Temps fort S10
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Dans ce nouvel épisode « Sur le Front », Hugo Clément nous emmène à la rencontre des combattants qui dédient leur vie à la protection des dauphins. Ils sont français, américains, hollandais ou encore balinais, ils mettent toute leur énergie dans la sauvegarde de ces cétacés.
Le dauphin souvent perçu comme l’icône des océans est une espèce protégée. Pourtant, il est aujourd’hui en grand danger sur différents fronts. Il est maintenu en captivité dans des parcs aquatiques car la France compte encore des delphinariums sur son territoire alors qu’ils sont interdits dans de nombreux pays européens. Il est aussi menacé dans son milieu naturel, il se fait piéger dans les filets de pêche dans le Golfe de Gascogne. La situation est alarmante car cette pêche pourrait remettre en cause la survie de l’espèce. Malgré les mises en garde répétées de la Commission Européenne, les pouvoirs publics français ne légifèrent pas.
Ce combat se joue chez nous, sous nos yeux, beaucoup préfèrent détourner leur regard. Pourtant comment l’ignorer ? L’industrie de la pêche tourne à plein régime, au moment le plus critique, pendant les mois où les dauphins sont les plus nombreux le long de nos côtes.
Comme dans les précédents numéros « Sur le Front » met en lumière celles et ceux qui se battent sur le terrain. Leur détermination force le respect et redonne de l’espoir car leurs actions finissent par payer.
Éditorial d'Hugo Clément - Journaliste
Lorsque nous avons commencé à tourner cette enquête sur les dauphins l’été dernier, jamais nous n’aurions imaginé que nous allions assister quelques semaines plus tard à une décision historique : l’interdiction des delphinariums en France. Rien ne le laissait présager. C'est la preuve que les luttent portent leurs fruits. Des combattants dans toute la France ont œuvré, les associations impliquées dans le référendum pour les animaux ont alerté sans relâche.
Quel moment incroyable, d’assister à cette victoire tant attendue aux côtés de militants qui consacrent tellement d’énergie à cette cause, depuis des années.
La prochaine étape est de réadapter les cétacés à la vie sauvage pour qu’ils puissent vivre en pleine mer. Nous savons que c’est possible car il existe un tout nouveau sanctuaire à Bali. Trois dauphins qui ont vécu des années en captivité sont en train de se réhabituer à leur espace naturel. Ils seront totalement libres et autonomes dans quelques semaines. Cette initiative permet de reprendre espoir.
Mais il reste encore tellement à faire. Chaque semaine en France des dizaines de dauphins morts sont retrouvés sur notre côte Atlantique. L’année dernière, plus de 10 000 cadavres ont été recensés entre Penharch dans le Finistère et Biarritz au Pays Basque. Cette surmortalité est à la fois terrifiante et dramatique. Ces chiffres sont pourtant connus des autorités françaises mais le gouvernement fait la sourde oreille et les citoyens eux, sont rarement au courant de l’ampleur de ce massacre.
L’origine de cette hécatombe est clairement identifiée, sont pointés du doigt, les filets de pêche. En hiver, lorsque la saison de pêche atteint des pics, il est possible de compter jusqu’à 600 fileyeurs ayant tous des filets de plusieurs kilomètres de long. Ils forment un labyrinthe mortel pour les dauphins. Piégés, ils meurent étouffés. Pour mettre fin à ce massacre, les associations demandent de limiter la pêche à certaines saisons et sur certains secteurs en fonction des déplacements des dauphins. Elles réclament aussi l’installation de caméras de surveillance à bord des chalutiers, une solution déjà adoptée dans d’autres pays européens.
Ce nouvel épisode de Sur Le Front veut susciter une prise de conscience et inciter les politiques à agir. Le dauphin par sa sociabilité, sa noblesse dans son milieu naturel figure parmi les animaux les plus attachants, pourtant il est menacé. Il est urgent de prendre des mesures concrètes pour assurer sa survie.
Séquences exceptionnelles
Révélation : le dauphin est consommé en France
Il s’agit d’un sujet tabou mais bien réel. En Bretagne, le dauphin bien que protégé fait l’objet d’un commerce illégal, il est vendu pour être mangé.
Un pêcheur, nous révèle, de façon anonyme, ce qu’il a vu pendant des années. Des dauphins péchés accidentellement finir sous forme de steaks. Le capitaine d’un bateau de pêche reconnait par téléphone, alors qu’il ne sait pas qu’il est enregistré, qu’il consomme lui-même de la chair de dauphin.
Autre preuve, cette séquence consternante où l’on voit deux marins se réjouir à l’idée de prélever des steaks à partir des flancs du dauphin qu’ils sont en train de découper.
L’interdiction de la captivité des cétacés : une décision historique
Nous étions en train de suivre Morgane dans ses actions pour la remise en liberté de dauphins captifs, lorsque la décision tant espérée est arrivée sur son téléphone. Le 29 septembre dernier, Barbara Pompili, Ministre de la Transition écologique a annoncé officiellement que la captivité des cétacés dans les delphinariums prendra fin au plus tard en 2027. Morgane exulte devant notre caméra, son combat porte enfin ses fruits.
Le flagrant délit que Sea Shepherd attendait depuis des mois
L’été dernier, nous avons pu prendre part à une mission risquée de Sea Shepherd dans le Golfe de Gascogne.
Nous avons embarqué à bord du Clémentine, leur petit zodiac, de 7 mètres avec lequel les militants vont au contact des pêcheurs pour avoir la confirmation que des dauphins se retrouvent piégés dans leurs filets. Ces prises accidentelles, une fois relâchées viennent s’échouer nos plages du littoral Atlantique.
Lamya et les autres combattants doivent faire face à des situations d’extrême tension, ils sont confrontés à des insultes et à des menaces de représailles. Les pêcheurs se montrent virulents car ils savent que Sea Shepherd recherche une situation de flagrant délit.
A force de persévérance, ils vont pouvoir filmer la preuve qu’ils attendaient. Un fileyeur artisanal, en train de pêcher du merlu, remonte aussi dans ses filets cinq dauphins d’un coup.
Aucun d’entre eux n’est en vie, en cherchant à s’échapper, ils se sont étouffés. Cette vidéo consternante va leur permettre d’alerter les pouvoir publics sur la nécessité de prendre d’urgence des mesures.
La remise en liberté de dauphins captifs : une première mondiale
Cette initiative fait renaître l’espoir. A Bali un sanctuaire a été créé en pleine mer pour offrir une nouvelle vie à trois dauphins retenus en captivité pendant des années pour assurer des spectacles. Les cétacés réapprennent à se nourrir seuls. Très prochainement, ils vont retrouver la mer où ils sont nés.
Rocky, Rambo et Johnny ont été capturés lorsqu’ils étaient jeunes dans la mer de Bali en Indonésie pour devenir les attractions d’un hôtel. Il y a un an et demi, Femke s’est battue pour les délivrer. Depuis, elle veille sur eux dans ce tout premier sanctuaire pour dauphins.
Pour le moment, elle fait en sorte que les cétacés se réadaptent étape par étape à leur milieu naturel.
Rencontre exclusive avec le dresseur de flipper le dauphin. Repenti, il est désormais un militant très engagé
Ric a été dans les années 60, le soigneur d’une star : Flipper le dauphin.
Le jour où Flipper meurt dans ses bras, il prend conscience des ravages de la captivité qu’il avait refusé de voir pendant des années. Il raconte avec beaucoup d’émotion toute cette période de déni.
Depuis, il se mobilise en faveur du ré-ensauvagement des cétacés, abîmés par la captivité. Il est le fondateur du tout premier sanctuaire pour dauphins à Bali où sous l’œil bienveillant de Femke, ils se réadaptent à leur milieu d’origine.
Portraits et Verbatim
Ric O’Barry, 81 ans
Ric a largement contribué à véhiculer l’image d’un animal rieur et complice de l’homme avec la série : Flipper, le dauphin. A la mort de son compagnon de jeu, il se rend compte de la supercherie dans laquelle, il évolue depuis des années : « On disait que c’était à propos d’éducation, de recherche et de conservation mais tout ça c’était des conneries. Tout n’était qu’une question d’argent ». Dès 1970, il s’oppose à la captivité. Il est aujourd’hui l’un des plus anciens combattants pour la sauvegarde des dauphins. Sa plus grande fierté est d'avoir créé à Bali un sanctuaire où les anciens captifs réapprennent à vivre en liberté en pleine mer.
Femke Den Haas, 43 ans
Femke vit à Bali depuis près de 20 ans. Elle a pris à bras le corps ce projet de remise en liberté des dauphins. Elle est allée chercher les dauphins dans l’hôtel où ils étaient depuis des années, la grande attraction pour les touristes.
« J’ai eu une grosse montée d’adrénaline mais j’étais terriblement inquiète également car ils étaient si maigres ». Tous les jours depuis octobre 2019, elle apprend à ces trois dauphins, Rocky, Rambo et Johnny comment redevenir autonomes : « On est vraiment extrêmement heureux de voir tout ce processus de réhabilitation. On est vraiment très impatients car c’est vraiment une question de mois pour pouvoir les remettre dans la mer dans laquelle ils ont grandi afin qu’ils puissent y vivre ».
Morgane Perri, 36 ans
Depuis son plus jeune âge, Morgane veut travailler auprès des dauphins « Un rêve d’enfant » qu’elle a réalisé. Elle est aujourd’hui, biologiste marine au sein de l’association Al Lark. Depuis 7 ans, chaque été, elle emmène sur son zodiac des touristes voir les grands dauphins dans la baie du Mont- Saint- Michel. Ces sorties proposées au grand public ont un but précis, sensibiliser sur les conditions de vie des cétacés qui sont eux maintenus en captivité. Elle a trouvé également un autre moyen de monter au front, régulièrement, elle interpelle avec pédagogie les visiteurs à l’entrée des delphinariums. Nous la retrouvons devant le parc Astérix :
« Quand est ce qu’il y a des dauphins dans Astérix ? Jamais. Donc c’est complètement anachronique d’avoir des dauphins ici en fait ».
Son appel pour libérer les cétacés captifs a fini par être entendu d’ici 2027, les delphinariums en France devront fermer leurs portes.
Lamya Essemlali, 41 ans
Lamya est depuis 2008, la présidente de l’association Sea Shepherd France, antenne française de l’ONG Sea Shepherd Conservation Society. Engagée sur différents fronts, elle parcourt le monde pour sauvegarder les dauphins. Depuis plusieurs années, elle alerte sur les menaces qui pèsent sur les cétacés présents sur les côtes françaises. La survie de l’espèce dans le Golfe de Gascogne est sa priorité : « On est en train de détruire les dauphins. La population dans le Golfe de Gascogne est condamnée à terme. Elle est en voie de disparition … ».
Greg Lecoeur, 42 ans
Originaire de Nice et amoureux de la mer Méditerranée depuis son enfance, Greg Lecoeur développe très jeune un grand intérêt pour la biologie marine et l’exploration sous l’eau. Il dédie tout son temps à ses deux passions, la photographie et le monde marin. Viscéralement engagé dans la préservation des océans, ses clichés sont de véritables claques qui poussent à la prise de conscience. Ses reportages contribuent à une meilleure connaissance de la biodiversité sous-marine et à la valorisation du patrimoine naturel de notre planète : « Là on est passé dans une seconde étape. Avant on était plus dans la sensibilisation, maintenant il faut vraiment passer à l’action ».
Il a notamment remporté le prix de la photographie sous-marine en 2020 pour un cliché de 4 phoques crabiers sous la banquise en Antarctique.
Présenté par
Hugo Clément
Une production
Winter Productions
avec la participation de France Télévisions
Production
Régis Lamanna-Rodat
Hugo Clément
Rédaction en chef
Pierre Grange
Réalisation
Guillaume Dumant
Direction des magazines de France Télévisions
Patrick Charles
Thibault Romain
Patricia Corphie
Sophie Martin
Durée
52 minutes
Année
2020
> à 22.30 : Sur le front du Pôle Nord
C’est l’occasion de dévoiler des images exceptionnelles de la nature mais surtout de montrer que l’engagement et la mobilisation des citoyens font fléchir les gouvernements, les pollueurs ou les braconniers. Il s’agit de dénoncer des scandales environnementaux, d’alerter sur des situations de grand danger, de révéler des projets destructeurs méconnus du grand public. Il s’agit également de garder espoir en mettant en avant les actions qui portent leurs fruits et les avancées scientifiques prometteuses.
Dans ce numéro de « Sur le Front », Hugo Clément suit en exclusivité l'expédition de sauvetage de Mike Horn et de Borge Ousland au Pôle Nord.
En décembre 2019, les deux explorateurs ont failli y laisser leur vie, le manteau de glace de la banquise s'étant avéré anormalement mince et ayant rendu leur périple très périlleux.
Cet épisode révèle également des images exclusives de time lapse, ces clichés permettent de visualiser le phénomène de « surge » où des glaciers en mauvaise santé se mettent subitement à avancer très vite et s'effondrent dans l'océan. Heidi Sevestre, glaciologue, nous explique sur place ce phénomène et le lien avec les épisodes de canicule, d'inondations et de tempêtes qui surviennent désormais de plus en plus souvent en France.
Néanmoins, des raisons d'espérer subsistent. Elles proviennent d'une équipe de chercheurs suisses qui viennent avec succès de tester un prototype en mesure de sauver les glaciers.