PLANETE INVESTIGATION : CIA, LES DOSSIERS SECRETS : L’ESPIONNE QUI AIMAIT CASTRO

Le 27 février 1959, sur le bateau de son père ancré dans le port de La Havane, Marita Lorenz, 19 ans, tombe sous le charme d’un homme en uniforme militaire au charisme indéniable. Premiers regards de braise échangés, premiers baisers… La jeune femme germano-américaine s’installe bientôt dans le pays de celui dont elle s’est éprise : Fidel Castro. Le révolutionnaire de 32 ans qui vient d’accéder au pouvoir l’accueille dans sa suite de l’hôtel Hilton à La Havane. Marita y passe ses journées, à attendre son amant qui la rejoint le soir. « Ce qui me revient en premier : l’odeur des cigares. »

Pour la CIA, déterminée à se débarrasser du leader cubain, elle devient le moyen d’atteindre celui qui est devenu une menace aux yeux du gouvernement américain. Mais Fidel Castro n’est pas une cible facile : « il a créé l’un des meilleurs organismes d’espionnage et de contre-espionnage du monde entier », rappelle Brian Latell, ancien officier de la CIA pour l’Amérique latine. Dès lors, l’agence centrale du renseignement américain met en place le protocole de recrutement : d’abord une phase d’observation de la maîtresse du « Líder Máximo », facilitée par un déplacement à New York en avril 1959. Marita est heureuse, elle attend un enfant de l’homme qu’elle aime. Mais, quelques mois plus tard, une série d’événements bouleverse le cours de sa vie. Un matin, alors que le terme de sa grossesse approche, elle est droguée puis enlevée. Elle se réveille plusieurs heures plus tard dans sa chambre d’hôtel et dans la douleur : on lui a fait subir un avortement. Castro la fait envoyer en urgence à New York où elle est soignée pour septicémie. Sans relâche, elle est désormais encadrée par la CIA qui entreprend de la recruter. « Elle avait vécu une trahison, rappelle Kevin Shipp, ancien officier de la CIA, elle était traumatisée… Ils se sont servis de tout ça. » Pendant des jours, les agents de l’agence de renseignements américaine tentent de persuader Marita que Fidel lui-même a odieusement organisé son avortement, la naissance d’un enfant pouvant l’affaiblir politiquement. Ils arrivent surtout à convaincre la jeune femme que le leader cubain représente un danger majeur pour l’avenir des États-Unis et de son peuple. Elle rentre à Cuba puis, sous le contrôle du célèbre espion et tueur Frank Sturgis, elle planifie l’empoisonnement de Castro. Mais rien ne se déroule comme prévu… Ce fut la première des 638 tentatives d’assassinat auxquelles a échappé jusqu’à aujourd’hui le leader cubain !