Jeudi 11 Février 2021 à 22:20

Meufs de (la) cité

Infrarouge

Camilya est de la cité du Luth à Gennevilliers. Sarah, Imane et Kamba sont du quartier de Mont-Conseil à Corbeil-Essonnes, en banlieue parisienne. Elles sont la 3ème génération issue de l’immigration mais elles se définissent comme des « meufs de cité », comme pour revendiquer une identité propre, une origine territoriale plutôt qu’éthnique qui dit une autre réalité, celles des luttes spécifiques, communes à toutes les filles de cité, pour s’imposer autant qu’exister. 

 

 

Résumé
 
Camilya a 29 ans. Originaire de la cité du Luth à Gennevilliers, élève modèle autant que fille modèle, elle réussit un parcours sans faute. Tout ce qui meut Camilya, c’est cette complexe question identitaire, parfois philosophique : « qui suis-je ? ». Entre héritage culturel et familial, Camilya, à l’approche de ses 30 ans, doit faire des choix, quitter le cocon familial sans être mariée et quitter la cité.
Plus au sud de Paris, à Corbeil-Essonnes, trois amies, Sarah, Imane et Kamba, jeunes adolescentes, vivent la cité au quotidien. Quand on est une « meuf de cité », on apprend vite les règles : soigner son image, sa réputation, échapper aux rumeurs, exister, s’imposer, contourner les difficultés ou les affronter. Chacune à sa manière. Pour Sarah il s’agit de se créer une carapace, faire profil bas et tracer sa route. Kamba, c’est la grande sœur qui tente de soutenir les garçons de sa bande pour les empêcher de glisser. Imane a choisi le voile, pour se recentrer sur elle et s’extraire du groupe, pour mieux réussir.
Ces récits croisés, dévoilent des réalités complexes, des luttes essentielles, des prises de conscience pour s’émanciper, c’est-à-dire « prendre en main son destin ». 

 

Ce documentaire sera suivi d'un débat animé par Marie Drucker en présence de la réalisatrice Bouchera Azzouz.

Extrait de la note d'intention de Bouchera Azzouz, réalisatrice

Après « Nos Mères Nos Daronnes », « On nous appelait beurettes », un troisième volet « Meufs de (la) cité » parachèvera une exploration au féminin croisant histoire de l’immigration et évolution des quartiers populaires. Jamais une série documentaire n’avait proposé d’appréhender la question des quartiers et de l’immigration par le prisme des femmes, par celui de leur émancipation.  
L’opus 3, « Meufs de (la) cité », propose de comprendre comment cette 3ème génération, petites filles de « daronnes » et filles de « beurettes » poursuit le combat pour la liberté et l’égalité et comment elle relève maintenant le défi de la fraternité et du vivre ensemble. Leurs grand-mères ont vu naître les quartiers ; leurs mères y sont nées et y ont grandi à l’apogée de l’éducation populaire, de la mixité sociale et culturelle ; leurs filles ont hérité de cités-ghettos. 
Elles y poursuivent une œuvre à la fois d’émancipation et d’enracinement, origine et identité nationale ne s’excluant pas l’une l’autre. 
Etre une femme libre, émancipée, demeure un combat. 
Mais, il y a bien d’autres luttes à mener quand on vient de banlieue et qu’on est une femme. Se battre pour ne pas être réduite à son origine territoriale, ethnique ou sociale, quand l’imaginaire vous enferme dans une identité supposée, cloisonnée, qui ne vous correspond pas. 
Sans oublier cette nouvelle assignation religieuse née des décennies noires où l’islam radical a balayé l’islam traditionnel des grands-parents, voulant s’imposer comme le « vrai islam ». Un islam qui impose de nouveaux rapports sociaux, antagonistes de l’histoire des luttes émancipatrices des femmes, où le corps autant que la sexualité, la contraception et l’avortement ont été des conquêtes de hautes luttes...

Biographie de Bouchera Azzouz

Militante féministe, Bouchera Azzouz est réalisatrice et essayiste originaire de Bobigny. 
A travers ses écrits et ses films, elle interroge la question de l’identité, l’intégration, la citoyenneté, autant que des luttes systémiques pour l’égalité et l’émancipation des femmes. 

Présidente Fondatrice des « Ateliers du Féminisme Populaire », elle est engagée auprès des femmes des quartiers populaires, convaincue qu’elles sont un vecteur puissant de la transformation des quartiers, mais aussi porteuses d’un féminisme « populaire », un féminisme d’urgence, un féminisme à l’arrache, pragmatique et solidaire. 

Pour en faire la démonstration, elle écrit un documentaire qu’elle coréalise avec Marion Stalens, « Nos Mères Nos Daronnes » (diffusé en Avril 2015 sur France 2 dans la case Infrarouge) et revient sur l’histoire de sa mère et de ses amies de son quartier à Bobigny. La question qui sous-tend ce documentaire, est simple : A deux pas de sa cité a eu lieu le procès historique pour la dépénalisation de l’avortement, que faisaient sa mère et ses amies à ce moment-là ? Étaient-elles traversées par ces questions, ou non ? 

Ce documentaire c’est une manière pour elle, de rompre avec cet imaginaire qui a enfermé sa mère et toutes ces femmes immigrées dans une forme de soumission, de docilité culturelle ou religieuse. Il y a bien un féminisme qui ne dit pas son nom, un féminisme « populaire », le féminisme de ces « invisibles » que ce documentaire érige comme des « héroïnes du quotidien ». 
Son second documentaire « On nous appelait beurettes » diffusé le 5 Mars 2019 sur France 2 dans la case Infrarouge, et en sélection officielle au FIPADOC 2019, poursuit l’histoire au féminin des luttes menées par la génération des filles de daronnes, celles qu’on appelait « beurettes ». À tous ceux qui pensent que l’intégration est un échec, elle oppose le récit de la lutte pour l’égalité des femmes de sa génération, celle des beurettes, qui ont relevé le défi de faire bouger les mentalités dans la société comme dans les familles. Si on a retenu des années 80, la Marche des Beurs, il y a une autre marche invisible et silencieuse qui a été menée dans l’ombre, par les « beurettes », pour arracher la liberté, l’égalité, la fraternité.

 

Livres :

Mars 2015 « Les femmes au secours de la République » publié chez Max Milo, co-auteur Corinne Lepage.
Mai 2016 « Fille de Daronne et fière de l’être » publié chez Plon avec la collaboration de Caroline GLorion. 
Prochain livre (à venir septembre 2019) : « Républicaine de souche ».

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Un film écrit et réalisé par
Bouchera Azzouz

Une production
Patrick Spica Productions

Avec la participation de
France Télévisions et le soutien de la Région Île- de-France

contact presse

Christine Mkadara
Responsable de Communication Mayotte La 1ère