Les incendies monstres en Amazonie ont choqué le monde entier à l’été 2019. Un an plus tard, plus personne n’en parle alors que la situation est encore pire. Le chiffre qui me marque le plus c’est que, chaque minute, une surface de forêt équivalente à trois terrains de football part en fumée. C’est terrifiant. J'ai regardé des zones sur Google Earth et suivi l'évolution sur les dernières décennies. Dans les années 80, c’était encore une forêt primaire, et on la voit se faire grignoter, années après années, et aujourd’hui, à la place des arbres, il y a d’immenses champs dont on voit nettement les contours sur les images satellites. C’est inouï de voir ce que l’humain est capable de saccager en si peu de temps. On pense à priori que tout cela est loin et qu’on ne peut pas agir sur ce drame. Mais ce n’est pas tout à fait vrai. Le plus gros de la déforestation est organisée par l’industrie agroalimentaire locale qui veut planter du soja. Et qui l’achète ce soja ? Des pays du monde entier et la France, entre autres, pour nourrir notre bétail. J’ai voulu alerter sur la situation sur place.
Et quand on se rend sur le terrain, c’est bien plus parlant que sur les images par satellite. Nous avons traversé des territoires entiers en feu puis des paysages à la Mad Max où des silos démesurés ont remplacé la forêt millénaire.
Nous avons aussi découvert l’ampleur de ce qui se passe en Guyane, dans la partie française de l’Amazonie : la mafia de l’or cisaille la forêt primaire et pollue les fleuves avec leur mercure. Nous avons eu la possibilité de voir ces chercheurs d’or clandestin, ce qui est rarissime, et de constater les dégâts qu’ils provoquent.
Et, comme pour chaque documentaire, nous avons repris espoir en voyant l’engagement de ceux qui se battent sur le terrain. Le cacique Raoni, avant tout, qui a trouvé la force de nous recevoir alors qu’il se remettait tout juste de la Covid-19. Il a tenu à nous lancer un appel au secours poignant " aidez-nous à sauver notre forêt ". La mobilisation au Brésil est fascinante : les volontaires accourent dans la région du Pantanal ravagée par les incendies et sauvent les animaux sauvages, Delphine Fabbri-Lawson accumule des preuves pour la cour pénale internationale, et surtout les gardiens de la forêt, ces indigènes guajajara qui ont accepté de nous accueillir dans leur tribu. Ils se battent chaque jour contre les coupeurs de bois, au péril de leur vie. Ils forcent l’admiration, ils nous poussent à agir à notre niveau. Oui, on peut encore changer le cours des choses, c’est ce message que j’ai envie de partager.
Bio express
Hugo Clément est né le 7 octobre 1989 à Strasbourg.
Après des études de journalisme à l’ESJ de Lille, il remporte en 2012 la bourse Jean-d’Arcy et intègre le service des informations générales de France 2, où il travaille pour les journaux télévisés de la chaîne pendant trois ans. En 2015, il rejoint « Le Petit Journal » de Canal +, puis « Quotidien » sur TMC l’année suivante, pour couvrir l’actualité politique et internationale. Fin 2017, Hugo lance Konbini News, un média destiné aux jeunes sur les réseaux sociaux, et réalise de nombreuses enquêtes consacrées à la crise climatique. Il fait son retour sur France Télévisions en 2019 pour présenter « Sur le Front », une série documentaire sur l’environnement. Son engagement écologiste est apparu au fil des reportages réalisés depuis le début de sa carrière et s’est renforcé ces dernières années, en particulier avec la parution de son livre, en février 2019, Comment j’ai arrêté de manger les animaux. Il réunit aujourd’hui une large communauté numérique autour de lui et est actuellement le journaliste français le plus suivi sur les réseaux sociaux, près de deux millions de personnes étant abonnées à ses différents comptes.