraintes qu’en Europe. Ils font par exemple passer les moutons sous les douches de pesticides dont les substances sont interdites en Europe.


USA : comment des éleveurs ont arrêté le bœuf aux hormones pour pouvoir commercer avec l’Europe


Voici un exemple qui marche : nous sommes allés rencontrer les éleveurs de bœuf qui veulent commercer avec l’Union européenne au fin fond des États-Unis. Ils ne peuvent plus donner d'hormones de croissance aux bœufs destinés au marché européen - alors que ça se fait chez eux. Ils sont très souvent contrôlés pour que cette règle soit respectée.


Un combattant

Benoît Merlo


Benoît Merlo cultive des lentilles dans l’Ain. Depuis plus de dix ans, cet agriculteur passionné se démène pour limiter les intrants chimiques dans son sol. Il se bat contre la concurrence déloyale des lentilles canadiennes, produites avec des pesticides interdits en Europe, et pour être mieux rémunéré. 

 

Thomas Uthayakumar


Une grande partie de la population n'arrive pas à se payer de la bonne bouffe. De l'autre côté, les agriculteurs disent qu’ils ne gagnent pas leur vie”, déplore Thomas Uthayakumar, qui dirige la Fondation pour la Nature et l’Homme. Cet ingénieur agricole se bat sans relâche pour instaurer des mesures miroirs dans tous les accords de libre-échange. Il veut que les produits qui poussent à l’autre bout de la planète pour être vendus en France respectent nos propres règles de production.

Présentation
Hugo Clément

Production
Winter Productions

Production
Régis Lamanna-Rodat 
Hugo Clément

Rédaction en chef
Pierre Grange

Réalisation
Andréa Orvain

Unité documentaire
Antonio Grigolini
Amandine Picault
Benoît Raio de San Lazaro

 À voir sur 
francetv.preview

Disponible sur
 © france.tv

 

Les épisodes de Sur le front sont disponibles dans la collection france.tv nature

Contact - France Télévisions
Thibault Fournials