Soirée spéciale Guerre en Ukraine
Plus de trois ans et demi après le début de l’invasion russe en Ukraine, le 24 février 2022, France Télévisions propose, dimanche 30 novembre 2025, sur France 5 et sur france.tv, une soirée spéciale inédite avec deux documentaires saisissants, en immersion au plus près de la cruelle réalité de ce conflit hors norme en plein cœur de l’Europe.
Diffusé dans Le monde en face, le documentaire Les fantômes de l’Ukraine suit trois femmes à la recherche de leurs compagnons, soldats ou civils disparus dans l’enfer de l’occupation russe. Nous vivons le douloureux combat de ces femmes, écartelées entre l’espoir d’un retour et l’angoisse d’un deuil impossible, filmées par la réalisatrice Anne Poiret, familière des zones de conflit. Le documentaire sera suivi d'un débat présenté par Aurélie Casse.
La soirée se poursuit avec la diffusion de l’impressionnant documentaire À 2 000 mètres d’Andriivka, de Mstyslav Chernov, qui a reçu le Prix de la réalisation documentaire au festival Sundance 2025 et fait notamment partie de la sélection des festivals de Deauville 2025, Sheffield 2025, CPH DOX 2025 et Gotham Awards 2025.
21.05 Les fantômes de l'Ukraine
Les disparus sont un angle mort de la guerre en Ukraine, une douleur passée sous les radars médiatiques. Ces civils capturés par la Russie dans les territoires occupés, ces soldats engloutis dans l’enfer des combats, hantent pourtant, à l’arrière du front, toute la société ukrainienne et des femmes, par dizaines de milliers, cherchent un compagnon, un fils, une sœur.
Pendant deux ans, le documentaire a suivi le combat de trois d’entre elles. Les maris de Ludmilla et de Ludeshka ont disparu sur le front en 2023, celui de Tetyana, un agriculteur de la région de Kherson, a été enlevé durant les premiers mois de l’occupation. Où sont-ils ?
Écartelées entre l’espoir de les retrouver et l’angoisse d’un deuil impossible, elles assiègent les administrations, les morgues et les ONG, scrollent Internet à la recherche d’informations et attendent dans l’angoisse chaque nouvel échange de prisonniers, qui pourrait ramener leur homme.
Avec l’explosion de leur nombre — 73 000 au printemps 2025 —, l’Ukraine a fait le choix de ne pas attendre la fin de la guerre pour les localiser, faire revenir ses prisonniers et échanger les morts avec l’ennemi. Mais pour toutes ces femmes, comment continuer à vivre parmi tous ces fantômes ?
Note d'intention d'Anne Poiret
Depuis vingt ans, film après film, je travaille sur les conséquences des guerres. Au fil des tournages, j’ai mesuré, dans les familles, cette blessure indicible qu’est la disparition.
Sans corps, sans nouvelles, aucun deuil ne peut advenir. Encore plus en Ukraine, où, à propos de l’un de ces disparus, un de ses amis m’a écrit : « Quand tu sais ce dont les Russes sont capables, cette incertitude... c’est pire que la mort. »
On ne sait que faire de ces absences, et particulièrement en Ukraine, où tout ce qui touche aux victimes de guerre est d’une sensibilité extrême pour le pouvoir.
Si les disparus sont en majorité des hommes, soldats engloutis par les combats ou civils enlevés dans les territoires occupés par la Russie, la recherche est toujours menée par des femmes. S’intéresser à elles, c’est donc mettre en avant un autre point de vue sur la guerre, du côté des femmes — un female gaze en quelque sorte.
Comme Ludmila, Tetyana et Ludeshka, que j’ai commencé à filmer au cours de mes repérages il y a plus de deux ans, toutes s’accrochent, coûte que coûte, à l’idée d’un homme en vie quelque part. Parfois en dépit de tout sens commun. Elles leur parlent. Elles les cherchent, et cette quête dit finalement avant tout la puissance de l’amour qu’elles leur portent.
À l’autre bout de la guerre, des corps sans nom, sans identité, sont découverts mois après mois. À l’arrière du front, ou après le départ des occupants russes, des charniers recrachent des milliers de cadavres que l’Ukraine tente tant bien que mal d’identifier. Les progrès scientifiques et l’évolution des outils technologiques de traitement de données permettent de mieux les localiser et d’apporter des réponses à de nombreuses familles. Mais tant reste à faire.
Ces histoires de fantômes dans la guerre — que l’on pourrait imaginer sombres et inquiétantes — sont en réalité avant tout des histoires de femmes. Et j’ai voulu que la matière de ce film soit leur attachement viscéral, puissant, indestructible à ceux qu’elles cherchent. Toutes se racontent à la première personne et tissent le récit intime de leurs recherches.
Pendant deux ans, j’ai attendu, avec Ludmila, Tetyana et Ludeshka, la moindre nouvelle, le moindre échange.
Suivre ainsi des personnages pendant deux années est un cadeau immense pour une documentariste. Car seul ce temps long donne de l’espace à la vérité de cette recherche insupportablement lente et si poignante.
Pour rendre à ces femmes toute la force qu’elles incarnent, j’ai souhaité confier leurs voix à de grandes actrices. Marina Foïs prête la sienne à Ludmila, tandis que deux comédiennes de la Comédie-Française, Coraly Zahonero et Françoise Gillard, incarnent Tetyana et Ludeshka.
Anne Poiret, autrice, réalisatrice, productrice
Anne Poiret est autrice, réalisatrice, scénariste, productrice et fondatrice d’AFTER WAR, une organisation dont la mission est de mieux médiatiser les conséquences des guerres.
Lauréate du prix Albert-Londres 2007 pour Muttur, un crime contre l’humanitaire (France 5), une enquête sur le massacre de salariés d’ACF, une ONG française, Anne Poiret est également récipiendaire de deux Emmy Awards, dont l’International Emmy Award du meilleur documentaire 2022 pour Enfants de Daech, les damnés de la guerre (France Télévisions / Le monde en face).
Depuis vingt ans, Anne Poiret couvre les conséquences humaines et politiques des conflits, ainsi que l’action des Nations unies et des ONG.
Parmi ses documentaires, diffusés sur de nombreuses chaînes internationales et primés dans plusieurs festivals : Bienvenue au Réfugistan (Arte), Namibie, le génocide du IIe Reich (France Télévisions), Mossoul, après la guerre (Arte) et Soudan du Sud, fabrique d’un État (Arte).
22.15 Le monde en face - débat
présenté par Aurélie Casse
Les invités sont :
Anne Poiret, réalisatrice
Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International
Tetiana Pryimachuk, journaliste et réalisatrice ukrainienne
Général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire auprès de l’ONU
22.55 À 2 000 mètres d'Andriivka
de Mstyslav Chernov, oscarisé pour 20 jours à Marioupol, toujours disponible sur la plateforme france.tv

Une immersion viscérale au cœur de la guerre en Ukraine : Mstyslav Chernov suit des soldats ukrainiens en première ligne de front pour libérer le village d’Andriivka, un point stratégique de l’occupation russe proche de Bakhmut. Un véritable choc cinématographique.
Mstyslav Chernov est cinéaste ukrainien, correspondant de guerre vidéaste, photojournaliste et romancier. Lauréat du prix Pulitzer et d'un Oscar®, il est reconnu pour sa couverture de la Révolution de la Dignité, de la guerre du Donbass, du crash du vol MH17, de la guerre civile syrienne, de la bataille de Mossoul en Irak et de l'invasion russe de l'Ukraine en 2022, notamment du siège de Marioupol.
Le monde en face
Présentation
Aurélie Casse

© Stéphane Grangier / FTV
Les fantômes de l'Ukraine
Documentaire inédit
70 min
Un film écrit et réalisé par
Anne Poiret
Raconté par
Marina FoÏs
Production
Squawk - Juliette Guigon, Patrick Winocour
After War - Anne Poiret, Anita Cabuil
Avec le soutien de
la Procirep - Société des producteurs et de l'Angoa
Avec le soutien de
Docs Up Found
Avec la participation du
CNC
Avec la participation de
France Télévisions
Unité documentaires
Antonio Grigolini
Renaud Alillaire
Sophie Chegaray
À voir sur
francetv.preview