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AU CLAIR DE LA LUNE - "Les clefs de l’orchestre de Jean-François Zygel : Symphonie n°5 de Schubert"

Jeudi 11 avril 2019 à 01.00

Franz Schubbert (1797-1828) - Symphonie n°5 
Avec Jean-François Zygel
Avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Sir Roger Norrington
En coproduction avec Radio France.
 

Enregistré en janvier 2016, à l’Auditorium de la Maison de Radio France

On pouvait lire il y a quelque temps, à l’entrée « Symphonie » d’une encyclopédie pourtant bien informée : « Les successeurs de Beethoven, ne pouvant faire mieux, cherchent à faire autrement ». Beethoven, horizon indépassable de la symphonie ? Et s’il n’était au contraire qu’un cas particulier, certes essentiel par la puissance de son œuvre et le rayonnement de son exemple, marginal néanmoins dans le développement même de la forme symphonique ?

On sait aujourd’hui que Schubert n’entreprit pas moins d’une quinzaine de symphonies, dont huit seulement furent menées à terme : l’usage veut qu’on donne aux deux dernières les numéros 8 (à l’« Inachevée ») et 9 (à la « Grande » en ut majeur), mais l’étude attentive de la succession des symphonies achevées ou non de Schubert permet de mettre en cause cette numérotation.
Aucun problème particulier ne se pose en revanche à propos des six premières symphonies achevées, qui furent composées de 1813 à 1816 par un Schubert adolescent et forment un cycle en soi très accompli. Les six premières symphonies de Schubert, bien davantage qu’avec Beethoven, appellent la comparaison avec les essais de l’autre enfant prodige du Romantisme, avec les douze symphonies de jeunesse de Mendelssohn.

Tout paraît particulièrement limpide avec la Cinquième qui semble regarder du côté du Mozart le plus souriant, là où la Quatrième payait son tribut à l’influence de Beethoven. Un effectif instrumental léger permet de faire se succéder les quatre mouvements dans une atmosphère de sérénité conquérante et joyeuse. Le premier mouvement, d’une grâce indicible, s’ouvre comme un visage apparaît. Les échanges entre les bois et les cordes, les interventions des cors, tout en fait une merveille de bienveillance, malgré les couleurs plus sombres que prend le développement. On se retrouve plus encore, avec les deux mouvements suivants, dans l’ambiance des dernières symphonies de Mozart. La courbe de l’Andante et le jeu des tonalités qui mène le Menuetto, ont cette effusion discrète et cette netteté de traits qui prouvent combien Schubert, jusque-là, est aussi le musicien de la pudeur. Le finale, juvénile et d’une grande clarté de sonorité, achève la symphonie dans une ambiance de triomphe aimable. 
Voilà pour l’essentiel.

Jean-François Zygel aime la musique de Schubert – il aime à rappeler qu’un jour qu’on avait demandé à Stravinsky si la musique de Schubert ne l'endormait pas, celui-ci répondit: «Qu'importe, si lorsque je me réveille je me crois au paradis...». La Symphonie N°5 revêt une importance singulière. Créée à titre posthume, elle est un champ d’expérimentation pour le compositeur – une œuvre où le compositeur ose toutes les audaces orchestrales. 
Moins dans la maturité que la célèbre 8ème Symphonie, la fameuse inachevée, la 5ème Symphonie offre à Jean-François Zygel un terrain original pour expliquer les enjeux de l’orchestration. Comment le Schubert mélodiste, travaille-t-il avec l’orchestre ? « Mais comment va-t-il s’y prendre à l’orchestre ? »

La particularité de cette clef est bien entendu la présence d’un chef exceptionnel Sir Roger Norrington – Il est de cette famille de chef qui ont été cherchés l’authenticité dans les œuvres, réduits les effectifs, réfléchit au réalité des sonorités de l’orchestre. Il y a un avant et un après Norrington dans les exécutions des Symphonies de Schubert. Il est à la recherche du son, pas d’esbroufe avec des effectifs hors de propos qui dénaturent les intentions du compositeur (Karajan dans les années 50, jouaient la 5ème avec 100 musiciens, ils sont 45 sur le plateau avec le Maestro Norrington). Les explications de Jean-François croisent donc ici le travail patient que le Maestro a réalisé tout au long de sa carrière. La question du son, de l’orchestration et donc de l’interprétation de la partition prend ici tout son sens. Le dialogue entre « Sir Roger » et Jean-François Zygel rend cette « clé » différente – un peu comme si le chef mettait en pratique depuis des années tout ce que Jean-François Zygel étudiait. En filigrane, ils nous ouvre ensemble une porte sur la musique de Schubert : comment elle est écrite et comment elle se joue… Le dialogue avec le chef est ici un élément déterminant du dispositif – il ne se fait pas qu’avec des mots mais aussi dans les extraits musicaux, et même dans la battue du chef. Autant dire que nous avons pris soin aussi de privilégier des axes avec lui, car c’est aussi dans le geste orchestral que se signifie la musique de Schubert.
 

Durée
68'32’"

Année
2016

Réalisation
Philippe Béziat

Production
Caméra Lucida

Directeur de la culture et des spectacles vivants
Michel Field

 
Directrice déléguée au pôle Danse et Musique
Pascale Dopouridis

 
Conseiller de programmes
Brice Chappey

 

Ce programme est disponible en visionnage sur Francetvpreview
 

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