Fiction suivie d'un débat

Soirée continue
Comment faire sans pesticides ?

Raconter des récits autour de la paysannerie, c’est faire entrer par le biais de la fiction le téléspectateur dans l’intimité, l’imaginaire et le quotidien du paysan. Un imaginaire tissé de mythes, d’émotions et d’histoires. De notre Histoire.


INTRAITABLE (fiction inédite)

Librement inspiré d’un procès très médiatisé en 2014, INTRAITABLE est un thriller juridique qui décrit le combat acharné d’un viticulteur indépendant, contre l’administration, pour faire valoir son droit à la pratique d’une agriculture différente.

Résumé :
L’itinéraire d’un homme libre, Gabriel RIVALAN, qui, au risque de perdre son exploitation et de faire imploser son couple, choisit d’aller jusqu’au bout de ses convictions.
Gabriel refuse de se plier aux injonctions d’un arrêté préfectoral qui lui impose de traiter préventivement sa vigne aux pesticides. Adepte de la biodynamie, il s’oppose à l’usage de produits chimiques, qui, selon lui, fragilisent la terre, détruisent les écosystèmes et mettent en péril la santé des hommes.
Ce refus de principe entraîne peu à peu cet homme simple et discret dans une spirale judiciaire infernale qui va bousculer sa vie professionnelle et sentimentale, le transformant malgré lui en lanceur d’alerte.
Gabriel est d’abord lâché par son syndicat avant d’être piégé ensuite au tribunal, l’accusation le faisant passer pour un doux rêveur et un dangereux inconscient. Condamné en première instance, il subit parallèlement les pressions verbales, parfois physiques, de certains de ses confrères et amis, au premier rang desquels, PIERRE DUBOIS qui, par peur des représailles administratives, veut lui faire abandonner son combat. Pour ça, ils n’hésitent pas à s’attaquer à LOUBNA, la compagne de Gabriel, dont la situation administrative fragile au regard des lois sur l’immigration, est un levier facile…
Dans ce contexte tendu où sa vie est proche du chaos, Gabriel décide de résister et reçoit pour préparer son procès en appel, l’aide d’ASTRID de ROCOURT, une ancienne lobbyiste repentie qui le forme à la lutte virale et déclenche une pétition sur le net pour populariser sa cause. Le nombre de signataires monte rapidement et l ‘optimisme renaît, avant que les mauvaises nouvelles ne pleuvent à l’approche de l’audience. Des témoins effrayés qui se rétractent, Loubna menacée de reconduite à la frontière et surtout JEANNE, la soeur cadette de Gabriel, viticultrice également, atteinte d’un cancer des ovaires qui décide de ne pas témoigner au procès de son frère, bien qu’elle le soutienne.
Gabriel devra finalement sa victoire à la montée massive de la mobilisation populaire en sa faveur (environ un million de followers), à la ligne de défense habile de MAÎTRE BOISSEAU et à quelques évènements inattendus.

Avec Fred TESTOT (Gabriel) , Zineb TRIKI (Loubna), Elodie FRENCK (Astrid), Laurent BATEAU (Maitre Boisseau) , Patrick TIMSIT (Pierre), Vanessa DAVID (Karine)...
 

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COMMENT FAIRE SANS PESTICIDES ?
Un débat présenté par Julian Bugier

Aujourd’hui, la prise de conscience écologique est majoritaire en France, cette préoccupation est la première des Français. Pour protéger la santé et la biodiversité, on parle de plus en plus de réaliser la transition vers une agriculture zéro produits chimiques….
Alors comment peut-on faire évoluer l’agriculture ? Quelles sont les alternatives aux pesticides  dont les agriculteurs sont les premières victimes ? Comment les agriculteurs, conscients de la nécessité de renoncer à cette agrochimie néfaste à l’environnement et à leur propre sante, peuvent-ils s’en passer ? Quelles solutions ont adopté ces agriculteurs qui ont déjà renoncé à ces pesticides ? Sont-ils accompagnés par les pouvoirs publics ?

Les  invités : 

  • Etienne GIBOULOT, le viticulteur qui a inspiré le film
  • Amandine DUPUY, céréalière en Beauce, convertie au bio
  • Etienne FOURMONT, agriculteur conventionnel  de la Sarthe, éleveur de vaches laitières et de cultures de fourrage et céréales, a lancé sa chaîne "youtubeurre" sur les réseaux sociaux pour faire connaître la réalité de la profession d'agriculteur
  • Daniel CUEFF, ancien maire de Langouët, à l'initiative d'un arrêté anti pesticides

INTRAITABLE


Réalisé par
Marion LAINE

Scénario 
Didier VINSON

Adaptation et dialogues 
Marion LAINE
Didier VINSON

Une production
A  PRIME GROUP

Produit par 
Pierre SPORTOLARO

90'


LE DEBAT

Présenté par Julian Bugier

Production : 
France Télévisions Studio

Réalisateur : Philippe Lallemant

INFRAROUGE
"Nourrir les hommes"

Un film écrit par
Olivia Mokiejewski

Réalisé par
Olivia Mokiejewski
et Philippe Lagnier

Produit par
Patrice Lorton

Production
CAPA

Avec la participation de
France Télévisions

Entretien avec Emmanuel Giboulot, le viticulteur qui a inspiré le personnage de Gabriel dans « Intraitable » 

Qui est à l’origine de cette fiction, et pourquoi avez-vous accepté sa réalisation ? 
Emmanuel Giboulot : Didier Vinson, le scénariste, m’avait soutenu via les réseaux sociaux et les pétitions lors du procès et avait suivi ce qui s’était passé. Il m’a contacté pour m’expliquer ce qu’il souhaitait faire. Quand j’ai lu le scénario, j’ai accepté sur le principe que le film ne soit pas partisan mais équilibré. Ma position a toujours été de reconnaître les différentes postures en fonction des risques, des peurs, de la culture… Didier, qui a écrit dans cet esprit, l’a très bien compris. J’ai aussi accepté ce projet afin de resensibiliser le public à des problématiques environnementales toujours très présentes. On se rend bien compte qu’à chaque fois qu’il y a une avancée sur des règles et des pratiques, il y a une espèce de retour de balancier avec des lobbies qui ne veulent pas que le système change.

Quelles libertés les scénaristes Marion Laine et Didier Vinson ont-ils prises avec la réalité ? 
E. G. : Les faits essentiels se sont à peu près déroulés comme ça, sauf que je n’ai jamais été emmené par la police comme dans la première scène de la fiction où on vient me chercher ! J’ai été convoqué au commissariat pour me justifier avant qu’il ne me soit signifié de me rendre au tribunal. Dans un premier temps, ça devait être une comparution devant le substitut du procureur de la République qui m’aurait rappelé la loi et m’aurait mis une amende. Je voulais que le sujet soit débattu, pour ne pas être uniquement sous le diktat d’une injonction à traiter. La vigne est quand même notre outil de travail, notre patrimoine, donc on ne fait pas les choses n’importe comment. Peu de temps avant l’échéance, voyant que je n’avais que quelques soutiens individuels et pas de structure agricole collective – certains groupes avaient appelé au traitement –, j’ai décidé de me tourner vers le monde des associations environnementales. C’est à partir de ce moment-là que l’affaire a commencé à être médiatisée. À partir de là, la comparution est devenue un procès.

Le personnage d’Astrid de Rocourt est-il bien réel ? 
E. G. : En l’occurrence, la personne qui a initié la pétition qui a eu tant de succès est un homme ! Il est bien le représentant d’une association de santé, mais il n’avait pas l’habitude de prendre position sur des sujets environnementaux. Le personnage d’Astrid est très romancé ! Mais l’idée était bien de faire partager cette problématique. La vidéo où je lis un texte qu’on a élaboré ensemble a entraîné 750 000 signatures, au total environ 1 million avec celles qui ont suivi. Je n’avais pas imaginé que cela prenne de telles proportions : un millier de personnes devant le tribunal de première instance !

Qui vous a soutenu ? 
E. G. : 
Des consommateurs un peu partout dans le monde, jusqu’en Australie, au Japon, en Chine, au Canada… Il y a eu deux éditos dans le New York Times ! Avant cette mobilisation, je me sentais assez seul. J’avais des soutiens individuels de collègues de la région et d’autres régions, mais en même temps j’étais rempli de doutes. Car je ne voulais pas que ceux qui avaient choisi de traiter soient montrés du doigt. Je respecte la position de tout le monde, les choix qui sont faits d’aller vers un mode de production ou un autre sont personnels. Moi, je considère que tout le monde a le droit de faire son chemin, plus ou moins tôt, vers la conscience des dangers de l’utilisation des produits chimiques. Je regarde juste la portée de nos actes sur l’environnement et sur la santé. Pour moi, c’est ça l’important, dans notre monde agricole. Il y a eu un moment de basculement : cette incohérence dans le système qui nous imposait de traiter alors qu’il n’y avait pas urgence, ni de présence avérée de la maladie dans notre région. Le besoin d’avoir plus de clarté sur les pratiques agricoles : dire ce qu’on fait et faire ce qu’on dit ! Dans le milieu agricole, souvent on ne dit pas ce qui se passe réellement. Les consommateurs réclament aussi plus de transparence et de conscience dans les pratiques.

Vous êtes-vous reconnu dans l’interprétation de Fred Testot ? 
E. G. : Nous nous sommes rencontrés juste la veille du tournage. Il a fait son travail de comédien sans vouloir forcément s’imprégner de qui j’étais, et je trouve ça plutôt sain. Je l’ai trouvé très juste et équilibré, car il est à la fois dans l’affirmation et dans le doute. Peut-être un peu plus excessif que moi à certains moments ! Zineb est très bien aussi, même si elle ne correspond pas à ce qu’est ma compagne dans la vie. Avant de partir au procès, mon avocat, bienveillant, m’avait plutôt découragé et alerté sur la pression et les difficultés que j’allais rencontrer. J’en avais discuté avec elle pour savoir si elle était d’accord, avant de me lancer dans cette aventure, qui a été lourde à porter pour ma famille à certains moments. Quant à mon entourage, si certains comportements de gens que je connaissais bien m’ont blessé, la plupart sont plutôt venus me voir en me félicitant et en m’encourageant, même s’ils n’étaient pas forcément d’accord avec moi.

Qu’est-ce que cette affaire a fait évoluer ? 
E. G. : En région Bourgogne, les règles sont beaucoup plus cohérentes et l’écoute est bien meilleure. Personne aujourd’hui n’a envie de se confronter à une médiatisation comme on l’a vécue. On constate que dans les pratiques agricoles et viticoles de notre région, il y a une évolution des conversions vers l’agriculture biologique. Les chiffres le montrent : en l’espace d’un an, en Côte-d’Or, nous sommes passés de 21 à 24 % de la surface certifiée en bio. Il y a plein de choses positives, mais il reste encore du chemin à faire !

 

Propos recueillis par Anne-Laure Fournier.

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